Libération
Maëve est au plus mal, elle n’arrive plus à tenir debout, réussissant à peine à se soulever à la force de ses bras, haletant avec irrégularité, la douleur ressentie par ce drainage forcé ne cesse d’augmenter à mesure que le temps passe dès qu’elle essaye de faire un effort dès plus simple, elle doit puiser dans ses forces amoindries en criant de douleur. Morgane admire ce spectacle avec grand intérêt :
–Alors ! Tu veux abandonner peut-être ?
Maëve essaye vainement de tourner la tête dans sa direction et n’arrive qu’à prononcer des sons sans pouvoir articuler ses pensées, Morgane regarde l’écran de chargement ou il ne manque qu’une barre avant que le programme ne finisse, elle l’encourage avec sarcasme :
–Continue à résister, ton calvaire va bientôt prendre fin.
Celeborn rentre dans la pièce suivie de près par Nerwen, il demande à Morgane :
–Est-ce que c’est bientôt fini ?
Un bip se fait entendre provenant de l’écran de chargement, un message apparait “Résurrection complète” Celeborn appuie sur un bouton, un nouvel écran remplace l’ancien “Résurrection en cours” avec une nouvelle barre de chargement vide, une voix robotique annonce :
–Résurrection zéro pourcent.
Morgane prend un papier déchiré qui était posé à côté d’elle et lit à voix haute :
–Alors, “La phase de la Résurrection en cours est plutôt longue, dépendant du nombre de personnes drainé, augmentant de un pourcent toutes les une heure environ” Hum…
–Que se passe-t-il ?
Demande Celeborn, Morgane passe son doigt sur un coin de la page en plissant les yeux, elle finit par lui répondre :
–Il y a une note en féerique, je n’avais pas fait attention vu qu’elle était déjà inutilisée quand je suis née.
–Et tu ne sais pas la déchiffrer, je suppose ?
–Maëve le pourrait.
Tous regardent Maëve qui a réussi à reprendre contenance depuis que le drainage est terminé, bien qu’encore affaibli, elle leur répond :
–Pas besoin de le lire, je le connais par cœur.
Celeborn lui crie sur un ton impérieux :
–Parle ! Traitresse ! Qu’est-ce qu’il y a de marquer !?
Elle prend une grande inspiration, la première sans douleur depuis près de trois jours, elle prend bien son temps, Celeborn prend ce silence pour un affront et grince des dents, Morgane sait qu’elle est mal à l’aise, ce qu’il y a de marquer doit l’importuner d’une quelconque manière. Celeborn la menace :
–Tu parleras même si je dois te torturer pour cela !
Maëve finit par se résigner :
–Tu n’en auras pas besoin, de toute façon, il n’y a rien d'écrit d’important.
–Alors parle !
–Demander à Maëve d’accélérer le processus. Et c’est signé suzeraine Titania.
Cette annonce fait l’effet d’un coup de poing aux personnes présente, seul Nerwen ne réagit pas à cette information, Maëve vacille et s’allonge éreinté, Celeborn tourne la tête vers Morgane et lui demande :
–Dit-elle la vérité ?
Morgane regarde la feuille essayant de reconnaitre la signature, elle souffle :
–Je dois avouer que ça fait longtemps que je n’ai pas vu sa signature, sans compter le fait que je suis restée enfermée pendant deux mille ans. Mais il me semble bien qu’on m’avait dit que Titania avait une scientifique de génie.
–Et de rien d’autre ?
–Juste que cette scientifique a réussi à voler ses connaissances chez les humains. De toute façon ce n’est plus important, la résurrection est en cours.
Morgane pose sa feuille et sort de la pièce, suivi de près par Celeborn qui s’arrête pour boire sa fiole au pas de la porte et regarde Nerwen en lui demandant :
–Tu viens ?
Elle lui répond sans le regarder :
–Je vais m’assurer qu’elle ne s’enfuit pas.
–Elle n’y arrivera jamais, la cuve a été faite exprès pour elle.
Voyant qu’elle ne bouge pas, il abdique :
–Fait comme tu veux.
Il ferme la porte derrière lui et remonte l’escalier menant à la salle du conseil, Nerwen attend un moment pour s’assurer que personne ne la surprenne et se dirige vers la prison, elle s’agenouille pour être au niveau de Maëve qui n’a pas bougé d’un pouce, elle l’observe attentivement et finit par lui demander :
–Est-ce que ça va ?
Elle lui répond faiblement :
–J’ai connue mieux.
Nerwen s’attriste de son sort et essaye de la rassurer :
–Je suis vraiment désolée, mais maintenant, tu n’auras plus à souffrir.
Cela ne fonctionne pas, Maëve reste muette, Nerwen est hésitante et lui demande :
–Est-ce que je peux faire quelque chose pour toi ?
–Je suppose que si je te demande de me libérer, ça sera non.
–Ils me tueraient si je faisait ça.
Maëve se relève légèrement étonnée par ses paroles :
–Te tuer ? Ils ont besoin de la porteuse s’ils ne veulent pas attirer l’attention sur eux.
–Je suis remplaçable.
Maëve ne comprend pas où elle veut en venir et les rôles s’inversent :
–Ma petite, personne ne pourrait te remplacer, tes professeures m’ont dit que tu es puissante, bien plus que tu ne pourrais l’imaginer et puis Tauron sera toujours là pour toi.
–Si seulement ça pouvait être vrai, mais ça ne marche pas pour quelqu’un de factice, je…
Elle laisse sa phrase en suspens et se rétracte en changeant de sujet :
–Depuis tout ce temps, tu dois avoir faim, non ? Veux-tu quelque chose en particulier ?
Maëve à un petit rire et lui répond :
–On ne t’a jamais dit que les fées n’avait pas besoin de manger ? Les créatures primordiales se nourrissent des éléments qui les ont créés, tant que j’ai de l’air, je ne mourrais pas de faim.
Elle est attristée par cette information, elle qui voulait l’aider d’une quelconque manière, son champ des possibles diminue radicalement, elle prend un air grave :
–Ah bon ?
–Décidément on ne vous apprend plus rien à l’école de nos jours, mais tu sais quoi ? Le bol de Morgane me fait de l’œil depuis tout à l’heure, si tu peux me passer un petit grain.
Nerwen regarde le bol remplie par une grappe de raisin, elle tend la main et retire un grain de la grappe, elle regarde Maëve :
–Promets-moi de ne pas t’échapper, je ne plaisantais pas quand je disais qu’ils me tueraient.
–Ne t’en fait pas petite, je n’ai pas la force de m’échapper.
Nerwen ouvre la cuve grâce à la clef qui est posée à côté et dépose le raisin juste devant la fée, elle referme la cuve à clef et la repose à sa place. Maëve rampe jusqu’au fruit et commence à le grignoter petit bout par petit bout, Nerwen amusée et heureuse d’avoir fait une bonne action, aussi simple soit-elle, la regarde souriante. Maëve après avoir mangé plus de la moitié du grain, s’arrête et sourit en retour :
–Merci pour ce repas, ma petite.
–De rien.
–D’ailleurs ça ne te gêne pas que je te surnomme comme ça ?
–Non, j’aime bien, pour tout t’avouer.
–T’es bien la première qui apprécie ce surnom, ma petite.
Elles entendent un bruit venant des escaliers, Nerwen se place contre le mur à côté de la porte et Maëve avale le reste du raisin, la porte s’ouvre sur Celeborn et il rentre sans se douter de ce qui s'est passé dans son dos. Il regarde Maëve qui s'est allongé, faisant mine de dormir, il annonce fièrement tout en se retournant vers Nerwen :
–Qu’est-ce que j’avais dit ? Maëve ne pourra pas s’échapper.
Elle ne réagit pas à cette fanfaronnade, Celeborn s’avance vers elle et lui lance un regard perçant :
–Qu’est-ce que tu mijotes exactement ?
Elle lui lance sèchement :
–J’ai le droit d’être seule !
Il est à quelques centimètres d’elle, l’acculant contre le mur, il la prévient sur un ton ferme :
–N’oublie pas qui commande ici ! Si tu ne suis pas mes directives à la lettre, tu sais ce qui t’attend, n’est-ce pas ?
Elle baisse la tête en signe de soumission, Celeborn se délecte de tout cela et retourne de là où il vient en disant :
–Je préfère ça ! Maintenant, suis-moi ! Il nous reste quelques détails à régler, tu auras tout le temps de la surveiller demain.
Nerwen le suit à contrecœur, la mine grave, elle jette un dernier regard à Maëve avant de fermer la porte, elle s’aperçoit que la fée lui fait un signe d’encouragement qui lui redonne un faible sourire.
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