C'était par une chaude journée d'été.
Je jouais dehors avec Cassandre. Le soleil nous chauffait la peau et l'air était empli de nos cris enfantins. Je me souviens encore de nos rires lorsque nous poussions nos poupées sur le toboggan et de nos petites robes fleuries.  
Nos "petites filles" comme nous les appelions, nous suivaient partout. La mienne s'appelait Magalie.

On avait décidé de rentrer boire un verre d'eau. On courait vers la cuisine en rigolant et se coursant après. Nous avions bu goulument et entre nos respirations haletantes, j'avais perçu un drôle de son. Comme un sanglot retenu, venant du salon. Cela me semblait totalement déplacé par cette douce après-midi.

Mon amie m'avait tiré par la main vers la pièce d'à côté. On entrait, découvrant ma mère assise sur le canapé et mon père, en face d'elle. Je les avais interrogées du regard, inquiète. Je me demandais ce qu'il se passait. Elle était belle et forte, ma maman. 

— Tout va bien, ma chérie, m'avait promis Maman d'une voix faible.

Le pire dans l'histoire, c'est que je l'avais cru. J'étais tranquillement retournée dehors avec Cassandre, tirant Magalie derrière moi. 
Plus tard, j'avais longuement réfléchi à cette scène dont mes souvenirs ne restaient que très vagues. Je m'étais faite la réflexion que c'était probablement là que tout avait commencé.
A moins que tout ça ne soit beaucoup plus compliqué.