Chapitre 34 : des pas de géant dans la conquête de l'espace

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Le lendemain matin, je retrouvai mon filleul et les chasseurs à l’aéroport de Cayenne, un peu à l’écart du stationnement des lignes régulières. Ils étaient arrivés dans trois Jeeps, remplies à bloc d’armes et d’équipements divers. Dire qu’ils allaient se trimballer tout ça par la suite…

— On a pris quelques provisions pour la famille à Maripasoula, répondit le frère de Gilbert à ma question silencieuse. On ne va pas porter tout ça sur notre dos.

Je n’imaginai pas Robert junior chargé comme un baudet dans la jungle. Avec les années, il était devenu costaud, mais quand même.

— Et ne vous en faites pas pour les orpailleurs, on évitera soigneusement leurs emplacements.

Il avait dû avoir pour consigne de me rassurer. Quelques instants avant qu’ils n’embarquent tous, Gilbert arriva en trombe :

— Je suis allé faire un tour sur le chantier, il y avait un engin qui était tombé dans un trou. Rien de grave, pas de blessé, le conducteur est juste passablement choqué. Alors, pas trop inquiet, Robert ? me demanda-t-il.

— Non, ton frère m’a rassuré. Enfin si, quand même un peu…

— T’en fais pas, ça va bien se dérouler. Ils le considèrent déjà comme un membre de la famille et chez nous, tout le monde veille l’un sur l’autre. Il ne lui arrivera rien à ton filleul.

Il fallait bien que je m'en contente.

De loin, je vis Robert junior agiter la main alors que l’avion s’élançait sur la piste. Ils étaient partis. Une fois à Maripasoula, dans quelques heures, ils allaient faire un grand repas de fête dans la famille de Gilbert, puis entrer dans la jungle le lendemain. Je n'aurai sans doute pas de nouvelles avant plusieurs jours, voire quelques semaines.

Le soir même, au téléphone, Simone semblait un peu inquiète pour mon filleul en Amazonie, tout en essayant de le cacher :

— Tu es sûr que ça va bien se passer ?

— On est jamais certains de rien, Simone, mais ce sont les meilleures conditions possibles pour lui. Je connais bien Gilbert, ça fait déjà un bon bout de temps qu’on travaille ensemble. C’est un type vraiment fiable. Si le reste de sa famille est comme lui, Robert ne risque rien.

— Quand même, plusieurs jours, plusieurs semaines dans la forêt vierge…

— C’est chez eux, mon amour, ne t’en fais pas. Si ça se trouve, il ne voudra même plus rentrer en métropole après ces deux mois de chasse. En plus, il a de la chance, on commence à attaquer la saison sèche en juillet.

Parce que la jungle amazonienne, durant la saison des pluies, bonjour l’enfer…

— Il n’y a pas d’étés et d’hivers ? me demanda Simone.

— Non, on se situe sur l’équateur. La température est assez stable, autour de 25-26 °C. Au pire, ça monte à 26,5 °C et ça ne descend jamais en dessous de 25. C’est la pluie qui évolue beaucoup. Il ne s’agit vraiment pas du même ordre de grandeur qu’en métropole, ici. À Cayenne, il tombe quasiment deux mètres cinquante d’eau par an. Tu te rends compte Simone, deux mille cinq cents millimètres d’eau ? Il y a des mois où il pleut plus de cinq cents millimètres, presque les précipitations d’une année à Saint Laurent.

— Dis donc, tu t’es renseigné ?

Je pouvais l’entendre sourire.

— Oui, je voulais te donner des éléments de comparaison. C’est pour cela que je trouve qu’à Ouessant, l’air est sec finalement. Il y tombe moins d’un tiers de ce qu’il pleut ici… Donc pour moi, c’est sec.

— Ouessant, sec ?

Elle éclata de rire, peinant même à reprendre son souffle.

— Si on m’avait dit qu’un jour j’entendrais ça…

— Je suis plein de surprises, non ? lui répondis-je en souriant également.

J’étais certain qu’elle l’avait encore une fois détecté au téléphone, ce sourire.

— Oh oui, Robert, plein de si belles surprises ! Je t’aime tellement !

— Je t’aime tellement, tellement aussi, Simone !

Mon filleul revint en ville, enfin à Maripasoula, trois semaines plus tard. J’eus de ses nouvelles via le pilote de la ligne aérienne, par Gilbert. Tout se passait bien, il avait tué lui-même un caïman gris et avait mangé de l’anaconda grillé. Il était heureux et n’avait qu’une hâte : repartir en forêt.

J’appelai ses parents le jour-même. Bien qu’ils soient soulagés, ils demeuraient inquiets. J’avais bien senti dans ses mots la crainte de sa mère qu’il veuille rester là-bas, loin d’elle, de l’autre côté de l’Atlantique, dans cette jungle immense et sauvage.

Alors que les travaux de l’ELE (Espace de Lancement d’Europa) se finalisaient, le mois d’août se passa tout aussi bien pour le jeune Robert qui revint à Cayenne rayonnant après une seconde partie de chasse de plusieurs semaines. Il tomba dans mes bras en descendant de l’avion :

— Oh, parrain, voilà, c’est exactement ce que je veux faire de ma vie ! Être dehors toute la journée dans la jungle. Vivre dans la nature ! C’est là que je me sens vraiment chez moi !

L’écartant un instant de moi, je me rendis compte qu’il avait changé. Il avait pris de l’assurance. Il était devenu un homme, prêt à assumer ses choix.

— C’est un sacré chasseur, ton filleul, me dit le frère de Gilbert en nous rejoignant sur le tarmac. Il a de l'instinct, c’est criant. Et puis, il ne se comporte pas comme un chien fou, il ne tire qu’à coup sûr. Il est calme. Il écoute ce qu’on lui dit. Il fait attention aux autres. Je repars avec lui quand il veut !

Robert se tourna vers moi avec tellement de fierté dans le regard.

— On va expliquer ça à ton père, d’accord ?

— D’accord, parrain !

— Mais avant, on va rentrer et tu vas prendre un bain, tu pues comme un vieux bouc !

Il éclata de rire avant de monter dans ma voiture. Celle-ci n’avait pas de vitres, heureusement pour l’odeur…

Dire que la conversation avec Paulo et Josiane se passa bien serait exagéré. Toutefois, le petit avait été si convaincant qu’ils avaient bien dû céder. De plus, cela figurait dans le contrat initial : cette possibilité qu’il veuille rester avait été évoquée avant qu’il ne parte pour la Guyane. Je connaissais bien Paulo : il ne reviendrait pas sur sa parole. Il dépenserait sans doute beaucoup d’énergie pour apaiser son épouse, mais il laisserait son fils vivre sa vie, celle qu’il venait de se choisir.

Alors que les préparatifs pour le tir d’Europa-2 se poursuivaient en Guyane, le dernier trimestre de l’année fut toutefois plus joyeux pour la conquête spatiale, en particulier grâce aux Russes. En septembre, octobre et novembre, ils envoyèrent plusieurs missions sur la Lune avec notamment l'une d’elles totalement automatisée de recueil d’échantillons de sol.

Intercalé au milieu des succès des Soviétiques, le 12 décembre, eut lieu un nouveau lancement d’essai de Diamant B au départ de Kourou. Le lanceur emmenait cette fois-ci un satellite préalable au projet EOLE, baptisé PEOLE (Préalable EOLE, on voit ici l’imagination des scientifiques en terme de noms). Ce fut de nouveau une belle réussite. On était loin du tir raté d’Europa en Australie.

Puis, l’apothéose arriva côté Russes en décembre avec Vénéra-7, la première sonde à se poser sur une planète lointaine, Vénus, et à transmettre des données jusqu’à la Terre durant quelques minutes. Cette mission avait décollé en août. Toutes ces performances furent célébrées comme il se devait à Kourou. Simone avait même pu me rejoindre en décembre et fêta dignement avec nous, après le lancement réussi de Diamant, les exploits de Venera-7. Au fond de nous-mêmes, nous savions que nous ne pourrions pas rivaliser avec ces deux grandes nations spatiales. Nous réjouir de leurs succès nous donnait l’impression d’en faire un peu partie.

En Guyane, aux alentours de février-mars, il se passe un curieux phénomène appelé « petit été » guyanais. En pleine saison des pluies, il fait sec durant une semaine, voire quinze jours. C’est une des périodes favorites de chasse en forêt.

Pourtant, tout début février 1971, je retrouvai mon filleul à Cayenne, dans la famille de Gilbert. Il avait atterri en provenance de Maripasoula quelques heures auparavant. J’avais dû insister un peu pour qu’ils interrompent leur chasse et me ramènent Robert junior. Dans quelques jours allait se dérouler l’anniversaire des cinquante ans de sa mère, Josiane, et il n’était pas imaginable que ses deux fils ne soient pas à ses côtés lors de cette fête. En effet, j’avais promis à Paulo que son aîné serait présent. Cela n’avait pas été simple pour mon filleul de quitter ses nouveaux amis et ce qu’il considérait désormais comme sa place. Toutefois, une fois passée la déception d’abandonner la chasse quelques semaines, l’idée de retrouver son petit frère et ses parents l’enchantait. Finalement, il était là, devant moi. Il avait sacrément changé en quelques mois. Le jeune adulte s’était mué en homme.

Il me serra dans ses bras qui étaient devenus forts et musclés. Pour un peu, il me faisait décoller du sol.

— Eh ben, du calme, jeune homme !

— Ah, parrain, je suis content de te revoir !

— Laisse-moi te regarder, lui dis-je. J’ai l’impression que la forêt amazonienne t’a plutôt réussi, dis-donc !

Il avait définitivement changé, s’était élargi et avait la peau tannée.

— Ç’a été un peu difficile au début, convint-il, mais je me suis accroché. J’ai serré les dents.

— Tu es devenu l’un des leurs, on dirait, admirant au passage son chapeau en cuir d’alligator.

— Oui, t’as vu ça ? me fit-il tout fier. Je l’ai réalisé avec le premier que j’ai tué. Bon, faut pas regarder les coutures de trop près, mais il est beau, non ?

— Magnifique, oui !

— Tu sais, en fait je suis content de retourner à Aix.

— Voir tes parents ?

— Oui, les retrouver ainsi qu’Alain. Profiter aussi d’un temps sec sans pluie pendant quelques semaines.

— Tu vas voir que le climat tropical humide va te manquer, le taquinai-je.

— C’est possible, surtout qu’il pourrait bien faire froid là-bas…

— On va perdre au moins quinze degrés, c’est certain ! Mais on sera quand même dans le sud de la France, t’en fais pas, Robert.

Le lendemain, nous décollâmes en direction de Fort-de-France, puis Paris, à bord d’un Boeing 747, ceux avec deux étages sur l’avant. Il s’agissait d’un énorme avion, pouvant emporter plus de 400 passagers sur plus de 12 000 kilomètres de vol. Les sièges étaient incroyablement confortables et sentaient encore le neuf quand nous nous y installâmes.

J’avais eu la chance de faire connaissance avec le nouveau directeur de l’aéroport de Cayenne, à qui j’avais fait visiter le CSG. Il avait pu nous procurer deux places en « business class » au prix de la classe économique. Nous ne boudâmes pas notre plaisir.

Après un vol d’un peu plus de deux heures, nous atterrîmes pour une courte escale en Martinique avant de redécoller pour Paris-Orly. Mon filleul dormit quasiment toute la seconde partie du vol, ne se réveillant que pour les repas. Sitôt posés à Orly, nous sautâmes dans la navette Air France pour le centre de la capitale. Quelques stations de métro plus tard, nous étions dans le Mistral, direction Marseille. Je savais que le trajet allait être long et j’avais pris sur moi de nous réserver deux billets de première classe. Moins de dix heures après avoir atterri en France, nous arrivâmes dans la gare de Marseille–Saint-Charles, où nous attendaient Paulo, Josiane et Alain.

Les retrouvailles entre Robert et sa famille furent pleines d’émotions. Josiane ne lâchait plus son fils, comme une mère louve récupérant son petit. Robert junior passa la soirée à raconter aux siens la vie dans la jungle, les animaux qu’il avait vus, qu’il avait chassés. Il était intarissable. Son petit frère le regardait avec de grands yeux admiratifs. Josiane, elle, ne pouvait pas s’empêcher de frémir à l’idée de toutes ces bêtes sauvages qui pouvaient s’en prendre à son garçon. Paulo, fidèle à lui-même, restant discret, ne pouvait toutefois cacher sa fierté devant son fils devenu un homme.

Le lendemain, je rejoignis Simone à Marseille, où elle était venue avec son frère. Cela faisait des années que je n’avais pas revu Jean-Paul et les retrouvailles furent aussi l’occasion de belles émotions. Nous tombâmes dans les bras l’un de l’autre pour de longues embrassades. Entre la Patrouille de France et Kourou, nous avions tellement de choses à partager, même si Simone avait fait le lien entre nous deux, durant tout ce temps-là.

— Quand je pense que tu avais été presque dégouté d’apprendre son homosexualité, Robert, me taquina Simone un peu plus tard.

— Oui, je sais, j’étais très con à l’époque.

— Juste un peu coincé, pas très ouvert, insista-t-elle.

— Je sais, je sais. Ça me semble tellement loin tout ça. Il me paraît si différent de moi, le Robert de cette époque.

— Oh oui, tu as bien changé, mon chéri, me confirma-t-elle en m’embrassant tendrement. Heureusement…

Paulo avait fait les choses en grand pour les cinquante ans de son épouse : il avait organisé un méchoui géant et avait invité tous ses amis d’enfance, ainsi que tous les anciens membres de l’équipe de Véronique — sauf Maurice et Jules bien sûr ainsi que Gérard, qui assurait la permanence à Kourou, en mon absence — dans une grande salle des fêtes, décorée pour l’occasion. J’avais préparé un petit discours, plein de tendresse, pour tous ceux qui m’avaient accompagné depuis le début dans cette aventure, et tout particulièrement pour Paulo et Josiane. Mon filleul prit le relais et impressionna l’auditoire avec ses récits de chasse, faisant à nouveau frémir sa mère au passage. Paulo, comme à son habitude, sobre et réservé, prononça juste quelques mots, avant de serrer sa femme, toute émue, dans ses bras. Bien vite, tout devint plus festif, moins conventionnel, plus animé et aviné.

Un orchestre fit danser tout ce petit monde jusqu’au bout de la nuit. Je passai la soirée à alterner les valses, rocks et slows avec Simone et les échanges avec Paulo, mon beau-frère ainsi que les anciens membres de mon équipe. J’avais l’impression de me retrouver comme au bon vieux temps de Vernon.

Assez tôt, Simone partit se coucher, un début de migraine sans doute lié à quelque excès de boisson. Je restai à discuter avec mes deux amis et Helmut jusque tard dans la nuit. Je leur racontai la création du Centre Spatial Guyanais, les déboires d’Europa ainsi que les réussites de Diamant. Nous nous rappelâmes collectivement les grands moments de Véronique, depuis le commencement et les premiers trois mètres, Le Cardonnet et le fameux filoguidage, la visite du Général de Gaule à Hammaguir, le tir à l’automitrailleuse sur la fusée qui fuyait, que de souvenirs…

Paulo et Jean-Paul me manquaient. Cette époque de Véronique avait été une très belle période de ma vie, avec des joies et des déceptions, mais quelle ambiance ! Quelles magnifiques amitiés à ce moment-là ! Le CSG était d’une autre dimension, moins familiale, et Kourou était tellement loin de la métropole. C’était bon de les retrouver tous, vraiment très bon…

Quelques jours plus tard, il fallut tous les quitter à regret. Le prochain tir de Diamant B devait avoir lieu mi-avril, or il y avait toujours des préparatifs de dernières minutes et des vérifications ultimes à réaliser. Je ne pouvais pas laisser Gérard seul avec ces responsabilités. De plus, mon filleul avait, lui aussi, hâte de replonger dans l’humidité de la forêt amazonienne. Ce fut un réel déchirement pour Josiane de voir partir son fils, une nouvelle fois, vers des dangers qu’elle pressentait terribles. Elle me fit promettre de veiller sur la chair de sa chair, ce que je fis bien sûr, tout en sachant que je ne maîtriserai pas grand-chose de la vie du jeune homme, une fois qu’il se serait enfoncé dans la jungle et que je serai de retour à Kourou.

Arrivé à Cayenne, je laissai donc Robert junior aux bons soins de Gilbert et de son frère en attendant le départ prochain des chasseurs pour Maripasoula. Une fois mon filleul entre de bonnes mains, je filai au CSG, heureux de retrouver mes fusées et en particulier cette magnifique Diamant B, qui dressait ses presque vingt-quatre mètres, fièrement vers le ciel. L’assemblage était presque terminé, il ne restait plus qu’à installer le satellite Tournesol et à effectuer les pleins. En préalable au lancement, de multiples vérifications s’avéraient nécessaires avant de donner le top du tir, prévu quelques semaines plus tard.

L’hiver guyanais de 1971 qui touchait à sa fin était exceptionnellement froid avec une température moyenne inférieure de 1 °C aux valeurs de référence de la même période. Il faisait quand même presque 25 °C, donc, quand on dit froid en Guyane, c’est toujours relatif.

Le jour dit, le 15 avril 1971, à l’heure dite, le compte à rebours fut lancé pour le septième vol de Diamant et le troisième d’une fusée Diamant-B. Tout se déroula comme prévu, et ce lancement fut un beau succès. Tournesol, premier de la série D-2, une nouvelle série équipée pour la première fois dans les satellites français d’un système de contrôle d’altitude actif avec des micro-propulseurs, était destiné à détecter l’hydrogène présent dans la voute céleste.

Les Russes comme les Américains ne jouaient pas dans la même cour que nous. Alors que nous placions des objets de moins de cent kilos en orbite terrestre basse, toutefois avec nos propres lanceurs, les deux superpuissances allaient soit sur la Lune pour les USA, soit pour l’URSS créaient une station spatiale habitée, Saliout-1, le 19 avril 1971. Celle-ci allait permettre la vie de trois cosmonautes et serait ravitaillée par des vaisseaux Soyouz qui viendraient s’arrimer sur la station. Un exploit absolument incroyable ! Sur la lune en juillet, la mission américaine Apollo-15 utilisa un rover pour étendre le domaine d’exploration sur notre satellite naturel. On avait l’impression que chaque réussite de ces deux pays générait des pas de géant dans la conquête de l’espace.

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