Chapitre 22 : pas d'une clarté limpide
Regonflés à bloc par la visite du Général, par ses encouragements adressés à toute l’équipe et par l’arrivée du nouveau membre provisoire, un certain Max, nous étions tous repartis de plus belle dans les expérimentations destinées à solder ce problème de foutus injecteurs. Notre recrue était un grand gaillard tout chauve de près de deux mètres, mince comme un manche à balai, toujours avec un sourire et une cigarette au coin des lèvres. Il avait d’ailleurs fallu lui faire passer cette habitude très vite, surtout à proximité des stocks de carburant. Il s’agissait sans doute d’un « chimiste à l’ancienne », sorti de la même école que moi, mais quinze ans plus tôt, de ceux qui fumaient encore dans les labos. Malgré tout, grâce à lui, nous repartîmes d’un bon pied, ayant l’impression que les obstacles s’effaçaient les uns après les autres. Nous abattions des montagnes !
— Robert, Max ist extra ! clama Dieter en me faisant un geste, pouce levé.
— Il a aussi trouvé un truc qu’on n’avait pas détecté sur l’empennage de la fusée, surenchérit Gérard.
— J’espère qu’il ne va pas détecter d’autres erreurs que vous n’avez pas vues, fis-je railleur
— Non, c’est pas ça. T’es con, Robert ! En plus, il s’est très vite intégré.
— J’ai vu ça, tant mieux ! Et ces histoires d’injecteurs ?
— Ça avance. Il a demandé à sa boite de lui envoyer quelques pièces, ça devrait le faire.
— Il les reçoit quand ?
— La semaine prochaine, je crois
— Quand pourra-t-on faire un test à vide, d’après toi ?
— Juin-juillet, sans doute.
— OK, ça marche
Les choses progressaient, enfin. J’avais eu l’impression que nous avions fait du sur-place durant plus d’un an. C’est sans doute comme ça que se déroulent les projets de cette envergure : de grandes avancées d’un coup entrecoupées de stagnations.
Malgré le mélange d’enthousiasme et d’angoisses généré par les percées récentes sur ce projet Véronique, je ne pouvais pas m’empêcher de ressentir également une certaine mélancolie. Avec Simone, nous n’avions pu nous voir que quelques jours autour de Noël 1956, en Ardèche chez mes parents. Nos conversations téléphoniques régulières n’y faisaient pas grand-chose : elle était loin de moi et me manquait terriblement.
La bonne nouvelle dans tout cela fut ce que m’annonça Simone, sous le sceau du secret : le gouvernement français avait décidé de faire le premier essai de bombe atomique – auquel elle participerait – dans le désert algérien. Ce serait sans doute dans l’est du Sahara, donc pas juste à côté de Hammaguir, mais moins loin que Saclay. Je devais rivaliser d'efforts pour cacher ma joie et ne pas trahir ce secret. Enfin, Simone se rapprochait de moi !
Une fois la majorité des obstacles levés sur Véronique AGI, nous touchions l’instant de vérité. Allait-elle tenir ses promesses et monter à plus de cent kilomètres d’altitude ? Eh bien non… certes, ce fut mieux que la fois précédente, elle atteignit quatre-vingts kilomètres, mais toujours pas suffisant. Encore ces foutus injecteurs qui semblaient se recouvrir d’un truc visqueux indéterminé et qui finissaient par se boucher, arrêtant la combustion. Il devenait impératif de savoir ce qui se passait exactement, et quelle était la nature de ce dépôt. Nous devions essayer de reproduire le phénomène au sol sur la partie avant combustion. En effet, il était impossible de récupérer cette espèce de sédiment une fois la fusée montée à plusieurs kilomètres d’altitude et retombée par terre, éparpillée. On n’était pas certain d’arriver à en retrouver tous les morceaux.
Georges, Dieter et Max s’attelèrent à la tâche. Ils avaient dessiné les plans de la maquette d’une partie du moteur. Il allait aussi falloir acheminer acide nitrique et essence de térébenthine, puis faire brûler l’ensemble en utilisant les injecteurs, sans mettre le feu au bâtiment ni blesser personne. Tout cela, bien sûr, en espérant reproduire le phénomène qui nous causait tant de soucis.
Entre-temps, la Terre tout entière avait entendu le « bip-bip » de Spoutnik le 4 octobre 1957, une date marquante pour la conquête des étoiles. La fusée était partie de Baïkonour, dans le Kazakhstan, un ancien lieu de mise au point de missile, reconverti en centre spatial. Les Russes avaient battu les Américains à plates coutures. Ils étaient les premiers à placer un satellite artificiel en orbite. Un véritable pas de géant. Loin devant nous qui étions encore en train de lutter avec une maquette. Cette date inaugura la tradition devenue nôtre, de fêter toutes les réussites internationales dans le domaine spatial. Cette première java entre nous fut mémorable.
Une fois les esprits éclaircis, il fallut se remettre à cette reproduction. Celle-ci ne fut pas simple à concevoir. Elle mobilisa l’ingéniosité de tous et en particulier le travail exceptionnel de Josiane et Paulette, assistées de Paulo avec son aptitude incroyable au bricolage. À eux trois, avec l’appui de Max, Dieter et Georges, ils nous avaient construit une splendide maquette en verre de l’ensemble. Les deux chimistes savaient souffler ce matériau fragile, le tordre dans tous les sens et le souder sur lui-même. Cette magnifique reproduction brillait de mille feux sous l’éclairage du hangar.
Le premier essai de combustion eut lieu mi-octobre et fut… Un échec total.
À peine l’allumage entamé, le montage de verre explosa en mille morceaux. Il y avait des éclats partout. On avait eu beaucoup de chance qu’il n’y ait pas eu le moindre blessé.
— Mince ! s’écria Paulette.
— Ah oui, mince comme tu dis, surenchérit Paulo goguenard et triste à la fois.
— Quelle conne, mais quelle conne !
— Pourquoi tu dis ça ? lui demanda Josiane, sa collègue.
— Tu sais ce qu’on a oublié ?
— Non…
— Le recuit.
— Oh merde, c’est vrai ! Le recuit !
— Le recuit ? interrogea Paulo.
— Ben oui, quand on fait du travail du verre, on crée des contraintes dans le matériau. Si on ne veut que tout se brise de nouveau, il faut libérer ces contraintes. Pour cela, il faut chauffer légèrement l’ensemble avec une flamme réductrice.
— Une flamme réductrice ?
— Oui, Paulette veut dire une flamme charbonneuse, qui ne chauffe pas beaucoup avec un faible pourcentage d’oxygène. Ça libère les tensions internes au verre et l’ensemble ne se brise pas en miettes.
— Bon, y a plus qu’à tout recommencer alors ?
— Pas le choix et cette fois-ci…
— Avec recuit, dirent-ils tous les trois en chœur en rigolant.
Tous les autres, sauf moi retenu au téléphone, avaient assisté, médusés, à cette discussion à trois. Gérard vint me rapporter les résultats de l’expérience, sans que je comprenne le moindre mot de ses propos :
— Alors, ça a donné quoi, lui demandai-je.
— Ben, tout a pété !
— Mince !
— C’est ce qu’a dit Paulette, et Paulo aussi.
— Et alors ?
— Ben, il faut tout recommencer.
— Ils ont compris pourquoi tout avait pété.
— C’était trop cuit…
— Trop cuit ? Le moteur ?
— Non, le verre.
— Ça se cuit, le verre ?
— Oui, avec du charbon, une flamme de charbon.
— …
Gérard était brillant, un adjoint parfait, mais pas dans le domaine du travail du verre. Il avait écouté les discussions sans doute distraitement et n’avait rien compris. Ce n’est qu’avec les explications ultérieures des deux chimistes que j’avais enfin saisi ce principe de recuire le verre pour le détensionner. Il s’agissait du même principe qu’en métallurgie d’ailleurs. À croire que Gérard dormait durant ces cours-là.
Le temps que nous reconstruisions une nouvelle maquette, un mois à peine après le « bip-bip » de Spoutnik, les Soviétiques envoyèrent le premier être vivant dans l’espace, la chienne Laïka. Là, ce n’était plus à plates coutures qu’ils étaient battus les Ricains. Ils étaient totalement défaits en ce 3 novembre 1957. « Fanny au bar » comme on dit dans le sud.
Comme un ennui n’arrive jamais seul, la tentative des USA de mettre un satellite en orbite, avec le programme civil Vanguard – choisi par le président parce qu’il ne faisait pas confiance aux militaires – fut un fiasco retentissant. Le 6 décembre 1957 à 16h44, à Cap Canaveral, devant un aréopage de journalistes du monde entier, le premier étage de la fusée s’alluma et celle-ci commença à quitter le sol. Puis, au bout de deux secondes, le moteur s’arrêta. Le lanceur s’était élevé d’un mètre et vingt centimètres. Il retomba en s’inclinant et heurta violemment la rampe de lancement. Les réservoirs de carburant explosèrent et détruisirent l’ensemble, par bonheur sans faire le moindre blessé. Une boule noire, de la taille d’un pamplemousse, hérissée de quelques antennes et faisant « bip-bip » jaillit de ce chaos en rebondissant. Elle roula jusqu’au pied de la tribune de la presse, devant laquelle elle continua son bruit ridicule. Les médias américains, pourtant très chauvins, raillèrent abondamment la démonstration, parlant de Flopnik ou Kaputnik. Quand ça veut pas, ça veut pas…
Pour être tout à fait honnête, il s’avéra par la suite que la chienne Laïka n’était pas redescendue sur terre vivante. La propagande soviétique avait eu beau le claironner, c’était finalement bien un cadavre de chien qui avait rejoint le sol. La mission soviétique n’avait été qu’un demi-succès, ou un demi-échec, selon qui en parlait. Voire, un échec total, vu des Américains.
Nous n’en étions pas encore là, à Hammaguir. Une fois la maquette refaite, recuite et mise en place, l’expérience fut renouvelée fin décembre, cette fois-ci avec succès. Elle tenait. Mais, pas la moindre trace de ce foutu dépôt qui bouchait les injecteurs. Pourtant, la réplique en verre était parfaite. Les côtes avaient été vérifiées à de nombreuses reprises, les débits, pressions et températures étaient équivalents au moteur, dans les conditions réelles de la fusée. Incompréhensible ! Nous étions tous secs. Pas une solution à l’horizon alors que nous étions en décembre et que l’année 1957 était déjà terminée. Il ne nous restait pas beaucoup de temps pour nous glisser dans cette année internationale (qui, fort heureusement, durait dix-huit mois).
Puis, un jour de janvier, alors que tout le monde se creusait la tête, que les réunions d’étude et d’analyse du phénomène se multipliaient, mais ne donnaient strictement rien, Paulo eut un trait de génie :
— Attendez, je pense à un truc…
— Oui ? firent tous les participants se tournant vers lui.
La moindre idée un tant soit peu nouvelle nous aurait mis du baume au cœur.
— Ces injecteurs, ils sont sensibles à la corrosion, non ? demanda Paulo.
— Oui, c’est pas de l’inox, pourquoi cette question, s’interrogea Max.
— Et donc, pour les protéger de la corrosion, ils sont… poursuivi Paulo.
— Enduits d’une pellicule de graisse entre la fabrication et leur utilisation… Mais oui, Paulo continua Max.
Les deux échangeaient tous seuls, l’un complétant les phrases de l’autre devant le reste des participants, médusés.
— On enlève la graisse à l’extérieur avec un chiffon, mais on doit en laisser à l’intérieur, termina Paulo.
— Et c’est ça qui produit le dépôt qui bouche tout durant la combustion, conclut Max.
Enfin, nous avions trouvé la cause profonde du problème. Il fallait juste vérifier cette hypothèse, mais ce n’était qu’une bête histoire de graisse à la con… La solution était vraiment simple. Le diable se cache dans les détails, comme on dit.
Max allait pouvoir rentrer en métropole. Son chef de service m’appelait en effet tous les jours pour savoir quand il pouvait espérer le récupérer. Ils avaient encore des soucis d’injection dans le moteur du nouveau mirage III. Le patron, Marcel Dassault lui-même, harcelait le responsable de la SNECMA qui me tourmentait à son tour. Les fusées de la conquête spatiale civile ne pesaient pas lourd vis-à-vis des avions de chasse.
Enfin, nous allions pouvoir lancer Véronique-AGI à l’altitude voulue pour qu’elle projette son nuage de sodium dans la haute atmosphère. Il nous restait moins d’une année pour mettre en œuvre cette solution – le nettoyage des injecteurs –, tester une fusée en vrai à plus de cent kilomètres ainsi que le système de largage en l’air et montrer au monde entier la grandeur de la France. On n’était pas à l’abri d’une réussite.
En février, alors que nous étions en train de préparer l’essai de notre lanceur, l’info tomba, confirmant que les Américains avaient eux aussi envoyé un satellite dans l’espace, Explorer 1. Il s’agissait d’un modèle inhabité. Les Russes faisaient encore la course en tête, même si Laïka était décédé avant l’atterrissage. Cependant, cette fois-ci l’honneur de l’Oncle Sam était sauf, après l’échec retentissant du programme Vanguard et de son « pamplemousse », comme avait dit le premier secrétaire du PC soviétique hilare. Nous avons donc fêté dignement à Hammaguir, la réussite d’Explorer 1.
Au beau milieu de cette fête, je reçus un appel de Simone qui me clarifia un peu le lieu du site de test de la bombe atomique française. Ce ne serait pas à côté d’Hammaguir. Ce n’était finalement pas plus mal pour nous, on ne voulait pas être contaminés par les retombées même si à l’époque, on n’en mesurait pas encore bien le niveau ni l’impact sur la santé humaine. Ce serait dans le Sahara, ce si vaste désert, vers Reggane, à quelques centaines de kilomètres au sud-est de notre position. Simone me raconta que tout le monde était sur les nerfs au CEA, mais qu’une mission de partage serait organisée aux USA fin 1958. En effet, personne ne publiait rien sur le sujet, tout était considéré comme Top Secret et seul un déplacement là-bas permettrait d’échanger des informations.
Le lancement de mars nous confirma que nous avions résolu notre problème de graisse puisque l’altitude de 140 kilomètres fut atteinte. Nous avions dépassé la ligne de Karman[1]. Nous étions réellement dans l’espace. J’appelai aussitôt le ministre pour le prévenir de cette excellente nouvelle. L’Année Géophysique Internationale allait être un succès pour la France. Nous n’avions plus aucun doute.
— Bonjour, Monsieur le Ministre, c’est Robert, de Véronique
— Ah, Robert, bonjour. Comment va Véronique ?
Ma « blague pourrie » ne pouvait pas marcher à tous les coups. Lui semblait avoir quelques idées du projet en question.
— Bien, Monsieur le Ministre. Ça y est, nous avons réussi ! Nous sommes vraiment dans l’espace !
— Bravo, Robert ! Vous savez que personne ne doutait de vous ?
Tu parles ! C’est toujours ce qu’on dit quand on réussit. Quand les essais ratent, ce n’est pas le même discours. Toutefois, au téléphone, j’ai savouré ces instants.
— Merci, Monsieur le Ministre. Véronique a atteint 140 kilomètres lors du dernier tir. Nous allons pouvoir réaliser ce que nous avions prévu et faire rayonner la France pour cette Année Géophysique Internationale.
Quel lyrisme. On aurait dit un certain Général…
— Qu’avez-vous prévu ?
— Nous allons étudier la haute atmosphère en y larguant des particules de sodium. En plus, s’il fait beau, que le ciel est bien dégagé, cela devrait être superbe à observer pour le commun des mortels.
— Bien. J’ai hâte de voir ça !
— Si tout fonctionne comme prévu, cela ne devrait être visible que de l’Algérie, voire du sud de la France, mais pas de Paris.
— Ce sera déjà un magnifique rayonnement pour la France !
— On fait notre maximum, monsieur le Ministre.
— Tout le monde compte sur vous, Robert.
— Merci Monsieur le Ministre.
Pas de pression, tout va bien…
Voilà, on n’avait décidément pas droit à l’échec.
Mais dans ces cas-là, c’est toujours comme ça : quand on n’a pas droit de se rater, c’est là où l’on a les pires embêtements possibles. Tout a commencé, juste après le lancement réussi de mars. Nous avons subi une invasion de petits mulots du désert qui n’ont rien trouvé mieux que de s’attaquer à l’isolant de notre stock de câbles électriques. Ils se sont aussi fait les dents sur les deux exemplaires de Véronique AGI en cours d’assemblage. Il a fallu tout démonter, recommander des câbles en provenance de la métropole et tout refaire.
Dans le même temps, la pression commençait à s’accroitre sur la France concernant ces « événements[2] » d’Algérie : en avril, la conférence des États indépendants à Accra demanda unanimement le retrait des forces françaises des terres algériennes. Suite à cela, fin avril, les Européens présents en Algérie défilèrent en appelant l’armée à prendre le pouvoir. La réponse du gouvernement français en mai consista à condamner la torture, alors pratique courante chez les militaires français, et envisager les négociations avec le FLN. Ces gestes provoquèrent des émeutes dans la capitale algérienne : les manifestants européens envahirent l’immeuble du gouvernement général et les généraux Salan et Massu fondèrent un comité de salut public pour le maintien de l’Algérie française. Une véritable insurrection ! Les soldats en garnison à Hammaguir étaient partagés sur le sujet. Leurs officiers, divisés eux aussi, avaient le plus grand mal à maintenir le calme. Quant à nous, prudemment, nous évitions le sujet entre nous.
À partir de ce moment-là, tout s’accéléra. Malgré la demande du président Coty pour que l’armée reste sous le contrôle de l’État, les généraux firent appel au Général de Gaulle. Celui-ci se déclara prêt à assumer la charge du gouvernement de la République.
Le premier juin, il fut nommé président du Conseil. Il obtint les pleins pouvoirs de la part de l’Assemblée nationale dès le lendemain, et ce, pour six mois. Il pouvait désormais légiférer par ordonnances. Le surlendemain, la loi constitutionnelle le chargea d’élaborer la Constitution d’une nouvelle République, la cinquième.
Il était revenu aux affaires, le Général, pour le plus grand soulagement de tous autour de nous. Civils, militaires, hommes, femmes, tout le monde était rassuré. Il allait tout reprendre en main et faire cesser ce « bazar ». Il vint d’ailleurs début juin, alors que nous étions en train de solder péniblement nos problèmes de câbles et prononça ses fameuses phrases passées à la postérité : « Je vous ai compris » devant la foule française à Alger et, à la fin d’un discours, quelques jours plus tard : « Vive l’Algérie… française ». Les Français en Algérie n’attendaient pas autre chose de sa part. il avait déjà sauvé la France des nazis, il sauverait l’Algérie française.
Il revint le mois suivant, avec dans la poche une loi électorale octroyant le droit de vote aux femmes musulmanes. Certains, dont je faisais partie, se demandaient bien où était la cohérence avec ses mots précédents. Pour d’autres, il semblait aussi prendre en compte les aspirations des Algériens « de souche ». Dans le même temps, au grand désarroi des plus extrémistes partisans de l’Algérie française, il refusa de rencontrer les membres du Comité de salut public algérois. Le moins que l’on puisse dire, c’est que son message n’était pas d’une clarté limpide.
[1] Ligne de Karman : c’est une ligne imaginaire, située à environ 100 km d’altitude au-dessus du niveau de la mer est l’attitude pivot au-delà de laquelle la portance des engins volant n’est conservée que s’ils volent à plus de 28500 km/h, soit la vitesse orbitale. S’ils n’atteignent pas cette vitesse, ils tombent. Cette limite, adoptée par la Fédération Aéronautique Internationale, n’est pas reconnue par les USA qui ont fixé leur propre limite à 50 miles, soit 80,4 km. Ce qui fait que quelques « astronautes » américains (pilotes de X-15 ou équipages de l’avion fusée Virgin Galactic, ayant volé entre 80,4 km et 100 km d’altitude) ne sont pas reconnus comme tels internationalement parce qu’ils n’ont pas volé au-dessus de cette fameuse ligne de Karman.
[2] Si les indépendantistes du FLN et les soldats français présents sur place évoquaient bien une « guerre » dans leurs propos, les journaux ainsi que l’ORTF ne parlaient que des « événements d’Algérie ».
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