Frangine sociable 2/2

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— Votre fiston est un menteur et un lâche. Il a essayé de racketter cinq filles de Secondes avec ses potes. Les brutes, c'est lui et ses quatre potes. Le combat était loyal, un contre un. Je lui ai laissé une chance de partir mais il a continué à vouloir faire du mal à mes copines. Alors, il a reçu la leçon qu'il méritait. Les autres froussards ont fui avant que je ne puisse les corriger. Si vous ne savez pas éduquer votre rejeton, ce n'est pas ma faute. Si vous avez des doutes, demandez aux autres élèves. La personne indigne de l'histoire, c'est votre merveilleux fils qui s'en prend aux plus jeunes et aux filles.

Je me suis levé et je regarde d'un air froid le professeur. J'assume toujours mes actes, que ce soient des âneries ou des bagarres légitimes. J'ai protégé les filles. Je suis droite dans mes bottes. Enfin plutôt mes baskets aujourd'hui. Je ne supporte pas le mensonge. Mélia confirme ma version des faits, immédiatement suivie des Kawaï et de quelques camarades. La fureur de l'enseignant se transforme en stupéfaction. Il demande plusieurs fois confirmation que son rejeton s'en prend aux plus jeunes. Cela ne semble pas lui plaire du tout. Puis, revenant de sa surprise, il me regarde de haut en bas plusieurs fois.

— C'est toi qui lui as cassé le nez ?

— Oui et je n'hésiterais pas à recommencer à chaque fois qu'il tentera de toucher plus petit que lui et surtout ma sœur chérie.

— Mais... Tu es gaulée comme une crevette.

— La taille des muscles ne compte pas dans une bagarre. L'important, c'est la façon et la vitesse de s'en servir.

— Tu pratiques la boxe ?

— Boxe, taekwondo, karaté, krav-maga, capoeira, jujitsu et d'autres.

— Qui t'as appris ça ? Tu es une fille. Tu devrais faire de la danse.

— En grande majorité, mon grand-père et mon parrain, instructeurs chez les commandos. A ma demande pour mon trop plein d'énergie et parce que la danse et les trucs gnan gnan, ça me gonfle.

— Je ne te crois pas. Une morveuse comme toi ne peut pas avoir réussi à blesser mon fils. C'est un lutteur qui fait des compétitions nationales. Tu couvres les mecs parce que tu penses que je ne toucherais pas une fille.

— Non. Votre fils est un connard qui rackette les plus jeunes et en plus, il ne sait pas se battre et vous ment. Combattez-moi et je vous le prouverais. En revanche, si je gagne, mes quatre copines et moi, nous pratiquerons notre sport de notre côté sans vos conseils et vous nous mettrez la note maximale.

L'homme se tâte. Nous nous affrontons du regard. Son collègue s'est rapproché avec ses élèves, des garçons de Terminale. Thibaut confirme poliment ma version de l'histoire et tente de dissuader le colosse de son mieux avec l'aide de son enseignant. Blaise et les autres basketteurs sont inquiets pour moi. Maltez ne dit pas un mot et semble réfléchir. Il pose sa main sur mon épaule et me chuchote à l'oreille :

— Tu es sûre de toi, la morveuse ? Il est expérimenté. Je ne voudrais pas que tu te fasses mal.

— Certaine. Je vais gagner, j'en mettrai ma main à couper. Il ne connaît que la lutte. Je n'aurais aucun mal à utiliser sa propre force contre lui.

— Bien. Alors laisse-moi agir et tais-toi deux minutes. Si tu tiens ta promesse, on va mettre Sarah et ses colocs en sécurité pour l'année.

Maltez a compris mes intentions. Il accepte de me soutenir, je pense plus pour la sœur de son meilleur pote que pour les ennuis que je pourrais m'attirer. Je suis étonnée qu'il me fasse confiance. Je le vois aller parler à son entraîneur et j'entends par instants des mots comme "petite sœur de Blaise", "filles innocentes" et "grincheuse". Il négocie quelque chose. Je ne connais pas toutes les règles de ce genre d'endroit qu'est un lycée. Blaise et Thibaut semblent approuver les propositions de leur pote. D'ailleurs, tous les gars alentour semblent valider et leur enseignant finit par céder. D'un soupir, il se place entre le colosse et moi.

— Je vais prendre les cinq filles avec moi, Raoul. Il y a conflit d'intérêt. Les garçons viennent de m'expliquer que ton fils a voulu les racketter et qu'elles se sont juste défendues. Je les noterais avec objectivité. Elles ne peuvent pas vagabonder sans un professeur, c'est contre notre règlement et surtout la déontologie.

— Pas question. Je veux voir si elle dit la vérité. Si elle sait vraiment se battre.

— Bien. Si elle gagne, elles viennent avec moi et tu poses ta démission pour Noël, dit le coach des basketteurs après m'avoir lancé un regard inquiet et avoir eu confirmation de continuer par un pouce levé de Maltez.

Je m'avance pour le défi pendant que Sarah se précipite dans les bras de son frère. Maltez, Thibaut et le prof des gars interrogent ma jumelle avec anxiété. Son sourire me prouve son entière confiance. Le colosse se prépare lui aussi et indique qu'il est échauffé et prêt à se battre. L'enseignant se place en juge et explique les règles du combat. Pas de coup dans les boules ou au visage, et il faut faire sortir du rectangle l'adversaire. Il précise aussi les règles de base de la lutte gréco-romaine bien qu'il ne me force pas à les respecter.

Je le regarde se poster en position de lutteur, un peu accroupi. Il tourne autour de moi, mimant vouloir se lancer. Il bluffe pour me faire peur. Plusieurs fois, il se jette pour m'attraper et je l'esquive sans aucun problème en sautant très haut. Il a un tic quand il attaque. Il renifle et tord sa bouche deux secondes avant de bouger. Je lui fais quelques croches pattes pour qu'il se vautre. Il me parait un peu plus souple que son fiston mais tout aussi lent. Il ne parvient pas à me toucher et s'énerve. Je fais durer le plaisir. Je m'amuse. Ce genre de colosse s'épuise vite. Au bout de la cinquième tentative pour m'attraper, il a enfin compris et veut me saisir en plein saut. Mais cette fois, au lieu d'esquiver par le ciel, je me plaque au sol, sur le dos et lève les jambes au bon moment pour le faire voler dans les airs, en attirant sa masse en mouvement par le débardeur.

Il est expulsé loin de la surface et je me relève en une seconde. Bien qu'il ait perdu et que son collègue lui demande de lâcher l'affaire, il revient à la charge et cherche à me frapper au visage avec ses poings, totalement hors de contrôle. Je me baisse pour l'éviter et le fait chuter par une frappe circulaire de ma jambe gauche au niveau de ses chevilles. Il est à terre, sonné par la brutalité de sa chute. Il essaye de se relever et commet l'erreur de se mettre de côté, ce qui me permet de le placer sur le dos. J'utilise alors une clé de bras, technique autorisée en lutte, en plaçant mon corps sur le dos de mon adversaire. Il n'arrive plus à bouger et hurle de douleur. Je lui dis d'arrêter de gigoter sinon il risque de se casser l'omoplate tout seul. Je ne veux pas le blesser.

A la demande de son collègue, je le relâche. Il n'a pas eu sa dose. Alors, je change de technique. Un coup puissant de mon pied en plein sur son poitrail le fait reculer de deux mètres et lui coupe la respiration quelques secondes. Il commence enfin à réaliser que je ne fais que l'éviter et ne combat pas vraiment. Il semble réfléchir et se calmer en reprenant sa respiration. Son collègue l'enguirlande sévèrement. Au contraire de lui, je maîtrise parfaitement ma respiration et suis très paisible, attentive au moindre mouvement. Il secoue la tête, renonçant à venger son fils. L'odeur de bonbons à la violette se rapproche. Une main se pose sur mes fesses et tapote doucement. Pas besoin de me retourner pour savoir que ma jumelle me demande de stopper.

J'attends patiemment que le coach des garçons demande aux filles de le suivre pour tourner les talons. L'homme est bien embêté et se demande comment gérer ses nouvelles recrues. Ma douce moitié lui propose de s’occuper des filles lorsqu'elles ne pourront pas suivre le rythme des garçons car elle a de bonnes bases en divers sport. Blaise quant à lui veut porter sa sœur sur son dos lors des échauffements de course et propose certains de ses copains pour Mélia et les deux autres filles. Tous éclatent de rire lorsque Maltez leur interdit de me venir en aide et de me laisser me débrouiller. Je n'attendais aucun traitement de faveur. Je suis surprise cependant quand il me félicite pour avoir corrigé Raoul et ainsi permis à Sarah et aux filles de venir avec eux.

Le prof décide de placer les filles sur la droite, avec Blaise et Thibaut comme barrière de protection. Il rappelle aux gars que le premier qui n'est pas gentleman fera dix tours de piste ou cent pompes pour calmer ses ardeurs. Maltez murmure à mon intention que de toute façon, je péterais le nez du gars avant que le prof ne voit quoi que ce soit. Je souris, pour une fois qu'il dit un truc intelligent. Les étirements d'échauffements se passent plutôt bien. Ensuite, nous devons courir à notre rythme pour faire cinq tours pour les gars, trois pour les filles.

Je cours assez vite mais je ne peux pas rivaliser avec les pattes géantes du grand dadet pour la vitesse. Il fait au moins vingt-cinq centimètres de plus que moi. Mélia et moi nous calons sur le rythme de Thibaut qui est très proche du nôtre. Les trois Kawaï, plus lentes, courent ensemble. Blaise profite des moments où il double sa sœur pour lui faire un bisou et écope en riant d'un tour supplémentaire. Moi, j'en profite pour leur faire des grimaces et essayer de les déconcentrer pour qu'elles se détendent. Ici, elles sont bien plus en sécurité que tout à l'heure.

Après nos cinq tours à un rythme soutenu, Mélia et moi sommes prêtes à suivre la suite du premier cours. Aujourd'hui et pour les mois à suivre, ce sera saut en longueur. Ça me convient et donne mon maximum ainsi que ma sœur. Nous aimons nous dépenser. Nous avons un score honorable dans la moyenne des gars. Blaise se vante d'être le meilleur et fait la compétition avec Maltez. Ces deux-là se chamaillent en permanence mais s'adorent. Sarah me confie qu'ils sont comme ça depuis toujours. J'aperçois d'ailleurs quelques gestes presque fraternels du grand dadet envers la petite souris. Elle n'a pas du tout peur de lui et répond à ses piques amicales. Blaise essaye de recevoir des compliments de ma part et veut un bisou à chaque fois qu'il bat son dernier record. Je lui accorde tant pour faire enrager Maltez et Sarah que pour faire rire ma chérie. Je rigole quand le prof fait des calculs improbables pour prouver aux mecs qu'en proportion, Mélia et moi les éclatons tous. Le cours se termine. J'ai couru pendant deux bonnes heures. Mes jambes ont enfin évacué les fourmis.

Étrangement, la bonne humeur de Blaise et la dépense physique me permettent de rester très calme face aux tentatives de bagarre orale du capitaine d'équipe des basketteurs. Je dois même lui être presque reconnaissante d'avoir posé sa main sur l'épaule de Mélia quand un gars a commencé à la draguer pendant que je sautais. Thibaut me gère, Blaise protège sa sœur et Fleur, Maltez veille sur Mélia et Lilou. Nous sommes leurs protégées. Le professeur les laisse faire. Je comprends que Maltez as beaucoup d'influence que ce soit sur les élèves mais aussi sur les professeurs. Ma petite chérie me voit me poser des questions et éclaire ma lanterne sur mes deux sujets de questionnements. Il est le fils d'un grand ponte au nom craint comme notre grand père dans le milieu militaire, et d'une autorité naturelle. Les gens l'écoutent pour cela. Après le massacre de Musclor, Maltez a discuté avec elle sur notre véritable niveau en combat et connaît de nom la réputation de notre famille. C'est pour cela qu'il m'a laissé me battre face à Raoul.

Je fais un micro câlin à ma sœur. J'admire son talent pour se lier d'amitié et obtenir autant d'informations aussi vite. C'est une mauvaise idée. Les trois Kawaï rappliquent pour me remercier elles aussi de ma victoire. Blaise se joint à elle. Ça tourne au câlin géant et je ne peux pas m'enfuir. Je hurle mon désespoir sans obtenir d'aide de qui que ce soit. A peine Thibaut qui cherche le tuyau d'arrosage pour asperger son pote qui enlace cinq filles. Blaise nous relâche enfin après une supplique de sa sœur.

Les vestiaires communs sont blindés de monde. Sarah ronchonne de devoir monter trois étages pour arriver à sa chambre. Maltez propose de nous ouvrir les vestiaires des basketteurs, pour que nous puissions nous doucher en sécurité. Il nous fait confiance pour ne toucher à rien. Les filles hésitent et demandent quels seront les gars présents. Quand elles apprennent qu'il n'y aura que Blaise, qui sera le gardien des clés, elles sautillent de joie. Sarah se pend au cou du grand dadet pour lui faire un bisou sur la joue. Elle le traite comme un second grand frère. C'est de plus en plus flagrant. Quelques gars, qui sont de l'équipe si je me rappelle bien, ronchonne un peu mais acceptent par galanterie.

Blaise est hyper attentionné et se tourne pour ne pas gêner les demoiselles. Les filles et lui sont surpris de constater que je me bande la poitrine et rigolent quand ils découvrent que c'est juste parce que mes demi-melons me gênent. Bien qu'il embête sa frangine, il est hyper respectueux pour la pudeur des Kawaï et ne cherche pas à nous reluquer en douce. Nous nous lavons très vite et sommes prêtes quand Maltez toque pour nous emmener manger. C'est sous bonne escorte que j'arrive à la cafétéria où le vent de mes nouveaux exploits est déjà parvenu. Naya embrasse goulûment Maltez pour le remercier d'avoir usé de son influence pour mettre en sécurité des filles. Le regard affectueux qu'il lance à Sarah et Blaise me confirment qu'il ne l'a fait que pour ces deux-là et que l'opinion de sa bien-aimée n'a que peu d'importance dans l'affaire.

Quelques secondes et frêles créatures m'observent de loin, entre méfiance et admiration. Les raclées que Jonathan et Raoul ont subies semblent rendre très heureux un grand nombre de personnes. La présence d'une nouvelle brute épaisse aux allures de crevette inquiète ces mêmes gens. Ils devraient plutôt se méfier de la licorne qui tabasse la crevette pour me mettre au pas dès que je ronchonne. C'est elle la vraie terreur.

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