• Tsss… Encore toi ? Une vermine qui se prend pour une reine… grogna Aramis plaqué contre le sol en fixant Rifuzuka d’un mauvais œil. Tu n’es qu’un grain de cendre dans l’enfer des puissants… et pourtant, tu continues de ramper sur mon chemin.

• Oui ! Et je serai toujours sur ton chemin à te maudire ! Si je meurs, la terre des terriens sombrera avec moi ! Et tu le sais aussi bien que moi, Aramis ! hurla Rifuzuka en se relevant et tenant sa poitrine, saignant à grande goutte, l’aiguille encore plantée dans sa chair.

• Mais pour eux, tu n’es rien de plus qu’une feuille morte, balayée sans regret… Une paria, une égarée, ni des leurs, ni des nôtres. Une âme errante, condamnée à hanter le Monde Perdu… cracha l’esprit-démon, fou de rage, faisant un front contre front contre Rifuzuka afin de se lever.

D’un coup brusque, Aramis poussa Démona contre le sol, celle-ci perdit l'équilibre et tomba, impuissante et dans l’incapacité de se relever ni de faire le moindre mouvement, elle souffla dans un dernier espoir :

• Louka… je… je t’en… supplie… utilise-t-on-pouvoir.

Loukïan plongea son regard dans celui de la démone. Il analysa rapidement la situation. Aramis était furieux, mais il n’attaquerait pas Rifuzuka immédiatement. Non, sa véritable cible depuis le début, c’était Jasmine et ses yeux d’une couleur rarissime.

Une idée naquit dans l’esprit du Capitaine Loukïan. Faire croire à Aramis qu’il lui offrait sa Navigatrice. Cela détournerait son attention, l’empêchant de se méfier de lui. Mais s’il lançait ses flammes sans précaution, Jasmine et Rifuzuka seraient en danger. Il devait attaquer autrement.

Il ferma les yeux. Son sixième sens… C’était sa seule chance. Il savait que son pouvoir avait un prix : à chaque utilisation, sa vue s’affaiblissait davantage. Mais son ouïe, elle, était bien plus développée. S’il pouvait capter le moindre souffle, le plus infime déplacement d’Aramis, alors il frapperait sans que personne d’autre ne soit touché.

Après une brève explication à Jasmine, le plan fut enclenché. Un sourire effleura les lèvres de la femme. Jouer l’appât ? Rien de plus facile.

• Hé, lézard dégénéré ! On a un compte à régler, toi et moi, provoqua la femme d’une voix mûre.

Au même instant, une voix s’émana dans les airs, étouffée et sibilante :

• Non ! Jasm ! Ne provoque surtout pas Aramis, demanda Rifuzuka qui n’était au courant de rien.

Au même instant, Loukïan ferma les yeux et sortit :

• La vue !

Il toucha son œil, allongea le bras sur le côté. Puis, colla son index et son majeur et forma un demi-cercle avec.

• L'odorat !

Il plia son bras et toucha le côté droit de son nez. Il longea par la suite sa main vers le pour former un nouveau demi-cercle.

• L'ouïe.

Loukïan toucha par la suite son oreille, toujours avec son index et son majeur collés.

• Le gout.

• Et pour finir, le toucher ! Tous réunis pour former le Sixième sens.

Il disparut dans une brume épaisse, une nappe froide et terne d’une couleur blanchâtre qui engloutit toute la pièce. L’air lui-même semblait figé, étouffant. Le sol avait disparu sous leurs pieds.

Loukïan réapparut, ouvrant ses yeux dépourvus d’âme. Son iris de couleur noisette était devenu complètement blanc. Son pouvoir avait cependant des limites : à trop l’utiliser, cela impactait certains de ses sens dans sa vue, qui baissait à chaque utilisation.

• Jasmine ! hurla-t-il comme s’il était sourd ou énervé contre cette personne. Tu es prête ?

• Ou...oui, répondit-elle, intimidée par la voix de meneur de Loukïan.

• Un … deux, trois ! brailla Loukïan dans le même timbre de voix.