Soupçon
Au petit matin les oiseaux commence doucement à gazouiller, Tauron s’est levé pour admirer le lever du soleil, assis sur une chaise à bascule devant sa maison, tenant son café noir à la main et un cigare champignon dans l’autre. Il semble bien plus serin qu'hier soir, aspirant la fumée et la recrachant de manière régulière, et buvant son café entre chaque bouffée, il ferait presque penser à un vieux père de famille. Le soleil ayant fini de se lever et jaunis, Tauron se met debout et se prépare à rentrer quand une voix familière lui dit :
–Arbre, Tauron.
Il se retourne pour apercevoir son interlocutrice, il est étonné de voir Tintallë, au vu de son visage, elle n’a pas dormi de la nuit, Tauron perturber lui répond :
–Arbre Tintallë, quel bon vent t’amène ?
–C’est au sujet de Maëve.
–Ne me dit pas qu’elle t’envoie pour me recruter.
–Elle a disparu.
Son vissage devient soudainement plus sérieux :
–Que s'est-il passé ?
–Je n’en sais rien, elle m’a dit qu’elle s’absentait et j’ai juste retrouvé ça sur son bureau.
Elle lui tend une feuille qui semble miniature comparer à sa main, il la prend entre doigt et plisse les yeux pour lire le message.
“Maëve.
Je te prie de bien vouloir accepter une énième invitation de ma part pour te faire rentrer au conseil des sages, de plus, j’ai appris quelque chose de nouveau récemment et cela m’inquiète au plus au point.
Même si tu n’acceptes pas mon invitation, je te pris de bien vouloir venir me rencontrer afin que nous puissions discuter de cela.
Je t’attendrai dans la salle du conseil.
Celeborn.”
Ils se regardent dans les yeux, Tintallë lui demande :
–Tu sais aussi bien que moi qu’elle n’aurait jamais accepté d’entrer au conseil et sinon elle m’aurait prévenue, de plus leur rencontre aurait dû finir depuis bien longtemps.
–Je demanderai à Celeborn plus d’explication, je te recontacte le plus vite possible.
Tintallë est soulagé par la réponse de Tauron et lui exprime ses remerciements :
–Tauron, je sais que tu feras ce que tu peux, Maëve est ma seule famille maintenant et je ne sais pas…
Tauron pose délicatement sa main sur son épaule pour la rassurer et la coupe :
–Ne t’en fais pas, je le sais que trop bien.
–Oui, j’avais oublié.
Elle sèche une larme qui pointait le bout de son nez et acquiesce :
–Merci Tauron.
Elle repart en direction du bar et Tauron la regarde jusqu’à ce qu’elle disparaisse de son champ de vision. Il rentre dans son chêne et commence à préparer le petit déjeuner, une fois cela terminé, il pose le repas sur la table et se pose sur sa chaise, après un petit moment de silence bienvenu pour lui, il se met à crier :
–Le petit déjeuner est prêt !
En un instant, le chêne si calme devient aussi bruyant que durant une fête, Nerwen arrive en trombe, habillée dans son uniforme militaire et braille :
–Re ! le vieux, comment ça va !
Elle n’attend pas de réponse et dévore son repas avec appétit et peu de délicatesse, Tauron souffle et mange plus lentement que sa colocataire, après quelque bouché, il demande :
–Qu’est-ce que vous allez faire aujourd’hui ?
Nerwen finit son assiette et avale le tout avant de répondre :
–Archerie, comme d’hab, dis-moi, ont-ils encore prévu de me tester ?
–Pas à ma connaissance. Ne t’en fais pas, tu te débrouilles bien, continue comme ça.
Nerwen prend une moue grave et finit par avouer :
–Tu sais l’arc m'a parlé hier et il a dit que j’étais immature, honnêtement, je ne vois pas ce qu'il faut que je change chez moi pour qu’il me respecte lui aussi.
Tauron éclate de rire, Nerwen à ses oreilles baissé et grogne :
–Ce n’est pas drôle.
–Tu es déjà parfaite telle que tu es, pourquoi changer ? Tu pourrais faire des efforts sur ton langage, mais tu n’as rien à te reprocher, fais simplement de ton mieux.
–Tu penses que cela suffira ?
Elle baisse les yeux et Tauron se lève et caresse la tête de sa protéger :
–N’oublie jamais que les personnes qui t’aiment croient en toi, Varda, Circë et moi, on sera là pour t’aider. En revanche, il faut que tu apprennes à demander de l’aide, quand tu en as besoin.
Elle lui enlève sa main de sa tête et se lève pour retourner dans son lit afin de récupérer l’arc. Nerwen lève un drap et est rassurée de voir l’arme posée sur son matelas, elle le récupère avec délicatesse, l’admire et lui murmure :
–Que pourrais-je faire, pour toi, pour que nous puissions ne faire qu’un ?
L’arc mit un temps qui sembla durer des heures, avant de répondre :
–Le jour où tu auras sauvé ces terres du mal qui rend la nature impie.
Nerwen est surprise de son élocution soudaine, malheureusement, elle n’a pas compris un traitre mot de son énigme :
–La terre des elfes serait malade ?
–Réussi à unir deux sœurs ennemies, sans aucune rixe, il le faut, et ceux avant que je ne m’éteigne indéfiniment.
Intriguée, l’elfe demande :
–Tu peux mourir ?
–Mon existence est comptée, ceux-ci à cause d’un usurpateur dont l’orgueil est obnubilé par la puissance.
Nerwen est perdu dans ses pensées, ne sachant que faire pour empêcher que cela ne se réalise. Doit-elle parler de tout cela à Tauron ? Non, elle veut prouver sa valeur, mais les énigmes de l’arc semble insoluble, même si chaque phrase énoncée par l’arme serait liée les unes aux autres, aucune ne semble à portée d’atteinte. De plus, il ne faudrait pas que cette nouvelle s’ébruite, si l’un de ses personnages dont l’arc à fait allusion fais partie de son cercle de connaissance, il pourrait alors s’enfuir. Ninqulotë n’est pas orgueilleuse pour un sou et est fille unique, mais peut-elle lui faire confiance ? Les affres de la vie changent les personnes, peut-être que l’arc parlait de personne qui n’existe pas encore telle qu’elle les a décrits. Il lui faut plus d’indication :
–Il nous reste combien de temps ?
–La nouvelle lune amènera avec elle son lot d’affliction et de félicité.
–La nouvelle lune ?
Elle regarde par la fenêtre le ciel ou on arrive encore à distinguer la lune gibbeuse décroissante :
–Ils nous restent qu’une semaine.
Connaissant maintenant le temps imparti, il faut qu’elle se décide de la marche à suivre, chacun sait à quel point Chronos est vorace et qu’il n’y a aucune chance de réussir à lui échapper. Nerwen réfléchir sur la marche à suivre, l'arc lui pose un défi de taille, Maëve, la dernière des fées pourrait lui apporter des réponses. Cependant, Nerwen ne peut entrer dans son antre sans qu'elle ne le sache de plus au vu de son jeune âge, elle est interdite d'entrer dans le bar. Elle demande alors :
–Quels sont les signes qui pourraient me mettre sur le droit chemin ?
L’arc ne lui répond pas, peut-être a-t-elle mal posé la question ? Nerwen prend alors le problème à l’envers :
–Comment empêcher que tout ça ne se réalise ?
–Protège la terre de l’appétit vorace des envahisseurs.
–Cela sera-t-il suffisant ?
–Peut-être.
Les envahisseurs, Nerwen n’en voit que deux, les Humains ou les Djinns, les Océanides n’ont jamais vraiment été de réels adversaires. Le plus probable serait surement les Djinns, ce sont eux qui font le plus de mal à la forêt. Nerwen ne voit sa détermination que renforcer :
–Écoute-moi, si ton existence est menacée, il est de mon devoir de te protéger, c’est pour cela que je veux te demander, de bien vouloir me partager ta force.
–Es-tu prête à en payer le prix ?
Nerwen réfléchit à peine et répond :
–Oui.
Tout juste eut-elle prononcée ce mot qu’une couleur verte venant de l’arc éblouit la pièce, les yeux et cheveux de Nerwen s’illuminent, eux aussi, soudain une puissante énergie balaie la pièce et Nerwen hurle de douleur. Tauron entend cela et accourt jusqu'à sa nièce :
–Qu'y a-t-il !? Nerwen ! Qu’est-ce qui se passe !?
Elle ne peut lui répondre, elle hurle de plus belle et une vague d’énergie frappe Tauron qui tombe à terre, la lumière verte fait pousser un raz de marée d’herbe, de mousse et de fleur autour d’elle. La lumière finit par faiblir et l’arc prévient :
–Réussi à arrêter le fléau qui nous menacent et nous ne ferons qu’un.
La lumière s’éteint, Nerwen est à bout de souffle, elle se laisse tomber sur son lit pour récupérer. Tauron se relève difficilement et se rapproche d’elle, il se penche au-dessus de son visage et lui sourit :
–On dirait que l’arc te fait confiance.
Elle le regarde du coin de l’œil et réussit à soufflée :
–....Ouais.
Il se redresse et lui annonce :
–Je vais prévenir Varda, récupère pour l’instant, d’ailleurs, je serai absent toute la journée, Celeborn à des nouvelles à nous faire parvenir.
–....D’ac…cord.
Tauron part le sourire aux lèvres, seule la floraison de la chambre est la seule trace de ce qui s'est passé ici. Une fois Tauron parti, Nerwen se relève difficilement et essaye de se lever, mais s’écroule à genoux, ses jambes ne semblent plus répondre à ses injonctions. Elle s’agrippe à son lit et se relève en faisant des efforts surhumains :
–Je ne peux pas me reposer… han ! Pas main…tenant.
Elle se tient aux murs et se déplace pas à pas. Nerwen se dirige vers la cuisine pour prendre un sac que Tauron avait préparé auparavant pour son déjeuner, elle le met à son cou et sort de la maison :
–Il nous reste qu’une semaine.
Nerwen se met à regarder la lune qui disparait laissant place au soleil, elle baisse la tête vers sa main et comme si elle découvrait la sensation du toucher, pli et dépli ses doigts. Elle finit par plier ses doigts, fermer sa main et sourit :
–Et nous avons toute la journée devant nous.
Annotations
Versions