Tout avait commencé dès la deuxième décennie du vingt et unième siècle. L'ordre mondial avait radicalement changé. En à peine trente ans, la rivalité entre les blocs géopolitiques, occidental et pro-soviétique appartenait au passé.

À cette époque, de nouvelles puissances aussi ambitieuses que déterminées avançaient leurs pièces sans crainte au cœur de ce nouvel échiquier. L’émergence soudaine de leaders populistes aux visées nationalistes tels que : Trump, Xi Jinping, Poutine, Ram Nath Kovind, Bolsonaro, Erdogan et bien d'autres favorisa cette situation. Le centre névralgique de notre univers avait déserté les rives de l'Atlantique pour venir s'ancrer au cœur de l’océan pacifique., La  vieille Europe et le Japon, berceaux de civilisations, n'étaient plus courtisés par les grands pays émergents.

Un mastodonte politique comme les États-Unis, bordé par les deux océans n'avait pas eu de mal à repenser sa stratégie, ce qui importait à l'oncle Sam c'était de continuer à dominer la planète par son influence et la supériorité de sa technologie. Mais la Chine lui contestait ce lead avec une telle voracité que le colosse vacillait de son piédestal ! La Russie tenait toujours une place importante, état surarmé aux velléités guerrières, elle effrayait le monde. Personne ne s'était réellement opposé à l'annexion de la Crimée, si ce ne furent les pauvres ukrainiens laissés bien seuls par la communauté internationale face aux griffes de l'ours. Cette première lâcheté en avait entraîné d'autres...

L'Inde, le Brésil, l'Indonésie et la Turquie abattaient leurs cartes avec de plus en plus de certitude et de fermeté.

Le monde musulman, gangréné par les extrémismes de tous bords, laissait planer sa terrible menace terroriste sur un monde où la colombe avait cédé la  place au faucon. Les intégristes, relayés par des imams dévoués à leurs sinistres desseins, prêchaient la charia à de pauvres pratiquants en quête de spiritualité. Les proies étaient faciles à convaincre, surtout les plus jeunes ignorants l'histoire et privés de démocratie.

L'Afrique convoitée et exploitée par tous pour ses ressources minières, se débattait tant bien que mal dans une nasse de pauvreté aux origines séculaires et sa surpopulation ne laissait espérer aucune amélioration. En à peine cinquante ans sa démographie avait multiplié par quatre le nombre de ses habitants. Cette situation préoccupante poussait inexorablement sa jeunesse à tenter l'aventure migratoire vers les pays du nord et les dizaines de milliers de morts par noyade ne freinaient pas cet irrépressible mouvement.

Notre monde s'était peu à peu transformé en une poudrière où chacun regardait l'autre en redoutant l'incident allumant la mèche qui ferait tout exploser.

En l'an 2019 était apparue en Chine une énième menace : le Coronavirus. À l'inverse des précédents virus qui eurent des conséquences limitées à l'Asie du sud-est, celui-ci impacta durablement la planète et provoqua des millions de morts. C'est dans un laboratoire de virologie situé dans la ville de Wuhan que le mal émergea sans crier gare. L'hypothèse retenue par la majorité des experts fut celle qu'une chauve-souris infectée à des fins expérimentales aurait transmis le virus à un employé de l'institut scientifique. Ce dernier, ignorant le mal qu'il portait en lui, aurait ensuite propagé le micro-organisme sur un marché local, extrêmement fréquenté, qui proposait des animaux sauvages vivants. En à peine quelques mois la pandémie se répandit comme une traînée de poudre dans tous les pays du monde provocant un affolement général et un changement radical dans le quotidien de tout un chacun.

L'autre hypothèse, l'officieuse, était ardemment défendue par un groupe de complotistes plus ou moins avisés, et ces derniers avançaient d'autres causes à l'origine du fléau. Partant du questionnement «à qui profite le crime» les individus adhérant à cette mouvance mettaient en exergue les avantages retirés par la Chine de cette crise sanitaire sans précédent. Il est vrai que les dirigeants autoritaires de l'empire du milieu n'eurent, dans un premier temps, aucune difficulté à imposer au petit peuple des mesures draconiennes qui, bien qu’empiétant sur les libertés individuelles, permirent de combattre l'épidémie avec une efficacité décuplée. La politique du zéro Covid, attînt toutefois  ses limites et le pays en subit lui  aussi les funestes conséquences. Neanmoins, à moyenne échéance, ces déséquilibres eurent très vite pour résultat de permettre à ce pays ambitieux de supplanter l'Amérique dans bien des domaines, si bien que dès 2025 la Chine regardait les USA droit dans le yeux et ces derniers baissaient très souvent le regard.

Sur un plan individuel, l’avènement d'internet avait peu à peu révolutionné les modes de communications entre les hommes. La prédominance des réseaux sociaux avaient plongé le monde dans un magma virtuel qui faisait perdre tout sens commun à beaucoup. En réalité, ce n'était plus les personnes qui étaient reliées entre elles, mais des entités virtuelles créées pour la circonstance. La conséquence de cette révolution numérique permit à des milliards de clients de ces organismes, les followers comme on les nommait, d'étaler sans aucune retenue leurs vies privées et leurs idées politiques sous couvert d'un anonymat leur autorisant toutes les outrances. On pouvait dire n'importe quoi sans tenir compte des réalités scientifiques ou historiques. Aucun risque d'être contredit puisque chaque idée, même la plus saugrenue, trouvait très rapidement un echos auprès de ceux qui pensaient de manière identique. Les fake news et théories du complot fleurissaient de toutes parts, polluant les rapports entre les êtres. Certains pays, tels que la Russie ou la Chine, utilisaient sans vergogne ces vecteurs pour influencer les événements importants de leurs rivaux. La création de formules de calcul très complexes, les algorithmes, permettaient d'envoyer une importante quantité de messages à des personnes ciblées pour leurs idées. Une élection présidentielle ou un referendum pouvaient être gagnés grâce à ce matraquage quotidien. Cette virtualité avait rendu l'humanité malade, les hommes, les femmes et même les enfants accordant plus d'importance à cette existence parallèle, factice et fantasmée qu'à leurs vies réelles.

Puis un jour un événement paraissant anodin survint, un réfrigérateur connecté se mit a dysfonctionner dans un appartement situé à Gamla Stan, le cœur historique de Stockholm. Ce n'était pas une banale panne mais quelque chose de beaucoup plus étonnant, le programme permettant la gestion des aliments stockés s'auto-modifia. Probablement par le bais de la liaison wifi, des informations émanant d'une entité inconnue piratèrent le top des frigos du moment.

La conséquence fut terrible, la majorité des produits fut périmée sans que les utilisateurs ne s'en aperçoivent et ils moururent dans d'atroces souffrances.

Ce fut le point de départ du cataclysme.