Chapitre 1-1.
Sa silhouette semblait vouloir se fondre avec le paysage sans pouvoir y parvenir.
Il était impossible de séparer la température ambiante de son propre corps, dans la création de ces vagues de déformation qui l’entouraient.
Gill avançait sur une route au macadam collant de chaleur. Le PVC de ses semelles ne l’appréciait pas.
Lumière omniprésente, et silence total.
“Gill. Tout est stocké dans le point zéro. Tu ne peux rien perdre.”
Adiane tentait désespérément de le joindre par télépathie. Lui, si totalement pris par sa marche vers la ligne d’horizon, comme sourd.
“Mourir est notre destin, tu le sais.”
“Gill !”
“C’est pas une raison suffisante pour tout oublier !”
Elle était assise sur le coffre de la voiture, d’où il était parti.
Adiane le regardait s’éloigner. Petit point ridicule à présent.
“Tu devrais venir voir ça”, souffla-t-il.
Adiane saisit la bille de son collier entre son pouce et son index. Elle projeta son esprit dedans, ce qui la fit percevoir le monde depuis la bille à l’oreille de Gill.
“Non, j’ai dit: venir voir. Viens !”
La main d’Adiane s’absorba dans la bille pendant qu’elle se couchait dans le coffre et, bientôt, c’est tout son corps qui disparaissait dans le nacre.
Puis, le silence.
“P*tain, elle refait ça”, grommela Gill, qui jeta son regard par-dessus l’épaule afin de sonder vite-fait vers la voiture: personne.
Elle s’était tout bonnement volatilisée.
Une seconde seulement depuis sa disparition, le bout du nez d’Adiane transparu au milieu du thorax de Gill, qui tomba à genoux.
La douleur, intense, était parfaitement canalisée dans les réflexes tenaces de Gill. Il savait respirer. Deux yeux bientôt sous ses clavicules, bleus comme les veines qui ne pouvaient plus faire transiter le sang. Il déboutonna sa chemise pour la laisser passer.
Un bras transparaissait: enfin, le coude, la main s’aggrippait sur la hanche de Gill pour sortir le reste du corps.
Il gémit:
“Je n’arrive pas à croire que tu me fasses ça comme on joue à chat simplement pour prouver que tu peux m’attraper.”
Adiane rampait devant lui maintenant qu’il ne restait plus qu’une jambe à transmuter.
Elle répondit sans la moindre hésitation:
“Une image vaut mille mots.”
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