Chapitre 4

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 Une chaleur apaisante embrassait Gabrielle. Tandis que ses paupières s’ouvraient, elle pouvait entrevoir cette lumière timide et teintée d’ocre se frayer un chemin au travers de la pénombre. Une femme aux habits tachés de sang et au visage couvert de sueur se penchait contre elle, passant ses paumes contre son corps. Mais ces gestes stoppèrent aussitôt. Les mains tremblantes, elle s’éloigna.

Je crois qu’elle est réveillée. Faites-moi sortir !

Sous un bruit sourd de mécanisme métalliques, une voix raque répondit :

Bien, partez sans plus attendre prévenir le général Ostengarld.

La guerrière sentait sont corps lourd et ses pensées embrumées. Son bras gauche, enroulé dans une écharpe, était maintenu en place par une éclisse. À chacune de ses respirations, elle pouvait sentir la résistance des bandages la recouvrant. Dans un mouvement pénible, elle tendit la main en direction du petit chevet à côté d’elle et attrapa une coupe d’eau. Elle en but l’intégralité d’une traite, si vite qu’elle en tâche son haillon.

Son lit était isolé au milieu d’une grande cellule qu’aucun rayon de soleil ne pouvait atteindre. La double couche de barreaux épais était fendue par une porte aux multiples engrenage. De l’autre côté, un soldat en armure saillante attendait, impassible. Il tenait contre ses poings une lance dépassant sa propre taille ainsi qu’un mur de fer et de bois, orné de glyphes, qui lui servait de bouclier.

Un homme à la barbe épaisse entra dans la pièce. Sur son visage terni par ses années de service, il affichait de lourde cernes.

Combien de temps depuis son réveil ?

Quelques instants, vous avez été prévenu au plus tôt.

As-telle eu un comportement inhabituel ?

Non, elle a simplement bu. Elle doit être déshydratée.

Sur ces mots, le général se retourna vers la cellule et reprit :

Toi, je sais que tu peux parler. Quel est ton nom ?

Gabrielle ne décrocha pas un seul mot. Elle s’assit contre la paroi froide du mur collant son lit et resta le regard figé dans le vide.

Parle !… Nous t’avons sauvé la vie, nous pouvons également te la reprendre. Tes exploits ne changeront rien au fait que tu t’es introduit sur l…”

Gabrielle… Je m’appelle Gabrielle. Vous êtes content ?…

Bien, tu n’as donc pas perdu ta langue au combat. Dis-moi, d’où viens-tu ?

De la Terre des Géants.

Tu ne possèdes pas la marque des condamnés. Comment as-tu réussi à y rentrer ? Existe-t-il d’autres passages ?

Je n’en sais rien, j’y suis née.

Ne joue pas la sotte avec moi ! Personne ne peut survivre au moindre printemps là-bas. Qui t’envoie !? Réponds-moi !

Les personnes que vous jetez dans cet enfer sont plus résistantes que vous ne le pensez.

Cette femme dit vrai, répondit le soldat.

Ikaar, taisez-vous et laissez-moi faire un peu ! Mes ordres étaient clairs, vous êtes ici pour la surveillez, rien de plus.

Sur ces mots, le paladin s’avança et lança un regard glaçant au vieil homme.

Je ne réponds qu’aux ordres de la grande Providence. Dites-moi, général, pensez-vous réellement qu’il s’agit là d’une simple humaine ? Rappelez-vous cet homme qu’elle a sauvé au cœur du combat. Ne croyez-vous pas que Sanctia elle-même ait pu guider ses pas jusqu’à nous ?

Elle n’est pas normale, je vous l’accorde. Mais c’est bien là tout ce que nous savons. Sa seule présence ici est un danger !

Ne craignez point, car la volonté divine est à l’œuvre en ce moment-même. Je le sens.

Levant la tête vers les barreaux, Gabrielle répondit d’une voix faiblarde :

Je ne sais pas ce que vous vous racontez. Mais je me suis battu pour rejoindre l’autre côté du mur. Emprisonnez-moi si ça vous chante, peut importe… Je survivrais.

Il est vrai que cette explosion t’as bien avantagé, reprit le général. Crois-moi que lorsque la lumière sera faite sur cette affaire, tu seras jugé pour ce que tu es. La justice n’a pas de pitié pour…

Un claquement de porte sourd coupa la conversation. Il s’agissait d’un soldat. Essoufflé et transpirant, il s’exclama :

Mon général, une missive est arrivée en provenance de…

Je me fous d’où ça vient, ça attendra ! Qu’avez-vous tous aujourd’hui avec l’insubordination !?

Pardonnez-moi monseigneur, mais… il s’agit là d’un ordre royal.

Les dents serrées, Ostengarld s’avança vers son subordonné et le repoussa tout en lui retirant le parchemin des mains. Sans attendre, il déchira le sot et tourna en rond dans la pièce tout en lisant son contenu. À mis-chemin, il s’arrêta. Un sourire discret apparut sur son visage.

Tu es chanceuse, Gabrielle. Le Grand Roi en personne veut s’occuper de toi. Peu de prisonniers ont la chance de voir le palais avant leur sentence… Ikaar, vous irez chercher votre meilleur chasseur et vous nous escorterez jusqu’à la capitale. Nous partirons demain, dès l’aube.

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