La première conséquence heureuse une fois devenu décroissant est le détachement face aux catastrophes à venir ainsi qu'à l’avènement terrifiant de la décadence dans tous nos milieux sociaux. Être détaché, donc capable de juger et de s’en séparer, tel est un grand privilège aujourd’hui : vivre de peu, sans narcotique lié au système, être moralement autonome et dans un joyeux équilibre d’âme. Dès lors, les instincts sont rassurés à l’idée d’un monde post-capitaliste, rien ne les retient.

Alors, puisque rien n’effraie le décroissant à part la violence capitaliste, il peut se projeter vers l’avenir et l’alternative ! Oubliée la domination du désir : ici, il retrouve la pleine puissance d’Homme. Voilà encore un privilégié : il a conquis le droit au mépris face au capitalisme !

Et qu’il est sain de ne plus devoir excuser le capital, qu’il est sain de pouvoir le condamner entièrement, dans toutes ses horreurs, sans aucun compromis, sans aucune violence des instincts!

On sous-estime trop le poids que représente notre assimilation identitaire à un système moral et économique nous menant à la fin du monde. C’est là une des premières causes de l’apparente vulgarité du décroissant face au consommant : il parait trop calme, une telle légèreté est suspecte dans notre société – tellement ils sont habitués à la torture inconsciente de mille contradictions contre-nature pour préserver leur civilisation. Qui peut désirer cela ?