Chapitre I partie 3
Un millénaire après le prologue sur Saphre, à Chrymès.
Klarysse n'avait toujours pas résolu le mystère de la dernière fois, où se trouvait cette fameuse salle ? Elle ne savait rien de Celest et ne parvenait pas à remettre la main dessus. Une seule solution, le laisser revenir vers elle au risque de se faire embobiner une fois de plus. La jeune fille ne savait rien des intentions, qui semblaient douteuses, de ce garçon. Il était huit heures et demie et l'élève de terminale marchait nonchalamment vers les grilles de l'établissement lorsque Celest apparut derrière elle sans un bruit, elle ne l'entendit alors pas.
— Je la prends par surprise ou je la salue juste ?, se demanda-t-il pensivement. Un week-end de passé et elle ne m'a tout de même pas oublié…
— Aaah mais tu es complètement cinglé, lança-t-elle, lorsque celui-ci s'agrippa sur son épaule pour exécuter un petit saut et se retrouver en un rien de temps devant elle.
— Une arrivée trop brutale a fait chavirer le cœur de mademoiselle Klarysse, oh mon dieu milles excuses, cela ne se reproduira plus très chère, déclara-t-il toujours avec son ton sarcastique. Je tâcherai de me montrer plus prompt la prochaine fois.
Klarysse excisa un petit rictus à peine visible que Celest perçut brièvement, avec un grand sourire triomphant.
— Vraiment je me demande pourquoi tu t'évertues à vouloir me parler, clairement je n'ai rien de plus que les autres et j'ai mauvais caractère, déclara-t-elle sagement.
— C'est justement ce qu'il me fallait, je vais pouvoir compléter ma collection de cercueils dans les sous-sols... (ce qui lui valut un regard noir de Klarysse) non mais sérieusement tu n'as aucun humour ou quoi ? C'est mauvais pour la tension artérielle de rester tendue comme ça, finit-il en soufflant.
— Tu me fais juste penser à quelqu'un c'est tout, mais c'est du passé tout ça, lâcha-t-elle plus froidement qu'elle ne l'aurait voulu et pour joindre ses paroles à ses actes, elle fit volte-face et s'en alla.
Je ne peux pas réussir à tous les coups n'est-ce pas ? Cette fille est différente des autres, c'est bien cela qu'il me faut, se dit le jeune homme. Arrivé fin de journée, il allait tenter de rattraper le coup en l'attendant à la sortie de son dernier cours.
— Hey ! Ta journée s'est bien passée ?, tenta-t-il afin de démarrer la conversation.
Mais Klarysse restait toujours fermée.
— Comme si ça t'intéressait...
— Bon pour essayer de remonter dans ton estime, je te propose de refaire un petit saut dans ma petite bibliothèque privée. Ça te dit ?
— Mhmm à condition qu'au moment où j'en ressors la mémoire ne me lâche pas ! Qu'as-tu fais pour me rendre amnésique sur ce détail ?
— Arrête de poser tant de questions Klarysse, ça en devient presque insupportable.
En réalité, il ne lui disait cela que pour la faire un brin enrager.
Tous deux reprirent le même chemin que la fois précédente pour se rendre dans la salle mystérieuse. Celest en profita pour lui montrer d'autres ouvrages tout aussi intéressants que celui qu'elle avait lu la fois dernière. Tous relataient une partie d'histoire du continent à travers différents témoignages, tandis que certains se complétaient et d'autres se contredisaient. Qui fallait-il croire ?
— Mais après tout c'est du passé, peu importe lequel dit vrai ou faux ne crois-tu pas ?, finit Celest au milieu de la conversation.
— Eh bien, j'ai plutôt une fâcheuse tendance à vouloir tout savoir et connaître la pure réalité. Le passé m'a joué trop de tours je crois que cela doit être pour cela que je le comporte ainsi. J'ai conscience que cela est parfois difficile à supporter mais c'est mon caractère et je ne le changerai pour rien au monde, déclara Klarysse sobrement.
— N'as-tu jamais fait de concessions dans ta vie alors ? N'as-tu jamais envisagé ce que tu pensais juste ne l'était pas pour un autre ? Il n'y a pas d'amour sans sacrifices je crois.
— Les sacrifices, ce ne sont que pour les faibles ! L'amour n'est qu'une faiblesse humaine, qui n'apporte que désespoir et fragilité. Je ne veux plus être vulnérable, je veux tout pouvoir contrôler, je veux avoir la force ! , s'emporta-t-elle bien trop pour une situation qui n’en valait pas la peine.
— Alors tu mourras plus vite car une vie sans amour est comme une flamme sans oxygène, elle s'éteint très vite, lui prévînt-il en lui tendant la Chronique des Arcanes : un tome qu’il avait attrapé sur l’étagère derrière la jeune fille.
« Après que la lueur de mon regard ne se couche
Mais avant que le voile obscur ne brille,
Tâche une dernière fois de
Sonder les abîmes des Esprits
Dont la gloire assombrie renaît au loin.
De son drapé scintillant
Qui te couvera encore et encore…
Tu allais terrible à travers la Reine sombre pensante,
Buvant l’élixir d’ambroisie s’écoulant,
Scellant le pacte de la Paix d’antan.
L’Éternité t’appartenant, la lignée d’Or se présenta
Mais l’Éternité ne dure
Alors cette Nature luxuriante, s’effeuille doucement
Tandis que sous tes pieds s’effrite la couleur du Mal.
La brise suave murmure à tes oreilles
Que la Terre paisible est non loin
Sans une once de discordes, de démêlés
« À l’Orée du bois, au beau jour
Tu trouveras
Tu chercheras
Ce que tu trouveras
La Paix Originelle, le Chaos Harmonisé »
Nul ne tremblera encore
Car ce Paradis engloutira tous
Les Maux sur son passage.
Restera l’humble souvenir dansant
Qui par transparence réfléchira
La malfaisante bonté de l’ivresse de ton cœur.
Seul. »
Annotations