L'attaque de la Tour Blanche - Partie II - Glenn
Glenn soupira. Imposer des tours de garde !
Il ne comprenait pas pourquoi la Tour Blanche s’évertuait à exiger des rondes de la part de ses membres. Des vérifications dans les dortoirs pour s’assurer que les élèves ne chahutent pas ; passe encore, mais rester des heures au sommet de la tour à scruter une éventuelle attaque qui ne viendrait jamais. Quelle perte de temps ! Qui en voudrait aux Mages ? La Telmanie, toute proche, était leurs alliés et ils avaient noué des liens étroits avec les elfes du sud. Certes, une rumeur courait qu’à l’ouest, le royaume de Sorgat était gangréné par des créatures des ténèbres, mais personne n’avait jamais vu le moindre monstre franchir le fleuve Turquoise. Ces moments, ennuyeux à mourir, étaient malheureusement imposés par la haute hiérarchie. Glenn avait beau rouspéter et trainer les pieds, à l’instar des autres, il devait se plier aux règles.
Cette nuit-là était claire. La lune ne dessinait qu’un fin croissant dans le ciel, offrant aux étoiles l’occasion de briller de mille feux. Avec un peu de chance, le mage pourrait peaufiner la cartographie céleste sur laquelle il travaillait depuis des mois. Après tout, il fallait bien s’occuper durant ces longues heures de rondes inutiles. Il parachevait une notation lorsque le sol vrombit un instant. Ça ne ressemblait pas à un tremblement de terre. Intrigué, Glenn se pencha de son guet. Tout était calme, insipide, silencieux. Il mit cet événement sur le coup de l’imagination, à moins que ça ne soit la torpeur qui l’avait subrepticement gagné.
Lorsqu’un nouveau vrombissement se fit ressentir, Glenn se dit qu’il n’avait pas rêvé cette fois. Il se passait quelque chose, mais avant d’inutilement donner l’alarme, il devait identifier l’origine de ce bruit étrange. Il observa, de nouveau, la plaine en face de lui. La maigre clarté de la nuit n’aidait pas à distinguer ce qui se tramait dans les ombres. Le mage se focalisa sur un détail. Oui, son esprit ne lui jouait pas des tours, il y avait bel et bien quelqu’un qui se tenait à une dizaine de mètres de la tour, immobile ; telle une ombre parmi les ténèbres.
- Déclinez votre identité, beugla Glenn.
Quelque chose n’allait pas. Cependant, il lui était impossible de saisir ce qui se tramait. La silhouette se contenta de soulever délicatement son chapeau au-dessus de sa tête en guise de salutation. Le vrombissement recommença. Il comprit, mais trop tard. Quelque chose émergeait de la plaine !
Glenn fut happé par la curiosité. Une étrange lumière rayonnait des entrailles de la Terre. Enfin, « lumière » n’était pas le qualificatif approprié. Il voyait une forme noire s’extraire du sol, mais quelque chose la rendait visible dans les ténèbres. Elle brillait de sa propre énergie. La surprise du mage se métamorphosa en pure panique lorsqu’un œil s’ouvrit : un iris vert qui irradiait la nuit, la pupille fendue à l’instar d’un chat. Il se détachait d’une immense tête reptilienne.
Glenn était pétrifié. Il avait lu des centaines de traités sur les créatures mythiques, mais jamais il n’avait vu de dragon de ses propres yeux. La bête gigantesque fit claquer ses ailes décharnées. Glenn voulut donner l’alerte, mais il était déjà trop tard. À peine eut-il porté la corne à ses lèvres que le haut de la tour fut englouti dans une boule de feu.
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