— Nestor ? Tu dors ?
 — Sylvette... Quand est-ce que tu comprendras que la nuit c'est fait pour dormir et que le jour c'est fait pour...
 — Nan passe que...
 — Il n'y a pas de " nan passe que " ! Je dors ! Point, barre !
 — Nan passe que...
 — Sylvette ?
 — Hum ?
 — Quelle partie n'as-tu pas compris dans " je dors " ?
 — Nestor, voyons ! Écoute. Tu sais, hier, on a chassé des mulots dans le champ d'à côté.
 — Oui, d'ailleurs ne le crie pas trop sur les toits, parce que ce champ c'est celui du gros Dédé. Il va pas aimer qu'on chaparde sur ses terres. T'as vu les crocs qu'il a ? Flippant, je ne voudrais pas...
 — J'dois faire une allergie ou un truc comme ça.
 — Une allergie au mulot ? T'es mulophobe maintenant ? Nous v'là bien...
 — Mais nan. Une allergie au foin, je pense.
 — Et qu'est-ce que je peux faire pour toi, Madame " je-dérange-tout-le-monde-à-trois-heures-du-matin " pour soulager ton allergie au foin ?
 — Pas grand-chose à vrai dire.
 — Bon, alors dormons !
 — Nestor ?
 — Bon sang ! Je rêve !
 — Tu veux bien me gratter le museau deux minutes. Ça me soulagera.
 — Et tu ne peux pas le faire toi-même ?
 — Ma poupouille d'amour, s'il te plaît.
 —...
 — Tu dors ?
 — ...

C'est ainsi que Sylvette pour éviter d'éternuer toute la nuit pris soin d'enlever un à un les brins de paille qu'elle avait dans le nez. Son ADN ainsi marqué à jamais transmettrait à toute descendance cette habitude néfaste qui finirait par atteindre la lignée de Robert.