Frangine sociable 1/2
La journée se termine sur une note joyeuse. Le père de Naya nous autorise à rester après le cours et à assister à celui des Terminales. Naya est exclue de l'évaluation de niveau. Elle devait travailler Prince, cependant, j'ai épuisé l'étalon. Mélia propose à Miss Pimbêche de travailler avec Étoile en remplacement. Nos deux chevaux ont l'habitude de courir tous les jours et souffre déjà de trois jours de box. La reine des abeilles est ravie de l'idée. La jument est un très bel animal et Naya se réjouit de monter un cheval de cette qualité.
Nous avons la carrière Une à notre disposition. J'en profite donc pour faire sortir Grognon qui a besoin de se dépenser un peu. Je le soupçonne de se goinfrer depuis trois jours. Richard a apporté tous leurs harnachements. Les filles mettent donc la selle normale sur Étoile tandis que je me suspends au cou de son bourricot pour lui passer le mors. C'est toujours un combat de catch entre nous deux. Je gagne à chaque fois. Les palefreniers m'observent et rigolent quand ils comprennent le fonctionnement de notre duo. Celui qui râle le plus est le vainqueur.
Ce sale gosse tente de me coincer contre le mur, cependant, j'ai l'habitude et je saute au bon moment pour prendre appui sur le mur. J'utilise mes jambes pour repousser la carcasse joueuse et me retrouve à califourchon sur son encolure. Le mors est placé et bouclé en quelques secondes malgré son gigotage de tête. Première bataille remportée. Passons maintenant à la couverture de protection et la selle. Pour la seconde étape, c'est-à-dire la couverture, je dois rester sur l'animal et serrer les cuisses. Il n'a pas la place dans le box pour se secouer assez et me faire tomber. Je dois profiter du passage près de la porte et me tord avec une souplesse digne des meilleures gymnastes pour chopper la selle. Mes abdos sont en béton armé à force de soulever ce poids tête en bas. Poser la selle est facile. Arriver à descendre et à serrer suffisamment vite est plus difficile. Je dois reprendre la seconde et la troisième étape à cinq reprises pour y parvenir. Ensuite, il me faut tapoter le ventre et patienter à l'expiration pour serrer un bon coup. Je dois avoir le seul cheval au monde qui pratique l'apnée pour gonfler son ventre.
Quelques hommes regardent. Notre chamaillerie est un petit spectacle comique. Il n'y a aucune méchanceté dans leurs regards. Peut être juste un peu de rancune envers Grognon lorsqu'ils me soutiennent et essayent de m'aider en me portant la selle à hauteur. Il leur en a fait baver pendant ces trois jours sans quelqu'un pour le discipliner. Je le gronde, non pas pour ses actions envers les hommes, mais pour sa résistance à sa préparation. Je le menace de le priver de carottes ou de le laisser enfermer dans le box pendant une semaine. Aucune de mes menaces n'a d'effet sur son envie de jouer. Cependant, je parviens à mes fins et l'équipe correctement. Un palefrenier a la gentillesse de m'ouvrir la porte du box pendant que je me mets en selle.
Je sors enfin. Grognon trottine gaiement en se dirigeant vers notre lieu de travail. Il est content de sortir et parade devant ses congénères en hennissant bruyamment. Cette andouille fanfaronne. Cela ne l'empêche pas de faire un micro câlin à ma jumelle au moment d'entrer dans la carrière. Mélia referme la barrière derrière nous. Étoile et Naya sont déjà en train de prendre leurs marques. C'est une jument adorable qui accepte facilement les nouveaux cavaliers. En plus, Naya est d'un excellent niveau. Le nouveau duo nécessite quelques minutes à peine pour se coordonner.
Je fais s'échauffer en douceur mon étalon, au petit trot puis en augmentant tout doucement l'allure. Je travaille les changements de direction et un peu les démarrages rapides, arrêts brutaux et demi-tour sur place. Étoile commence à répondre à la voix de Naya grâce aux astuces que lui fournit ma sœur adorée. C'est étrange. La reine des abeilles et mon double semblent s'entendre à merveille. Mélia a vraiment un don pour se faire des amis y compris parmi les personnes les plus difficiles à sociabiliser. Une fois, alors que je lui posais la question sur sa technique, elle me répondit que si elle était capable de domestiquer une bête sauvage comme moi, elle pouvait apprivoiser n'importe qui. J'ai bien ri à cette pique affectueuse.
Très rapidement, Étoile est prête pour débuter le saut d'obstacles. Ma sœur installe les barres pour le travail. Je sens mon cheval trépigner. Le simple galop ne lui suffit pas. Il veut lui aussi faire des bonds. Cependant, j'aperçois aussi le regard triste de mon double en manque de contact animalier. Je m'arrête à sa hauteur et mon étalon donne un coup de tête dans son dos. Lui aussi a compris le chagrin de ma chérie et veut la réconforter. Je descends et du regard, propose à ma sœur de s'occuper d'épuiser le sale gosse. Mélia a su gagner le respect et l'amour de mon équidé à coup de bout de carottes et de pommes. Elle peut grimper sans qu'il ne proteste.
Ma sœur sautille de joie. Grognon est toujours très doux avec elle. Je n'ai pas le temps de lui faire la courte échelle qu'elle est déjà sur son dos. Je la remplace pour monter les barres pour Naya et Étoile puis pour le second duo. La reine des abeilles arbore un immense sourire. Je pense qu'elle pourrait presque le faire en monte à cru tant elle s'entend bien avec la jument.
Peu à peu, on augmente la difficulté. Pas une seule fausse note de la part de chacun des duos. Mon étalon ne fait jamais la compétition avec la jument. Il se contente de la motiver et de la suivre. Les deux équins papotent dans leur langage. Ce sont de vraies pipelettes. Leurs hennissements joyeux prouvent qu'ils sont heureux de se dépenser un peu. Très vite, les filles se sentent en confiance pour tenter sans selle. Ce n'est pas un souci pour Mélia et Grognon qui le font régulièrement. Naya n'a pas l'habitude, cependant, Étoile est très confortable et docile au contraire de Prince. La monte à cru est excellente pour se perfectionner. La reine des abeilles veut profiter de l'occasion et nos chevaux préfèrent être sans selle.
Les filles font quelques sauts facilement. Les évaluations sont finies. Une petite troupe se forme pour nous admirer dont le propre père de Naya. Les chevaux répondent à la moindre demande de leurs cavalières. Quand ils ont assez sauté, j'enlève les barres et laisse ma sœur guider Miss Pimbêche pour des exercices de voltige très simples. Je récupère les mors. Nos chevaux nous obéissent à la voix. Un palefrenier s'est précipité et rapporte l'équipement de voltige que je place très rapidement. Grognon est moins confortable pour la voltige, cependant, Mélia est expérimentée et le connaît par cœur. Elle effectue son petit cours privé sous les regards admiratifs de ceux qui nous entourent. Le manque d'abdominaux de Naya écourte la séance. Ma sœur récupère alors sa monture et moi la mienne. Nous allons pouvoir montrer ce que l'on sait faire.
A l'aide d'une petite enceinte portable appartenant à un palefrenier, ma douce lance sa playlist pop en fond sonore. Nous voltigeons au triple galop. Mélia passe d'un cheval à l'autre. Je la sécurise par instant. Parfois, nous effectuons une chorégraphie rythmée et coordonnée. J'aperçois les yeux lumineux d'admiration des spectateurs. Nos chevaux sont fiers de montrer leurs puissances et leurs talents. Quand Étoile commence à fatiguer, je finis d'épuiser mon étalon en montrant un exercice de dressage en liberté. Je n'ai que ma voix et pourtant, le grincheux exécute les mouvements sans rechigner. Je cours et lui saute sur le dos alors qu'il galope puis, en me penchant dans le vide, juste soutenue par une jambe accrochée à la poignée, je soulève Mélia pour la faire grimper à mes côtés. Le père de Naya se dandine. Je vois qu'il a envie d'essayer lui aussi. Ma sœur lui explique chaque geste. Nous tentons. Les deux premières fois échouent. Il est plus lourd et moins souple que ma chérie d'amour. Mais à la troisième tentative, il est sur le cheval sous les bravos des autres.
Je calme mon étalon qui ne tolère que Mélia et moi sur son dos. Il accepte par confiance envers moi mais également aussi car le père de Naya est un excellent cavalier qui sait s'adapter à son rythme de course en quelques secondes. De toute façon, il descend vite. Je montre quelques mouvements rigolos comme un petit saut accompagné de coups de sabots en l'air ou se cabrer. Le soir tombe et les hommes doivent finir leur journée. Je donne le signal du retour à mon étalon qui veut faire une dernière prouesse. La clôture d'enceinte de la carrière est haute mais pas suffisamment pour le dissuader. Il se lance à vive allure et quand il se sent suffisamment rapide, il se dirige de lui-même vers la rambarde. Il saute d'un bond parfait et se réceptionne avec brio. Fier de lui, il parade après avoir freiné pour recevoir des bravos. Ce canasson adore fanfarronner.
Mélia, Naya et moi restons pour aider à finir le travail et permettre aux palefreniers de ne pas finir trop tard. Étoile reçoit des tonnes de gratouilles et même Prince. Grognon, en bon crétin, refuse toute approche amicale et offre des vents monumentaux à qui s'approche en montrant son gros postérieur. Je veille à ce qu'il boive doucement et lui donne sa ration quotidienne. Étoile profite d'être sans entraves pour aller saluer chaque cheval et leur dire bonne nuit par la demi-porte du box. Cette pipelette fait le tour des écuries pour apprendre à connaître chacun de ses voisins. Aucun doute, c'est Mélia version équine. La jument rentre d'elle même quand je la siffle. Je lui fais un bisou sur les naseaux comme pour Grognon. Maintenant que nous avons sympathisé avec quelques palefreniers, nous pourrons revenir beaucoup plus souvent. Je gronde mon étalon pour qu'il arrête d'effrayer les jeunes cavaliers. La jument hennit pour me répondre. Je crois qu'elle me dit qu'elle va s'occuper de ce sale ronchon. Le père de Naya nous ramène aux dortoirs afin que la gardienne ne nous cause pas de problèmes. Il se porte garant et indique que c'est lui qui nous a demandé de rester aussi tard. Il est temps de prendre une douche rapide avant de foncer à la cafétéria. Se battre avec un étalon, ça creuse. Alors avec deux, ... Je suis affamée.
Les basketteurs nous ont gardé de la place. J'ai tellement faim que je ne prends même pas le temps d'écouter les tentatives de piques de Maltez à propos de mon treillis. Je me demande bien ce que les filles lui trouvent. D'après leurs discussions, il serait le plus beau garçon du lycée. Il est le plus grand et musclé en proportions, ça je le reconnais. Je dirais un mètre quatre-vingt-dix-sept. Ses cheveux noirs lisses sont coupés assez courts, presque rasés sur les côtés. Sur le dessus, ils sont un peu plus long, dans les cinq à dix centimètres et dressés droit en brosse. Ses yeux noirs sont assez grands et expressifs, tout comme Thibaut, mais les émotions sont colère, exaspération et des choses similaires. Enfin quand il ne les cache pas derrière ses épaisses lunettes de soleil type aviateur. Son look faussement négligé est composé d'un pantalon noir, d'une chemise soit blanche ou noire, d'un blouson de cuir et d'une boucle d'oreille brillante. Absolument rien d'intéressant. Je préfère mille fois le look jogging de Blaise ou dandy de Thibaut. Je me reconcentre sur ce qu'il y a d'important. Négocier avec Pétunia pour finir son assiette et avoir un second dessert. J'ai trop la dalle.
Après une bonne nuit de sommeil à l'aide de bouchons pour ne pas entendre les ronflements de mes colocataires, il est l'heure de repartir pour ma seconde journée de cours. Celle-ci s'annonce moins compliquée qu'hier. Nous recommençons la matinée par le français, puis les mathématiques et ensuite nous avons deux heures de sport. Le test de niveau en français montre que ma sœur et moi n'avons pas suivi le programme officiel et les œuvres obligatoires à étudier. Toutefois, nous avons des connaissances sur leurs auteurs et un éventail d'autres ouvrages bien plus large. Le prof de français est cool en fait. Monsieur Noguerra me captive par ses paroles. Il est incroyable.
J'arrive de très bonne humeur au cours d'éducation physique. J'ai non seulement passé un début de matinée agréable mais en plus, je vais pouvoir me dépenser un peu. Je n'ai pas besoin de me changer, cependant je grimpe dans ma chambre pour poser mon sac de livres et surtout accompagner ma sœur. Les trois Kawaï ont du mal à monter aussi vite que moi. Comme je les aime bien, je me donne une pénalité en portant leurs sacs. Cela ne me ralentit même pas et j'arrive bien avant elles, Mélia juste derrière moi. Je surveille la porte pendant qu'elle se change pour un jogging flashy. Elle a fini avant que ses colocataires ne franchissent le seuil. Rapide et efficace comme toujours.
Lorsque toutes les filles sont prêtes, nous redescendons à toute allure. Nous sommes les premières et nous en profitons pour regarder la salle avec intérêt. L'espace intérieur est grand et il n'y fait pas trop chaud. J'avais peur en voyant la structure métallique cependant, c'est bien isolé. Plusieurs verrières et longues vitres offrent une très belle lumière intérieure. Il y a un terrain de basket, un autre de volley ou de hand et des gradins sur les bords. J'aime l'atmosphère à l’arrière-fond d'odeurs de transpiration qui y règne.
Un homme chauve aux épaules très larges est en train d'installer des tapis dans le fond de la salle. Il porte un short rouge qui menace de craquer et un simili de tee short débardeur noir avec une casquette à l'envers. Son biceps est aussi gros que ma cuisse et je ne suis pas maigre. Sa musculature est trop développée et il a ce qu'on appelle un cou de taureau, court et fortement musclé. Il n'a pas l'air très commode. Son visage est fermé et semble en train de pester. Je l'observe quelques instants avec méfiance. Je pense qu'il s'agit de notre futur prof. Une sorte de pressentiment de poissarde qui se vérifie quelques instants plus tard quand il nous aboie dessus pour s'assurer que nous sommes la classe de Secondes qu'il a en charge.
Nos autres camarades arrivent au compte-goutte en se faisant enguirlander pour leur retard bien que l'heure du cours ne soit pas encore commencée. Quelque chose énerve clairement le professeur. Sur ses ordres, nous nous asseyons sur le côté des tapis. Je l'écoute distraitement raconter sa vie de lutteur et de bodybuilder hautement reconnu. Les nombreuses médailles et trophées obtenus. J'apprends qu'il est l'entraîneur de l'équipe de lutte du lycée et très fier de son fils, le fidèle successeur de la dynastie familiale de sportifs. Il est furieux car hier, cinq d'entre nous se sont ligués pour attaquer lâchement son si formidable fiston isolé à lire ses cours. Une telle chose est indigne et n'est la façon de faire que de personnes jalouses. Il veut voir les brutes coupables pour leur apprendre ce qu'est un vrai combat équitable, à la loyale. Il scrute les garçons d'un air mauvais. Mélia me sourit, complice. Il me faut plusieurs instants pour piger ses explications. Musclor a raconté sa propre version des faits.
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