chapitre 3-1
La nuit était profonde, mais suffisamment éclairé par la lune pour que nous n’ayons pas à allumer nos torches pour progresser sur l’étroit chemin de montagne. La plupart d’entre nous nous étions retrouvés au niveau de la gare de chemin de fer abandonnée au fond de la vallée d’Aspe. Mais là n’était pas le lieu de notre rendez-vous, il fallait une marche de plus de trois heures pour nous retrouver dans la bergerie qui nous servait de lieu de réunion ainsi que de cache pour nos armes. Rien d’original, les résistants s’en servaient déjà pour cacher les leurs durant la deuxième guerre mondiale.
Après l’affaire de Nicolas, cette sorte de tentative d’assassinat incompréhensible, nous avions décidé de nous réunir entre les différents ordres et les différentes églises. En suspicion légitime, nous n’en avions pas fait par à nos supérieur, ni ne les avions convoqués ce jour-là. Par le bouche-à-oreille, nous avions contacté uniquement nos connaissances personnelles qui appartenaient aux autres organisations. Ceux qui on pouvait avoir le plus confiance. Nous nous rendîmes compte que certains étaient injoignables, où avait disparu. Dès lors, nous sûmes la situation certainement beaucoup plus grave que nous ne l’imaginions. Des évènements ou des mécanismes qui nous échappaient étaient en cours, et l’ensemble de nos institutions mises en danger. Un danger que nous ne comprenions pas, et nous espérions que l’échange d’informations nous permettrait d’y voir plus clair.
En meilleure forme physique que les autres, moi accompagnés de trois autres ombres d’acierm et de deux membres de l’église intemporelle, avions pris de l’avance sur le reste du groupe. Lorsque nous arrivâmes à la bergerie, trois 4x4 étaient déjà garés là. Mais l’absence de voix et de lumière nous mit de suite ma puce à l’oreille, et nous nous tapîmes dans les buissons alentour pour prendre une décision. Rien ne paraissait bouger ni à l’intérieur, ni à l’extérieur de la bergerie. Un silence pesant paraissait régner sur le monde. La meilleure solution fut d’envoyer un éclaireur que nous couvririons avec nos armes de poings. Nous laissâmes deux à trois mètres entre chacun de nous, et ce fut l’un des deux prêtres de l’église intemporelle qui s’approcha sans bruit de la bâtisse. Nous le vîmes jeter un œil par une petite fenêtre grillagée, puis par une autre puis, enfin, il alla ouvrir la porte, et en adoptant une étrange attitude nous fit signe de la main pour que nous le rejoignions.
Sur le seuil nous découvrîmes l’intérieur de la bergerie. Pire qu’un carnage, s’exposait là une terrible boucherie, au-delà de toute sauvagerie imaginable. Des corps démembrés pendaient du plafond, des membres et des têtes jonchaient le sol par dizaines. Du sang partout, une odeur de mort se mêlait à celle de la merde des entrailles dont on avait vidé les corps. L’horreur absolue. Figée quelques instants par ce spectacle, nous dûmes nous ressaisir rapidement et ordonner à l’ombre d’acier le plus jeune d’entre nous d’aller monter la garde à l’extérieur, en se cachant pour nous donner l’alerte sans bruit grâce à son téléphone portable au moindre doute. Je proposais aux deux membres de l’église intemporelle d’aller à la rencontre des autres sur le chemin pour les prévenir de ne pas aller jusqu’ici.
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