Mirage d'hiver
Les flammes ardentes et tourbillonnantes, dans une danse infernale, fondaient sans pitié sur la pauvre Jasmine. Elle se démenait tant bien que mal pour se libérer des griffes d’Aramis qui la maintenait par le bras.
Son amie d’enfance, blessée au cœur, courut, bondit contre elle afin de la délivrer de son agresseur. Elle déploya ses sombres ailes pour se surélever dans les airs. Malgré le sauvetage précipité et confronté aux poids de la Navigatrice, Rifuzuka perdit de plus en plus son énergie et ses forces, la laissant même cracher du sang. Pourtant, elle se devait de puiser dans ses dernières forces, si elle souhaitait sauver Jasmine des flammes.
La demeure en bois avait pris entièrement feu, les laissant suffoquer dans la lourdeur de l’air bouillant mêlé à l’abondante fumée.
De son côté, retrouvant sa vue, le Capitaine ouvrit les yeux et vit l’étendue de ses dégâts. Le brasier s’accentuait de plus en plus, le boisage des poutrelles et la structure de la tourelle chutaient dans des crépitements forts et peu rassurants. L’air était irrespirable et, en dépit de la puissance que lui donnait son pouvoir, il restait plongé dans un état second, dans l’impossibilité d’en faire usage. Démunit et apeuré face à cette destruction qu’il avait lui-même généré, il restait là, tremblotant de la tête au pied face à la bestialité de ces facultés.
- T’es satisfait, Loukïan ?! Encore une vie arrachée par ta stupidité ! Encore un carnage que tu laisses derrière toi, souffla une voix d’enfant dans les flammes.
- J’ai… j’ai… je n’ai rien fait cette fois-ci, rien de tout ça est… Loukïan suffoqua, paniqué, les mots s’étranglant dans sa gorge.
- De ta faute ? Bien sûr. Ce n’est jamais ta faute, hein ? Ce n’est pas toi qui as mené tes amis droit dans ce foutoir ? Pas toi qui as déclenché cette fournaise ? Pas toi qui as regardé les flammes danser pendant que tout s’effondrait ?! nargua la voix d’un rire narquois.
- Je… mais… je ne pouvais rien voir ! se défendit sous le choc et dans un état second le Capitaine en guettant le moindre recoin afin de retrouver cette voix qui ne laisser pas tranquille.
- Tu ne pouvais rien voir… RIEN entendre… RIEN comprendre ! Quelle belle excuse pour un lâche ! Alors dis-moi, Loukïan… Si tu es si innocent… Pourquoi le feu réclame-t-il toujours ton ombre ? accusa d’un ton grave le jeune enfant, en parant dans un écho.
Au cœur de ce lieu désormais cauchemardesque, Loukïan haleter irrégulièrement, observant les moindres recoins pour tenter de voir ou provenait cette voix d’enfant, il devenait complètement fou et instable, sa vision se troubler, ses mouvements devenait inarrêtable chaque flammes qui s’approchait de lui, il le prenait comme une attaque physique, dans un tel état, il crut apercevoir, dans les flammes, la silhouette d’une petite femme aux cheveux courts blancs et aux yeux roses dragées. Elle cavalait dans la pièce, perdue, comme si elle cherchait quelque chose. Puis, elle s’immobilisa, le fixa, et lui murmura une série de mots incompréhensibles.
Obnubilé par cette présence, Loukïan ne bougeait plus, hypnotisé par le regard si perçant de la dame. Ce ne fut qu’après un instant qu’il cligna des yeux et parvint à sortir de sa transe, aidé par l’aride chaleur qui se répercutait dans la pièce. Pourtant, au lieu de fuir, il perdit une fois de plus son regard à l’endroit où elle se dressait. Mais elle avait complètement disparu. Comme si tout n’avait été qu’illusion.
Soumis à l’enfer de l’endroit, Loukïan, Jasmine et Rifuzuka se retrouvèrent aveuglé puis, sous l’excès d’inhalation du monoxyde de carbone, ils s’affalèrent tous trois à terre telles des mouches, toussant de toute leur force avant de sombrer dans l’inertie totale.
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