Mirage d'hiver Part 3

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Quelques minutes de marche plus tard, ils traversèrent, dans le silence, la dense forêt de Démona, connue pour ses multiples légendes, dont l’une citait un démon assoiffé de sang, constamment affamé et, à l’origine d’enlèvements d’enfants dont il prenait un malin plaisir à dévorer lorsqu’ils se perdaient.

Arrivés à la fin de la forêt, à Nekène-Fiora, le village de naissance de Jasmine, situé au sud de l’île composé de seules deux peuplades : Filandia côté nord ou les habitants vivaient en harmonie avec la nature et Nekène-Fiora côté sud, là où vivaient un peuple primitif, adepte dans l’agriculture et la chasse.

À l’heure actuelle, ce village avait entièrement été décimé par une guerre. Ces champs de blé et de maïs à perte de vue s’étaient asséchés au point d’en devenir stériles, consumés par des flammes ardentes. Les maisons, élaborées de paille et de bois, étaient pour la plupart tombées, les rares encore debout se voulant toutefois trouées ou carrément éventrées. Les beaux palmiers étaient détruits, étendus et dispersés aux quatre coins de la plage. Même la cendre s’éparpillait encore sur le sable pour le noircir, témoin de ses jours les plus funestes.

Face à la désolation du lieu, Jasmine demeurait perdue dans ses pensées. Attristée d’être revenue sur ses terres après non loin de 10 ans à voguer sur les mers, elle avait du mal à réaliser que son village de naissance avait été décimé et réduit à néant. Transformant ses beaux souvenirs d’enfance en réminiscence cauchemardesque. Les yeux larmoyants devant ce lieu qu’elle avait autrefois connu à son apogée, elle sentit un pincement au cœur, une douleur qui la força à s’accroupir aux sols et se tenir la poitrine, laissant quelques larmes ruisseler le long de ses joues.

  • J... Jasm, ça va ? demanda calmement Loukïan en posant sa main sur l’épaule de sa Navigatrice.

  • J’en… reviens pas, tout a été décimé, tout est parti en fumée… personne n'a survécu à cette attaque, il reste uniquement… moi, souffla désemparée la jeune femme en posant sa main sur son bras modifié.

  • À vrai dire… il y a eu quelques survivants, mais… ils sont morts à l’hôpital quelques jours après… avoua Rifuzuka calmement.

Accroupie, Jasmine frôla le sable à ses pieds, puis elle prit une poignée et le fil s’écoulait comme un sablier sur le sol. Comme hypnotisée, elle restait quelques minutes à fixer la poussière qui s’écroulait, désormais seule chose qui lui restait de ses souvenirs. Elle se leva, se retourna et fixa une dernière fois le lieu où elle avait grandi, laissant un léger sourire se dessiner sur son doux visage.

Un dernier adieu à ce lieu et Loukïan et Jasmine s’apprêtaient à partir, sans Laïla qui demeurait à ce jour introuvable et sans la moindre embarcation, objet crucial qui leur permet de pas finir en faire leur casse-croûte pour d’éventuels requins.

  • Bon…bahhh je pense que… c’est… c’est l’heure des adieux… et de partir… bafouilla Loukïan en regardant la jeune démone qu’il voulait à tout prix qu’elle fasse partie de l’aventure.

  • Hé Loukïan ! tu n’avais pas quelque chose à dire à Rifuzuka ? demanda Jasmine pour l’aider à faire le premier pas, en lui donnant un violent coup de coude, discret dans l’avant-bras et en montrant de sa tête son amie d’enfance pour faire comprendre à Loukïan ce à quoi elle voulait faire allusion.

  • Ah ! Oui, ça ! hah… hah.. hah…

Jasmine le regarda, effrayée de voir un tel rire peu crédible. La bouche grande ouverte, les mains sur les hanches il prenait de fortes respirations pour rire.

  • Mmh ? sortit Rifuzuka intriguée par la question et regardant la tête que tiré Loukïan.

  • Tu... tu ne connaitrais pas quelqu’un qui peut faire un bateau... ou… ou nous donner une barque ?, demanda-il tout gêné en se grattant l’arrière du crâne.

  • Une barque ? UNE BARQUE ? Non, mais t’as pas vu le vol plané qu’on s'est mangé avec t'a foutu barque de merde ? questionna la jeune Jasmine.

  • Eh ! Parles bien de Zarona, c’était une belle barque, gentil, un beau voilier, avec de belles voiles !

  • Dans tes rêves, oui ! Il n’y avait pas de voile, elle était mal entretenue, t’avais de la moisissure sur le sol, une canne à pêche et un saut d’eau remplis de pisse ! Et mon Dieu, je ne te parle pas de l’odeur !

  • Le saut d’eau, c'était pour Laïla, avoua le Capitaine en croisant les bras. Moi, je n'en ai nulle utilité pour les besoins…

  • Non mais même, un saut, ça se vide ! Surtout quand il est rempli à ras-bord ! renvoya calmement la jeune femme.

  • Oui, mais je ne vais pas asphyxier les poissons avec du liquide aussi toxique, se défendit Loukïan.

  • Cependant leur pisser dessus, ça, ça y va ?

  • Ohhh mais tu sais, Jasm, pour eux, venant de ma part, c’est comme de la pluie…

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