Liberté d'expression

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Quand je veux écrire un texte

Que je sens la bonne tournure de phrases en moi

L'idée jaillir de nulle part, que la twist est là

Que je la sens vraie, honnête, moi...

Souvent, le texte ne verra jamais le jour.

Il restera à brûler, à s'étendre dans ma mémoire

Rejoignant les autres textes avortés avant lui...

Si je ne l'écris pas, c'est que j'ai peur d'écrire.

Pour des raisons irrationnelles, mais qui s'expliquent logiquement

Pour l’écrivaine anxieuse que je suis.

J'ai peur de n'avoir aucun talent

Que je sois capable de parler, de comprendre le français, soit !

Mais est-ce que je peux l'utiliser, vraiment, hors de son contexte du quotidien ?

Ce que j'ai à dire, comment je le dis, est-ce pertinent ?

Parmis toutes ces plumes que j'admire, est-ce que la mienne est un tant soi peu éclatante ?

J'ai peur de rester incomprise.

Que les mots ne soient jamais les bons

Qu’à la fin du récit, les plaies ne seront pas cicatrisées

Alors je reste avec l'idée, avec la tournure de phrases, avec mes maux.

Alors ma détresse reste silencieuse, je n’écris pas.

Puis, je lis à propos de ces autres qui écrivent

Qui font fit de mes petites peurs par leurs bravoures

Qui assassinent mes pires cauchemars par leurs réalités

Ces personnes qui ont eux aussi peur d'échouer, de ne pas être entendus, peut-être même de ne pas avoir de talent. Paradoxalement, ils se battent à tous les jours pour des droits humains. Pour une société équitable et juste. Ses écrivains qui se détruisent, car leurs mots sont les bons, car leurs mots visent justes... ils sont emprisonnés, bâillonnés. Ils utilisent leurs armes intellectuelles pour toucher, pour s'exprimer, pour être entendus.

Ce soir, nous nous sommes rassemblés pour envoyer un message d'espoir à ces personnes, ces héros d'un quotidien insensé et injuste. Nous les avons entendu, ces mots sortis de la pénombre. Alors c'est à nous de prendre les plumes, de dire haut et fort que leurs mots sont les nôtres. Nous avons la chance de ne pas avoir de contraintes politiques ou légales ou même de genre pour écrire, s'exprimer ou simplement exister.

Alors cessons d'avoir peur. Les mots ne seront peut-être pas les bons, nous n'avons pas la victoire garantie... mais, au moins, ils sauront qu'ils ne sont plus seuls à être debouts.

(Écrit à l'occasion "d'Un soir pour l'Art" qui rend hommage aux écrivains emprisonnés, en partenariat avec P.E.N. International)

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