Libération
Maëve se fait réveiller par la voix robotique du moniteur :
–Résurrection cinquante-cinq pourcents.
–Encore deux jours à supporter ta voix et après, je te démolis pour de bon.
Elle entrouvre les yeux et aperçoit entre ses cils une personne qui la surveille, elle se redresse d’un coup, surprise et souffle en voyant que ce n’est que Styx :
–Désolée, moi ne voulais pas te faire peur, moi voulais te laisser dormir.
–C’est vrai que tu ne peux pas dormir, tu dois te sentir seule quand je dors.
–Techniquement, moi peux dormir, mais moi n’en as pas besoin.
–Ah oui ! Désolée, il semblerait que je sois moins douée que toi pour retenir les informations.
Styx sourit, gênée par le compliment, Maëve lui sourit et demande :
–Et sinon, comment s'est passée ta mission ? Ma petite.
–Parfaitement bien, même mieux que moi l’espérais.
–Hé bien, on peut dire que la première mission est un succès pour… “Les chats” !
Elles feulent ensemble en prononçant leur nom de groupe et rigole, Styx finit par s’arrêter de rire et demande :
–Que fait-on maintenant ?
–Il ne nous reste plus qu’à attendre le moment opportun pour s’enfuir, et si tu me parlais un peu plus de toi, ma petite.
Styx se masse le cou, mal à l’aise par cette question et finit par dire :
–Moi ne suis pas sûre que ma vie soit intéressante, mais dis-moi d’abord, pourquoi tu me fais autant confiance ?
–J’imagine que Tauron a dû être désagréable avec toi, (Styx détourne le regard chagrinée), ma petite, à mon âge j’ai vu beaucoup de chose se produire, des amis qui deviennent des ennemis, les guerres et les pertes, surtout d’être chère, j’ai longtemps eu de la rancœur pour les autres espèces, j’ai cherché par tous les moyens d’anéantir les autres et le prix à payer fut bien trop lourd pour moi, ma femme m'a été enlevée et j’ai haï ceux que je pouvais, ce fut qu’au bout de plusieurs années que j’ai compris que détester les autres était vain, nos aïeuls ont commencé une guerre que nous avons continuée par orgueil, juste parce que nous ne voulions pas nous comprendre les uns et les autres, j’ai décidé de ne plus intervenir espérant que d’autre suivent le mouvement, c’est utopique, je le sais, mais j’aimerais que nos enfants puissent vivre dans un monde en paix, ou un elfe, un djinn, un océanide et un humain puisse jouer ensemble avec insouciance, je dois t’avouer que je te fais confiance parce que je veux croire en ce rêve.
Émue, Styx cligne plusieurs fois des yeux pour éviter que des larmes ne coule sur ses joues :
–Moi doit avouer que c’est un très beau rê-ve-eu.
Articule-t-elle difficilement, les océanides ne dormant jamais, ils ne connaissent donc pas ce mot, mais Styx comprend dans les grandes lignes sa signification :
–M’ais un rêveu aussi… Styx signifie dans la langue des anciens “haïr” ou “détester”, moi suis une enfant non voulue, m’ai été abandonnée peu de temps avant mon éclosion avec mon nom marquer sur ma coquille, m’ai survécu en volant avec les autres orphelins, mais nous n'étions pas amis, si l’un de nous se faisait arrêter les autres fuyaient, moi ne voulait pas vivre comme ça, moi voulais connaitre mes parents, alors m’ai voulu voler le trident sacré pour le revendre, mais moi me suis fait arrêter et moi suis devenue une traite à la couronne, moi voulais finalement des personnes à qui faire confiance, des amis, une famille.
Maëve est en larme après avoir entendu son histoire, inondant ses joues, elle lui dit en reniflant :
–Alors, snif, depuis tout ce temps, snif, tu voulais une famille ?
Elle pleure à chaude larme, Styx ne sait pas pourquoi elle a une telle réaction, elle se sent coupable de lui avoir parlé de son passé et s’excuse :
–Moi ne voulais pas te faire pleurer !
Maëve se colle contre la vitre de sa prison :
–Styx ! Je ne savais pas que tu avais autant souffert, alors que tu es si jeune !
–M’ai tout de même dix-huit ans.
Elle frappe la vitre avec ses poings :
–L’âge n’a aucune importance ! Je veux réparer cette injustice ! Styx, laisse-moi être ta mère !
Abasourdie par cette déclaration soudaine, Styx, bouche bée, ne répond pas, après quelques secondes Maëve voit une larme tombée au sol, puis deux, trois, quatre, jusqu'à tombée en fine pluie depuis les yeux de Styx, elle demande :
–C’est vrai ?
Maëve hoche la tête :
–Bien sûr, ma petite, ou devrais-je dire, ma fille.
Styx enlace la cuve :
–Moi peux t’appeler. Maman ?
–Bien sûr, ma fille.
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