Cette part de moi
Celle que j'ai perdue
Ces heures passées en cage où tu m'as mise
Cette prison que j'ai habitée deux longues nuits
À me voir exploser.
À me voir disparaître.
Et tu m'as volé cette part de moi
Celle qui me gardait en vie.
Ce dernier souffle avant la fin
Quand l'oxygène quitte pour de bon
Que tes poumons abandonnent et laisse place au vide
À cause d'un maudit mot non-dit
Cette noirceur rampante. Glissante. Prenante.
Jusqu'à ne plus être rien sans elle
En perdant tout ce qui était avant elle
Quoi dire quand il n'est plus le temps de parler?
Quand il ne reste que deux choix : Te détruire ou être détruite
Il se faut prendre la voie la plus rapide...
Quitte à me perdre Aussi bien le faire avec éclat.
J'explose.
Je me fragmente en millier d'Emmanuelle
Passées, présente et futures
toutes liées dans ce dernier instant où nous étions qu'Une.
Je n'existe plus.
Une voix me demande : Ai-je déjà existé?
Je ne suis plus qu’un art abstrait
Un casse-tête sans bordure
Des souvenirs vagues, à moitié effacés
Brûlés par ce désir de vivre
Alors que je ne suis plus rien
Cette luciole en moi a disparue avant d'avoir pris son envol
À peine sa lumière allumée que tu l'as engouffré
Et me voilà dépourvu de mes ailes
De cette étincelle Que je ne retrouve plus.
Mais je cours toujours
Avec l’espoir des fous
De ceux qui ne savent pas quand arrêter
De ces têtus qui traversent des déserts
Pour l’espoir d’une goutte d’eau à mettre dans son jardin
Alors je cours, je me projette aux quatre vents avec mon filet à rêve
Car on apprend rapidement
Quand on n'est plus rien
Que les rêves ne s'attraperont pas en dormant
Qu'un capteur n'est pas suffisant
Qu'il faut faire face à la tempête
Puisque le soleil n'apporte rien de bon en terme de rêves : Éphémères, fragiles dans la tourmente
Les rêves qui résistent sont ceux qui traversent le pire
Pour se rendre jusque dans nos mailles
Ces rêves qui, endormis, nous filent entre les doigts
Qu'il faut attraper par surprise, au gré des bourrasques.
Mais cette part de moi n'est jamais revenue.
J'oublie même parfois qu'elle a existé
Et je m'habitue à n'être qu'en partie Moi
À n'être qu'une infime ombre de Moi
À n'être plus rien, sans Moi.
Je m’habitue à être morte, tu vois.
Si je ferme les yeux
Lorsque la nuit noire m'engouffre
Que le silence souffle et ne dit plus rien
En me tenant immobile je les sens tes chaînes, tes griffes qui me retiennent
J'entends le claquement de chaque seconde, de chaque minute dans ces 44 heures.
Je les sens se percer un chemin jusqu'à Moi
Et même si je sais que si je traverse cette douleur
Que j'affronte cette dernière épreuve
Que derrière tout ça, cette part de moi est peut-être encore là
Cette ouragan-là ne se traverse pas
Mon filet est trop petit, trop fatigué
Rien ne pourra s’attraper
Et je m’éparpillerai de nouveau
Car peut-être qu'en voulant récupérer ce morceau manquant
Le reste, si soigneusement rapatrié, s'effacera à son tour
Pour ne laisser que cette part de moi
Mon existence
Mais sans Moi.
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