Prisonnier
Le soleil commence à décliner, illuminant d’une teinte rose orangé le ciel, un vent frais souffle légèrement dans la ville, chacun sent l’hiver arriver, les feuille commence à se détacher des arbres et perdent de leur couleur. Varda qui vient de finir de nettoyer l’école sirote son café en regardant ce spectacle de la nature. Elle attend Circë et les autres professeurs pour leurs réunions trimestriels, à l’ordre du jour, ce sera la programmation des prochains cours, le transfert des élèves s’étant trompé de voie et les exercices de fin d’année. Circë est la première à arriver, tenant un tas de feuille dans sa main et dans l’autre une pipe qu’elle fume de manière intensive, Varda lui demande :
–Les élèves t’en ont fait voire de toutes les couleurs aujourd’hui ?
Elle fume avant de lui répondre :
–Ils sont éreintants en ce moment. Et toi ?
–Mise à part que Tauron m’a annoncé une bonne nouvelle ce matin.
Cette réponse pique sa curiosité, abandonnant sa prochaine bouffée de nicotine, elle lui demande :
–Il t’a dit quoi ? Ça un rapport avec Nerwen ?
–Elle s’est synchronisée avec l’arc
Abasourdie tout d’abord par l’information, elle finit par sourire et souffler :
–Eh bien Tauron devait être heureux.
–Bien évidemment, il faut garder ça pour nous. Même si j’imagine qu’il a déjà dû en informer le conseil.
Le professeur d’escrime, celui des lanciers et le professeur de parcours ne tardèrent pas à arriver et comme Circë, ils ont un paquet de feuille sous le coude. Cette réunion s’annonce longue, se dit Varda, elle ouvre la porte et annonce :
–Bon finissons ça rapidement je vous prie, j’ai fait couler du café pour ceux qui veulent.
Ils s’installent sur une table ronde en mettant chacun leur paquet de feuille devant eux, Circë continuant de fumer sa pipe demande :
–Par quoi commençons-nous ?
–Vu que nous sommes à la fin d’année, regardons d’abord les élèves qui veulent changer de cursus.
Tous ont une petite dizaine de noms d’élève à transférer à tel ou tel cours, est-ce que cela est-il vraiment nécessaire, l’élève a-t-il une prédisposition quelconque, y a-t-il suffisamment de place dans la classe ou l’élève va être transféré, une fois ces questions répondues, ils prirent une pause-café bien mériter. Une mouche attire l’attention des cinq professeurs, celle-ci se dirige vers Varda, elle tient une feuille écrite qu’elle dépose dans la main tendue par l’elfe, Varda lit rapidement le contenu et rassure ses collègues :
–Mouchage personnel… il est temps de reprendre.
La programmation du planning du dernier trimestre ne posa pas de problème comme les exercices de fin d’année et pris beaucoup moins de temps que les transferts d’élèves. Chacun reprend ses feuilles et ils sortent de l’école d’archerie en se disant au revoir, seule Circë reste avec Varda qui lui dit :
–C’est Tintallë, elle nous demande de venir dès que nous pouvons, c’est important apparemment.
Circë fume une dernière fois sa pipe avant de la ranger :
–Allons voir ce qu’elle nous veut.
Nos deux amies se dirigent alors vers le bar de la fée gourmande, il ne leur faut pas bien longtemps avant d’atteindre leurs destinations, le bruit des clients ivres s’entend au travers des murs. Elles passent la porte et voient Tintallë se presser à servir les clients, la cloche tinte leur arrivée et sans même les regarder Tintallë leur dit :
–Installez-vous là où il y a des places de libre et j’arrive prendre vos commandes.
Il semblerait qu’elles arrivent au moment du coup-de-feu, Tintallë part derrière le bar et prend des bouteilles, tire les bières et remplie des bols de noix et de fruit. Les deux elfes s’accoudent au bar en attendant que Tintallë les remarques. Elle est concentrée sur la fabrication de cocktail et remplie des chopes de bois qu’elle pose sur des plateaux les uns sur les autres, tout cela tient comme par magie sur les plateaux qu’elle place sous ses deux mains et sert les différents clients avec une agilité hors norme. Elle revient derrière le bar pour préparer d’autre boisson, elle finit par poser les yeux sur les deux amies et choquée leur dit :
–Oh ! Je suis désolée, je n’avais pas remarquée que vous étiez arrivées.
Varda lui demande :
–Me dit pas que tu nous as appelées pour qu’on t’aide ?
Tintallë continue à traiter ses commandes :
–Non, c'est à cause de Tauron.
Elle pointe du doigt le fond du bar ou Tauron est assis à une table en train de boire une bière, Tintallë ajoute :
–Il est ici depuis cette après-midi et n’a pas arrêté de boire, j’ai pas réussi à lui arraché la moindre information sur pourquoi il se met dans un tel état.
Elle repart servir les clients qui attendent leurs boissons, Circë et Varda rejoignent le sage, Tauron est saoul, pas besoin d’être devin pour le voir. Il accueille nos deux compères :
–Saluuuuttt ! Les filles, vous vous… vous joignez à moi.
Circë soupir :
–C’est pas vrai, t'a bu combien de bière pour te mettre dans cet état ?
Tauron l’œil vide ne lui répond pas, Varda s’assoit à côté de lui et demande :
–Tauron, qu’est-ce qui s'est passé ? Tout allait bien ce matin, non ?
–Ouais bien, bien, si on peut dire… Maëve à accepter d’entrer dans le conseil et Nerwen aussi.
Les deux elfes se regardent incrédule, Circë s’assoit, elle aussi, à côté de son ami :
–Raconte-nous tout ce qui s'est passé.
Tauron repris une gorgée de bière de fleur et commença un long monologue sur sa rencontre avec Maëve, la vision de Celeborn et en arrivant au passage de la confrontation avec Nerwen, il se mit à pleurer. Circë le console en lui massant le dos, Varda réfléchit et ferme les yeux, elle finit sa réflexion en disant :
–Il y a quelque chose qui cloche.
Tauron ne fait pas attention à cette remarque, contrairement à Circë qui lui demande :
–Qu’est-ce qui cloche ?
–Déjà, je pense que Maëve aurait juste fait acte de présence au lieu d’entrer dans le conseil, même si Celeborn quoiqu'il lui ait dit qui aurait piqué sa curiosité, elle n’aurait pas quitté Tintallë juste comme ça. Tauron, tu n’as rien remarqué d’étrange sur tout ce qu'a dit Maëve ?
Tauron regarde dans le vide, essayant de ce concentré malgré l’alcool contenu dans son sang qui altère ses pensées :
–Y’a bien un truc qu’elle m’a dit qui m’a intrigué, c’était quelque chose comme “ne t’en fait pas mon grand”, je n’ai pas vraiment fait attention, j’me suis dit que c’était pas important.
–Alors qu’elle t’a toujours dit “mon petit” ? C’est vraiment étrange.
Ils sont interrompus par un elfe :
–Arbre à vous !
Ils regardent en direction de l’elfe, c’est le père de Ninquelotë, Ulmo, presque aussi grand que Tauron aux cheveux court et brun, portant fièrement sa moustache et ses quelques kilos en trop, Varda l’accueil :
–Ulmo ! Comment ça va avec ton mari Thalion ?
–Ça ne va pas trop, Ninquelotë n’est pas rentrée et elle ne nous a pas donné de nouvelle, on s'est dit qu’elle serait surement avec Nerwen, mais il n’y a personne chez toi Tauron.
Tauron lui répond :
–Nerwen est au conseil des sages depuis cette après-midi, et je n’ai pas vu ta fille avec elle.
Varda ajoute :
–Elle n’est pas venue en cours aujourd’hui.
Ulmo tourne les talons et sort du bar, voyant qu’ils n’auront pas plus d’information sur sa fille, mis à part Tauron qui est encore sous l’effet de l’alcool, Circë et Varda se doutent que quelque chose qui dépasse leurs compréhensions est à l’heure. Circë énonce :
–Déjà Maëve qui entre au conseil, puis Nerwen qui n’a rien dit à Tauron sur l’invitation de Celeborn et la disparition de Ninquelotë, tout ceci en une journée. On ne peut pas parler de simples coïncidences, n’est-ce pas ?
Varda acquiesce de la tête et regarde Tauron qui est affalé sur la table en train de cuver les litres d’alcool ingurgité. Elle soupire, voyant que son ami ne lui serait d’aucune aide, après un regard entendus, nos deux elfes se lèvent et sortent du bar.
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