Obnubilation

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Maëve s’est retirée dans son bureau laissant Tintallë seule, bien que d’apparence, elle semble bien insouciante, elle se retrouve à feuilleter un vieux grimoire. La dernière des fées semble chercher quelque chose :

–Où est-ce que j’ai pu voir ça ? Je suis sûre et certaine que c’était là.

Elle passe et repasse de fond en comble les pages, les unes après les autres, elle finit par s’arrêter sur une page déchirée, qui semble retenir son attention, elle se fige :

–Oh ! J’espère que ce n’est pas celui-là.

Elle regarde par la fenêtre la lune décroissante qui inonde de sa lumière le bureau, elle souffle et se demande, inquiète :

–Qu’es-tu en train de faire Celeborn ?

Elle ferme son grimoire et le repose non sans difficulté dans une armoire, alors qu’elle commence à repartir aidée Tintallë au bar, un vrombissement la retient, une mouche, tenant une feuille, rentre dans la pièce. Maëve regarde avec incompréhension son invité surprise, qui dépose la feuille sur le bureau ou était le grimoire quelques instants plus tôt. La mouche repart en passant par la fenêtre dans un ballet gracieux, Maëve n’avait pas besoin de regarder le nom de l’expéditeur, elle se doutait de qui pouvait bien la moucher à cette heure-ci :

–Celeborn !

Elle lit le contenu du message, au fur et à mesure de la lecture un sourire narquois se dessine sur son visage :

–Tintallë ! Je te laisse t’occuper de la fermeture du bar ! Je dois y aller !

Sans même attendre une réponse, elle vole en direction du chêne millénaire, à son arrivée personne ne semble l’attendre. Elle se déplace alors jusqu'à la salle du conseil, ou Celeborn se tient au centre de la pièce dos à elle et tenant un sceptre en bois noué, il regarde fixement la lune par la cime du chêne et sans même se retourner, il comprend que son invitée vient d'arriver :

–Pourquoi as-tu acceptée de venir ? Maëve ?

Il se tourne vers elle et la regarde droit dans les yeux dans un air de défis, Maëve lui répond avec sa désinvolture légendaire :

–J’adore me faire désirer, que veux-tu.

Un ange passe, Celeborn finit par grogner :

–Rien ne semble être sérieux pour toi, cela t’amuse-t-il tellement de ne rien faire ?

Sa réplique fait mouche et atteint plus qu'elle ne le devrait l'égo de la fée :

–Ne me fait pas chier, fils !

Il tourne alors la tête de gauche à droite et change de sujet :

–Je ne t’ai pas fait appeler pour me battre, je sais de source sûre que Tauron et ses amies sont venues te voir, il a dû te parler de sa petite protéger.

–Qui sait ? T’aimerais bien le savoir mon grand.

–T’ont-ils dit si la porteuse pouvait être opérationnelle ?

–Arrête, cela ne t’a pas gêné d’attendre cinquante ans pour les autres, pourquoi celle-ci t’intéresse-t-elle autant ?

Il se dirige vers le coin de la salle près du tronc qui sert de mur et demande énigmatique :

–Tu ne l’as donc pas sentie ?

–Quoi donc ?

Celeborn tape sa cane contre le sol et un escalier dissimulé, apparait et montre un chemin menant sous terre, il descend sans dire un mot et Maëve le suit en demandant :

–Comment as-tu trouvé les archives ?

–Disons que mon petit doigt me la dit.

–On les avait scellés et interdite pour une bonne raison, Celeborn.

Ils finissent par arriver dans une grotte sombre, aucune lumière ne peut atteindre cet endroit, Celeborn agite donc sa canne en faisant un rond et une sphère de lumière apparait éclairant l’endroit, il continue son chemin et ses paroles énigmatiques :

–Tu pourrais être surprise.

En s’enfonçant dans la grotte obscure, ils finissent par arriver devant une porte, Celeborn tourne la poignée et ouvre, la pièce est illuminée d’une couleur verdâtre :

–Admire ce que les archive m’ont permis de faire.

Il se pousse et laisse apercevoir des machines tambourinantes et pompant un étrange liquide vert, menant jusqu'à des cuves saturer à ras bord de ce liquide, à l’intérieur de chacune un elfe semble dormir dedans. Maëve à une sensation de déjà-vu et horrifié n’arrive pas à trouver les mots :

–Celeborn ! C’est ! C’est les !?

–Exactement.

–Pourquoi ?!

–Tu connais déjà la réponse, pendant que tu perdais ton temps en frivolité, j’ai étudié les archives et fait d’étonnante découverte.

Il appuie sur un bouton et un vieux moniteur s’allume, affichant du texte qui indique en gros “Résurrection” avec une barre de chargement à moitié remplie, Maëve dont le visage commence à se décomposer, marmonne :

–Je le savais qu’on aurait dû détruire cette chose.

–Mais ce n’est pas tout, j’ai appris ce que tu as fait, il y a de cela 2 000 ans, traîtresse ! Tu as tué les dernières fées, mais tu en as oublié une.

Une fée de la même taille que Maëve sort de la canne de Celeborn, elles se ressemblent comme deux gouttes d’eau :

–Comme on se retrouve ! Ma très chère sœur !

–Morgane !?

Alors que la peur commence à prendre le contrôle des pensées de Maëve, elle commence à bafouiller :

–Attend ! Je peux tout t’expliquer si tu me laisses le temps !

Celeborn et Morgane s’échangent un regard, Maëve continue :

–Je n’avais pas le choix ! Vous ne savez pas ce que la résurrection des morts peut…

Morgane la coupe en lui donnant un coup de poing dans l'abdomen :

–Qu’est-ce qui te fait croire qu’on va t’écouter, traîtresse !

Maëve est sonnée par ce coup et commence à tombée, elle est rattrapée de justesse par Celeborn qui l’agrippe comme une vulgaire poupée, Morgane dit à sa sœur avant qu’elle ne tombe inconsciente :

–Heureusement pour toi, nous avons besoin de toi vivante.

Maëve ne réplique pas et abandonne, Celeborn se dirige vers le moniteur et ouvre une cuve miniature, il dépose la fée à l’intérieur et verrouille cette prison de verre, Morgane prise d'une bouffée de rire éclate :

–AHAHAHAHAHAHAHAH ! Maintenant, nous allons pouvoir passer à la seconde phase du plan.

Elle appuie sur un bouton et les machines qui ronronnaient de manière régulière, se mettent à s’accélérer et à produire un son assourdissant. La prison de Maëve s’illumine d’une lueur vert doré enveloppant l'entièreté de l'habitacle et la barre de chargement fixe jusque-là augmente petit à petit, Celeborn se remet à tousser, sort une autre fiole remplis du même liquide transparent et bois le tout d’une traite, il finit par demander :

–Cela prendra combien de temps ?

–Trois jours si mes calculs sont bons.

–En espérant qu’ils seront près d'ici à la prochaine attaque. En attendant, tu vas devoir te faire passer pour cette traîtresse.

–Ne t’en fait pas, je sais parfaitement quoi faire.

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