Chapitre 21 : un rayon de soleil dans le tumulte du monde
Si le processus de transition vers l’indépendance de la Tunisie semblait se passer dans le calme et la sérénité, cela allait de mal en pis en Algérie. Courant avril 1956, le gouvernement français décida de rappeler 70 000 réservistes supplémentaires et de les affecter au maintien de l’ordre, sans que cela change quoi que ce soit au climat délétère dans les départements algériens. Pire même, deux dirigeants indépendantistes, ainsi que le représentant des oulémas (théologiens de la foi musulmane) jusque-là très modérés, se rallièrent au FLN.
De là où nous étions, au fin fond de notre désert, nous avions l’impression d’assister à un mauvais film. Tout le monde voyait que la solution n’était pas dans la surenchère, mais on y plongeait quand même la tête la première.
La tension ne redescendait pas côté français : des étudiants et des organisations patriotiques manifestèrent contre le décret du 17 mars (pris dans un souci d’apaisement) permettant l’accès à la fonction publique des musulmans. Ces jeunes en rendaient le Ministre-résident responsable et le jugeaient trop libéral.
Comme si cela était encore nécessaire, près de quatre-vingts personnes furent massacrées par des soldats français [1] dans la presqu’île de Collo à Benj Oudjehane le 11 mai 1956. Peu après, en représailles, les unités du 9e RIC tombèrent dans une embuscade. Bilan : dix-sept appelés du contingent tués et quatre faits prisonniers. Dans l’opération militaire de ratissage qui suivit, il y eut quarante-quatre morts. Les 26 et 27 mai, toute la casbah d’Alger fut investie par l’armée et la police, des milliers de suspects arrêtés et interrogés par les forces françaises.
Cette escalade ne présageait rien de bon. Même nous, protégés par des centaines de kilomètres de sable, commencions à nous inquiéter des conséquences de cette violence qu’on sentait en train de monter en flèche.
Dans cette cacophonie guerrière survint une embellie soudaine avec la découverte d’un important gisement de pétrole à Hassi Messaoud, dans le Sahara. Le développement économique pourrait prendre un nouvel essor avec cette opportunité inattendue. Cette manne providentielle, dans le contexte de la nationalisation du canal de Suez par la récente république égyptienne de Nasser, et de guerre froide entre les deux superpuissances, devenait stratégique. Il pourrait permettre à la France de conserver son indépendance énergétique.
À notre grand dam, une partie de la garnison garantissant notre protection partit là-bas sécuriser le périmètre, de peur que le FLN ne vienne y commettre des exactions. Que la moitié de nos effectifs de défense nous quitte d’un coup n’avait rien de rassurant. Heureusement que nos relations avec la population locale étaient bonnes. Poussé par mes collègues, j’appelai le ministre pour m’émouvoir de notre situation. J’obtins son directeur de cabinet qui me rasséréna en me promettant de nouvelles troupes « aussi vite que possible ». Sans aucun engagement, donc… Il fallut que je prenne sur moi pour tranquilliser mon équipe.
En août, des « contre-terroristes » de l’ORAF[2] commencèrent à commettre des attentats. Une bombe dans la casbah d’Alger fit quinze morts et une quarantaine de blessés le 10 août. L’escalade se poursuivit avec les explosions liées aux actions du FLN au Milk Bar et à la Cafétéria qui se soldèrent par quatre tués et cinquante-quatre blessés.
« Si tout le monde se met à poser des bombes, me disaient Paulo et Josiane, comment cela se finirait-il ? » Mal, sans doute… Très mal.
Dépité je racontai à Simone cette escalade absurde de la violence entre FLN, armée française, puis contre-terroristes de l’ORAF. Leur imagination et leur soif de victoire semblaient sans limites. Elle-même n’était pas très inquiète, me sachant géographiquement éloigné des zones de combat et rassurée par mes coups de fil réguliers.
— Ils sont devenus fous, Simone, ce pays était tellement beau avant. Il y avait cette douceur de vivre, ce calme…
— Ils luttent pour leur liberté, Robert. Tu te souviens de tes années de résistance contre l’envahisseur nazi ?
— Oui, bien sûr. Mais je ne vois pas le rapport.
— Au FLN, ils luttent aussi contre l’envahisseur français. Je sais que ce n’est pas pareil et surtout pas facile à admettre pour toi, mais la France en Algérie en ce moment, c’est un peu comme l’Allemagne nazie en France en 40-44.
— Quand même, Simone, la comparaison est osée !
— Certes, il n’y a pas de déportation massive ni de volonté d’extermination d’une race. Mais réfléchis… Est-ce qu’ils ont demandé qu’on vienne ? Est-ce que la France ne leur impose pas des lois, des règles qui vont à l’encontre de leurs traditions ?
— On leur a quand même apporté la civilisation, la médecine, l’éducation…
— La civilisation ? Tu plaisantes ?
— Ben non.
On leur avait amené tout ça, les hôpitaux, l’administration, l’école.
Elle reprit de plus belle :
— Tu te souviens qui a inventé le zéro ?
— Non.
— Il a été inventé par les Arabes, Robert, alors que nous, occidentaux, nous en étions encore aux chiffres romains. Tu imagines le progrès ?
— …
En effet, sans le zéro, pas de chiffres décimaux ni tellement d’autres possibilités mathématiques et surtout, pas de fusées. Elle avait marqué un point.
Je n’allai pas me laisser convaincre aussi facilement. J’avais plein d’autres arguments :
— Tout de même, avec la médecine moderne qu’on leur a apportée, ils vivent plus longtemps, non ?
— Plus longtemps, peut-être, mais sont-ils plus heureux qu’avant l’arrivée des Français ? Ne sont-ils pas en permanence sous le joug des colons français ?
— Quand même, le « joug », tu y vas fort.
— Tu as vu beaucoup de propriétaires terriens arabes avec des ouvriers français ? Qui vit dans la casbah ? Les Français ?
J’ai pensé un moment lui rétorquer que la France n’avait pas tué des Algériens en masse, contrairement aux Allemands lors de l’occupation, puis, m’est revenu en mémoire l’histoire de la conquête de l’Algérie : entre 1830 et 1850, près d’un tiers de la population du pays disparut, massacrée ou affamée par l’armée française. C’était sans compter l’épidémie de choléra de 1870 qui, conjuguée à la famine, avait fait à nouveau environ un million de morts. Tu parles qu’on leur avait apporté la santé. Elle était dans le vrai, il fallait bien l’admettre. Mais quand même, c’était assez dur à avaler.
— Je sais, Simone. Tu as sans doute raison, mais comment justifier l’attentat du Milk Bar ? Celles et ceux qui buvaient un coup n’étaient pour rien dans les rafles de la casbah.
— En effet, mais rien ne justifie non plus les bombes de l’ORAF.
— Absolument, on est d’accord. Rien ne justifiera jamais aucune bombe contre des civils.
Au moins, nous étions d’accord sur le fait que la guerre devait rester une affaire de militaires et, en aucun cas, concerner les populations. Toutefois, dans le cas de l’invasion d’un pays par un autre — comme ce fut le cas de la France en 40-44 et de l’Algérie maintenant — comment considérer les mouvements de résistance nationaux ?
Plus le temps avançait et plus, elle commençait sérieusement à se demander si elle était bien à sa place au CEA.
— Quand je pense que je vais participer à donner les moyens à la France d’avoir la bombe atomique…
— C’est la dissuasion, Simone. L’objectif, c’est de l’avoir pour ne pas s’en servir.
— Ça, c’est la théorie, Robert. Quand on l’a, on ne sait jamais ce qui peut arriver. Il suffit d’un fou parvenant au pouvoir dans un pays la possédant.
— On ne s’en rendra pas compte. On n’aura pas le temps.
— Ce n’est pas drôle, Robert.
Non, ce n’était pas drôle du tout en effet. Le monde devenait fou et armé jusqu’aux dents avec des armes de destruction massive. On allait pouvoir détruire la planète plusieurs fois. Une seule suffirait largement.
L’actualité autour de nous ne facilitait pas la concentration sur notre propre programme. Si nous ne ressentions pas directement les éclats de la guerre d’Algérie elle-même, nous en percevions les effets par la radio, mais aussi par la tension permanente des soldats assurant la sécurité de notre base. Malgré tout, cette Année Géophysique approchait à grands pas et, depuis plusieurs mois, nous avions toujours des soucis récurrents d’injecteurs sur notre Véronique AGI. Au bout de quelques secondes, ceux-ci se bouchaient irrémédiablement sans qu’on arrive à identifier la cause. Nous devions d’urgence faire un point exhaustif des obstacles qu’il nous restait à lever :
— Bon, les gars, je vous rappelle que l’Année Géophysique, c’est entre juillet 57 et décembre 58, dis-je, pour lancer la réunion.
— Ça fait un peu long comme année, non ? ne put s’empêcher de railler Paulo.
— Paulo…
— Désolé, répondit celui-ci avec un grand sourire.
— Comme nous l’avions décidé, il y a plusieurs mois maintenant, nous devons lâcher du sodium dans la haute atmosphère, évoquai-je, pour essayer de reprendre le contrôle.
— Pour cela, il faut l’atteindre…
— En effet, c’est tout l’objet de cet échange. Qu’est-ce qui coince pour y arriver ?
— Le carburant, pour avoir plus de poussée.
— Ça, c’est réglé, lança Georges. Nous sommes passés au couple essence de térébenthine-acide nitrique, sur les préconisations de Dieter. On devrait obtenir 20 pour cent de poussée supplémentaire.
— Ja, exact, approuva Dieter.
— Quoi d’autre ?
— La taille de la fusée ?
— Ça aussi, c’est résolu. On dispose de trois modèles de plus de sept mètres avec plus de place pour le carburant et un emplacement dédié aux paillettes de sodium, confirma Gérard.
— Bon, alors ?
— Reste la question des injecteurs. Impossible de faire durer la combustion plus de quelques secondes, expliqua Gérard. On a eu beau tourner le problème dans tous les sens, on sèche.
— Quelles sont les compétences qu’il vous manque pour arriver à traiter ça ?
— Là, c’est un mécanicien, un spécialiste des moteurs à injection, quelqu’un de l’aviation, avec des bases de chimie de préférence.
Un oiseau rare, quoi.
— Bon, je vais voir ce que je peux faire. N’oubliez pas qu’il faut qu’on soit prêts avant décembre 1958. Il nous reste à peine plus de dix-huit mois.
— Heureusement que cette année est singulièrement longue…
— Paulo !
Parfois, il était quand même pénible. Sous prétexte de détendre l’atmosphère au sein de l’équipe, il me tendait un peu, moi.
— Robert, on est plusieurs à être préoccupés : question sécurité, on ne risque rien ici ? intervint Paulette, l’une des chimistes.
— Pas que je sache. De plus, le ministère m’a promis que notre garnison allait être renforcée.
— Ça serait bien, parce que vu ce qu’il se passe dans les villes, faudrait pas que ça vienne jusqu’ici.
— Ne vous inquiétez pas. Je n’ai pas plus envie que vous que la guerre[3] nous rattrape et nous atteigne. Je vous tiens au courant dès que j’ai des nouvelles sur les effectifs. Pour Véronique, je compte sur vous.
— Chef, oui, Chef !
Décidément, je ne m’y ferai jamais.
Aussitôt la réunion terminée, je contactai le cabinet du ministre, qui avait changé une nouvelle fois. Par chance, les dossiers se suivaient, puisque le conseiller avec qui j’échangeai était au fait du projet Véronique.
— Bonjour, Robert, alors, comment ça se passe à Hammaguir ?
— Bien, plutôt bien mais il y quelques sujets dont j’aimerai m’entretenir avec vous.
— Que puis-je faire pour vous ?
— Deux choses. La première concerne la sécurité de la base.
— Il y a des problèmes de sécurité ?
— Non, il ne s’agit pas exactement de cela. Tout le monde s’est ému quand la moitié de notre garnison est partie à Hassi Messaoud, protéger le champ de pétrole.
— Oh, ce n’est que cela ? Ne vous en faites pas. Il va y avoir encore de nombreux renforts en Algérie. On devrait pouvoir vous trouver une ou deux compagnies pour Hammaguir. On vendra ça à Salan[4] comme une phase de repos pour ses soldats.
— Merci, Monsieur le conseiller.
— Vous me parliez de deux choses ?
— Oui, cette fois-ci, il s’agit d’un problème technique. Nous rencontrons une difficulté avec des composants de Véronique. Il nous faudrait un spécialiste des moteurs à injection de l’aviation. S’il avait également des bases de chimie, ça nous arrangerait bien.
Il prit quelques instants pour réfléchir et me proposa enfin possible solution :
— Si je vous trouve un expert des réacteurs, dans la SNECMA ou chez Turboméca ?
— Ce serait vraiment parfait ! Tenez-moi au courant. Ils vont être enchantés chez moi.
Hammaguir était dorénavant mon nouveau foyer. Véronique aussi.
Aussitôt raccroché avec l’hôtel de Brienne, je fis part à Gérard et Dieter des bonnes nouvelles obtenues. J’allais ensuite prévenir le commandant, responsable de l’effectif de sécurisation de notre périmètre. Savoir qu’il allait être remplacé bientôt l’enthousiasma. Il n’avait qu’une envie : aller en découdre avec le FLN. Je n’étais pas certain que ses soldats étaient aussi impatients que lui.
Début mars, cela nous tomba dessus. Je reçus un coup de fil totalement inattendu :
— Allo, Robert ?
— Oui, à qui ai-je l’honneur ?
— Général de Gaulle.
— Mes respects, mon Général !
Je ne sais pas pourquoi, je me suis levé et mis au garde-à-vous dans mon bureau.
— Repos, Robert, repos.
Mince, comment savait-il que…
— Je fais souvent cet effet-là.
Comme s’il m’avait entendu penser.
— Que puis-je pour vous, mon Général ?
— Dans quelques jours, j’effectuerai un voyage privé à Hassi Messaoud. Je veux me rendre compte de visu du potentiel de cette découverte qui pourrait garantir à la France son autonomie en pétrole pour des décennies. Je me suis dit que je pourrais en profiter pour passer vous voir. Qu’en pensez-vous ?
— … grmblebleble… Avec plaisir, mon Général.
— Disons, le 14 mars ? Vous prévenez le ministère. Je ne voudrais pas leur faire un petit dans le dos.
— Oui, mon Général.
— À bientôt, Robert.
— Mes respects, mon Général.
Il avait déjà raccroché.
Tout chamboulé, ému et retourné de savoir que le Général connaissait mon prénom et allait venir nous voir à peine quelques jours plus tard, je réunis en urgence l’équipe et en particulier mes appuis les plus proches ainsi que le commandant de la garnison. Quand je leur appris la nouvelle, la fébrilité les saisit aussitôt. Il fallait que tout soit tiré au cordeau.
J’appelai également le ministère pour les informer de la visite du Général. À cette occasion, on m’expliqua qu’un ingénieur, spécialisé dans les réacteurs d’avion, et comme moi un ancien de l’ICPI, était en route et arriverait sous peu.
J’eus Simone le 13 mars. Elle s’amusa beaucoup de mon attitude avec le Général au téléphone. De son côté, elle m’apprit qu’il y avait de plus en plus de chances que le site d’essai de Gerboise bleue soit dans le désert algérien. Où exactement ? Elle n’en savait rien. De plus, tout était couvert par le secret de la Défense nationale, top secret. Vu le contexte de la guerre avec le FLN, la décision semblait surprenante. Mais c’est vrai que faire exploser la bombe en banlieue parisienne aurait été étonnant. Finalement, le Sahara était sans doute la meilleure solution. Encore fallait-il garantir la sécurité vis-à-vis des fellagas.
Durant les quelques jours nous séparant de la visite, nous vîmes les troupes de la base défiler, effectuer des exercices, astiquer les boutons de leurs uniformes. Ils allaient réellement être comme à la parade. Leur commandant avait en outre prévu de parler au Général afin d’essayer d’accélérer sa date de départ vers les zones de combat.
Le Général arriva le 14 comme programmé[5], et, fait exceptionnel pour la région, sous une pluie battante. Il était impressionnant, même en civil. Il faisait largement plus d’une tête que moi et j’eus mal au cou lorsqu’il nous quitta. Il n’exécuta qu’une visite éclair de nos installations. Toutefois, il prit le temps de saluer chacun des membres de l’équipe de Véronique et termina son bref passage par quelques mots adressés à tous :
— Mesdames, messieurs, je veux que vous sachiez que vous travaillez pour le rayonnement de la France. Ce que vous réalisez ici est capital pour nous. Nous ne pouvons laisser aux deux grands la totalité du ciel et de l’espace. La France doit y être aussi. De là-haut, notre pays brillera plus fort ! Je compte sur vous pour que cette Année Géophysique Internationale démontre au monde entier le savoir-faire des ingénieurs français. Merci à tous, Vive Véronique, vive Véronique et vive la France !
Sous les applaudissements nourris, il tourna les talons et repartit dans son avion, toujours sous la pluie. Il ne pleut ici que dix jours par an et il a fallu que ce soit ce jour-là. Le commandant n’avait pas réussi à lui parler en privé et devrait donc attendre un peu qu’on le relève. Il n’irait pas se battre tout de suite.
Quand je racontai à Simone cet épisode pluvieux, juste sur le Général, elle éclata de rire pendant de longues minutes. Elle se montra également tout émue et ravie lorsque je lui annonçai la deuxième naissance chez Paulo et Josiane, un second fils qu’ils avaient appelé Alain, né le lendemain de cette visite exceptionnelle. Cet agrandissement de la famille de mon ami nous semblait un rayon de soleil dans le tumulte du monde.
[1] Comme le précise l’historienne Claire Mauss-Copeaux dans son livre « La source, mémoires d’un massacre Oudjehane, 11 mai 1956 » paru chez Payot, celui-ci ne serait qu’un parmi une série de six, commis par ce 4e BCP durant l’année 1956.
[2] L’Organisation de la résistance de l’Algérie française (ORAF) était un réseau clandestin anti-indépendantiste rassemblant les agents « contre-terroristes » durant la guerre d’Algérie (1954-1962). L’ORAF était proche des milieux gaullistes, du SDECE et de l’armée française et luttait contre les indépendantistes algériens du FLN.
[3] Ce terme de « guerre » a commencé à être employé, non seulement par les Algériens, mais aussi par les soldats français. L’ORTF à l’époque ne parlait que des « événements ».
[4] Le Général Salan, commandant militaire de la région d’Alger, deviendra plus tard l’un des quatre généraux putschistes. Il fondera l’OAS en 1960.
[5] La visite privée du général de Gaulle en mars 1957 sur le champ pétrolifère de Hassi Messaoud est une réalité historique. Le détour que je lui ai fait faire par Hammaguir l’est moins.
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