Partie 2 : Terres d'argile Chapitre 2 : Un étrange conflit
Je me suis endormie, blottie contre ma jument. J'ouvre enfin mes yeux, et je n'arrive pas à m'habituer à l’obscurité. Seuls de petits filaments fluorescents sur les parois me permettent de me repérer. Je ne sais pas de quoi ils sont faits, ni s’y se sont des êtres vivants ou des éléments radioactifs collés sur la roche. J’ai décidé de les suivre, cette main courante visuelle me rassure même si j’ai conscience que le monde dans lequel j’évolue, m’est inconnu. Ma compagne de voyage est toujours présente à mes côtés. Elle me suit, elle est mon ombre, et je suis son guide à moins que ce ne soit l'inverse. Son souffle sur moi est doux, et apaise mes angoisses. Je suis un couloir sans fin, cela fait déjà une éternité que j’avance au même rythme sans apercevoir la moindre lueur d’espoir.
Je saisis ma gourde pour me désaltérer. Ma gorge est sèche, il se dégage, sous forme de minuscule geyser, beaucoup d'humidité cela devrait m’aider. Tout à coup, je me sens nauséeuse. La tête me tourne, mes jambes ne me portent plus. Je m’écroule, ma chute est amortie par le corps de mon cheval, ce qui m'évite de me fracasser le crâne sur les cailloux coupants qui jonchent le sol. Je perds connaissance. Dans mon esprit, les images se succèdent : je vois mes parents disparaître sous le joug de celui qui m’a annoncé être mon géniteur - son regard me hante encore et encore - Ensuite se rejoue ma fuite et ce sont les yeux de cet homme qui m’a donné sa vie pour sauver la mienne qui viennent jouer devant moi. Mes pensées se bousculent sans que je ne puisse faire quoique ce soit.
Après une heure de conflit intérieur, mon retour à la réalité est facilité par un museau qui diffuse un souffle chaud dans mon cou. J’ouvre à nouveau les yeux, éblouie cette fois par une vive lumière qui se diffuse au plafond. Les filaments semblent avoir converger en ce lieu pour former une voute céleste étincelante. Cette nouvelle ambiance ne m’inquiète pas, je ne comprends pas pourquoi. Au fond de moi, je ressens même plutôt une certaine quiétude. Peut-être que le parfum qui se diffuse dans l’air est responsable de cette sensation. J’ai l’impression que mon corps et là mais que mon esprit flotte entre deux espaces. Pourtant je n’ai pas encore quitté ce monde, les battements de mon cœur sont constants dans ma poitrine et la goutte de sang qui glisse le long de mon visage est bien réelle. J’ai dû m’égratigner en tombant. Alors que je m’appuie sur ma main pour me relever, un poids sur mon épaule me fait tomber à nouveau, sur les fesses. J'essaie de lutter, mais contre qui ? contre quoi ? Et si j’étais prisonnière de moi-même ?
Après un effort inhumain, je me redresse. Je cherche vainement autour de moi des réponses à mes questions. De toute façon, je suis seule, enfin pas vraiment ma jument est toute proche de moi. Ses grands yeux bleus viennent de se figer, comme si elle percevait quelque chose qui pour moi était invisible. Par réflexe, je remonte ma main le long de son flanc, pour me saisir de l’arc accroché à la selle. À son contact, une onde parcourt tout mon corps. Mes doigts viennent de se déposer non sans mal sur la poignée, ma main ne fait plus qu’une avec elle. Je me saisis d’une des flèches qui est rangée dans le carquois, et me prépare à armer. Je ne quitte pas des yeux l’issue qui se dessine au loin dans la paroi, quand je réalise que ce que je m’apprête à faire est insensé.
Ils étaient là face à moi,
Ils semblaient aux abois.
Ils ne voulaient pas m’effrayer,
Je n’espérais qu’une chose leur parler.
Ils ne bougèrent pas.
Je ne reculais pas.
Leurs yeux émeraudes me fixaient,
Leurs regards m’envoûtaient.
Le soleil au loin se levait,
Leurs ombres disparaissaient.
Rêve ou cauchemar, je ne savais plus
Pourtant les retrouver devint mon but.
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