En dépit de la détresse du jeune homme, Rifuzuka s’inquiéta, scruta chaque recoin de la pièce, elle paniqua à l’idée qu’un malheur ait pu le frapper. Elle n’arrivait pas à se repérer dans l’épaisse brume inodore, perdant alors tous ses sens.

Quelques instants plus tard, suffocant dû aux manques d’oxygène, Démona dut faire une pause. Elle s’arrêta, mit ses mains sur ses genoux, et ferma les yeux. Dans un tel état, les cris de désespoir de Loukïan raisonnaient à chaque recoin de la petite pièce, ses battements de cœurs s’accéléraient et sa respiration saccadaient au fur et à mesure qu’il criait le nom de la démone. C’est là, plongée dans l’obscurité, qu’elle comprit qu’il n’était pas très loin d’elle. Elle marcha à son encontre, les yeux fermés, ne laissant que son ouïe et son pouvoir énergétique la guider dans la buée. La démone le retrouva, elle le rejoignit, puis elle entendit :

• Ri…Rifuzuka aide-moi, le sol, il colle et pas qu’un peu, ria anxieux Loukïan en donnant des coups de pieds dans la matière.

• T’as toujours le mot pour rire toi, je me trompe ? demanda la démone en le regardant et croisant les bras.

• Au lieu de te moquer de moi, ça te dérangerait de m’aider ? Mes pieds, mes mains et mon postérieur sont entrain de fossiliser avec le sol là ! rajouta Loukïan, qui ne parvenait pas à bouger ses membres.

• Je pourrais, mais tu as l’air de bien t’en sortir ! T’arrive à bien dompter la bête quoi, rétorqua la démone pour le charrier.

• Haah… haah, haah ! Ton as des bonnes, toi ! J’arrive plus à bouger le moindre de mes membres, si ça continue, je vais finir par ne faire plus qu’un avec le parquet moi ! expliqua Loukïan qui espère tant qu’elle vienne l’aider.

Elle le regarda un court instant et se décida à lui porter secours, elle l’attrapa son bras et le souleva, mais étant dépourvu de force, son corps bascula en avant, très vite sa face allait toucher la matière, pourtant, elle déploya ses sombres ailes et dégagea en une fraction de seconde Loukïan.

• Merci. sortit-il tout gêné en se touchant la cicatrice.

• De rien, tout se paie, mon cher Cap’taine, retorqua Démona.

La démone finit par lui faire volte-face. Il se reçut ses cheveux en pleine figure, une épaisse chevelure qui lui fouetta le visage, et pour couronner le tout, l’un des talons de la jeune femme alla pénétrer agressivement la chair de son orteil. Il fit mine de rien, toutefois le coup de fouet reçu au visage l’avait sévèrement assommé.

• Ce n’était pas très malin ! avoua Rifuzuka qui lui donnait son dos tout en croisant ses bras. D’ailleurs, tu comptes avoir les mêmes réflexions à l’avenir ? Si j’ai bien compris t’es un sort de pirates ou je ne sais quoi c’est juste ?

• Je ne suis pas con, contrairement à ce que tu sous-entends. J'ai glissé et je me suis fait prendre par la matière. Et non, je n’ai pas essayé de faire mumuse avec le so-sol aspireur de chair ! Je ne suis pas un pirate, mais un Voyageur Du Temps, ce n’est pas pareil !

• C’est quoi la différence ? Vous pliez les plus riches, c’est ça ? nargua la démone.

• Déjà, de un, on ne plie pas. De deux, on ne cherche ni la gloire ni à être reconnu comme le plus cruel des hommes. Non ! Les Voyageurs Du Temps sont avant tout des savants fous à la recherche de connaissances, d’aventures. On est des aventuriers ! Kalionna, ce n’est pas qu’un simple objet de convoitise. C’est toute une quête ! Une étude sur nous-mêmes. Partir à sa recherche nous permet de prendre conscience de nos faiblesses, de nos forces. Il s’agit avant tout d’une introspection pour savoir qui nous sommes vraiment. Si ton unique souhait reste de posséder Kalionna pour réaliser tes vœux, ou satisfaire les plus infimes désirs de ta misérable existence, tu pars déjà perdante. C’est ce que veut dire « avoir une âme pure ». Faire en sorte qu’elle ne soit jamais souillée par aucun méfait que ce soit, ni par l’envie. Face à Kalionna, tu ne dois pas imaginer de gloire ou te croire supérieur à elle, car elle ne fera qu’une bouchée de toi, expliqua Loukïan.

• Mouais, ce sont des tarés en recherche d’adrénaline quoi, renchéri simplement Rifuzuka.

• Non mais bon… bref, on ne va pas en parler durant des heures ! Je voulais te dire par rapport à ta question tout à l’heure, je pense qu’on est encore dans la maison.

• Comment ça ? demanda Rifuzuka en tournant sa tête vers Loukïan.

• Je ne saurais l’expliquer, j’imagine que c’est ça qu’on appelle l’aventure, avoua Loukïan qui enflamma sa main droite pour créer une lampe torche.

• Non… c’est ça qu'on appelle la stupidité. sortit-elle en le suivant.