- Bon, rappelle toi, ferme bien la porte à clé derrière nous et n'ouvre à personne d'accord ? me rappela une énième fois ma mère.

Ce soir, mes parents devaient se rendre à un autre dîner de gala pour je ne sais quelle association caritative. J'y suis allée moi aussi, quand j'ai eu l'âge auquel, selon mes parents, je saurais me tenir en public. J'avais 9 ans, j'étais polie et bien élevée...mais je m'étais terriblement ennuyée et je m'étais endormie bien vite sur ce genre de magnifique canapé luxueux sur lesquels apparemment il était assez mal vu de baver. Depuis cette soirée, mes parents ont décidés d'y aller seuls, à mon plus grand soulagement. Ce n'est donc pas la première fois que me retrouve à passer la soirée chez moi, ce serait par contre la première fois que je me retrouve seule. Je n'ai jamais aimé les gardiennes qui arrivaient juste avant le départ de papa et maman. De leur arrivée à l'heure de me coucher, elles passaient leur temps à essayer de "s'amuser" avec moi et à "tisser des liens". En fait, je crois surtout que je n'aimais pas qu'elles me traitent comme un bébé. J'avais 9 ans, pas 3 et je crois qu'elles avaient du mal à faire la différence. Je m'étais donc battue pour avoir le droit de rester seule ce soir, promettant à mes parents que je serais responsable et que je saurais me débrouiller. Ils ont dû se dire que du haut de mes 15 ans, j'étais assez intelligente pour ne pas faire brûler la maison, ni assez rebelle pour inviter des amis drogués pendant leur absence puisqu'ils ont dit oui. Ce soir, je passerais ma première soirée seule chez moi.

- Oui maman, je te le promets, tu sais bien que tout se passera bien.

- D'accord, alors nous y allons. Passe une bonne soirée ma chérie et ne dors pas trop tard, me répondit-elle. Appelle si tu as un soucis et on rentrera aussitôt.

- Ne t'en fais pas. Vous devriez partir avant d'être en retard. A demain

Elle se pencha pour m'embrasser et laissa une marque de rouge à lèvre sur ma joue, papa me serra brièvement dans ses bras, et ils partirent dans un tourbillon d'effluves florales, résultat du dernier coup de coeur de ma mère pour un nouveau parfum.

J'ai regardé la voiture s'éloigner de la maison, me sentant plutôt emballée par l'idée de passer une soirée tranquille sans les parents, mais avec toujours cette pointe d'appréhension qui vous tord le ventre quand vous êtes seuls chez vous pour la première fois.

Au moment où je me décida à enfin fermer la porte, une énorme bourrasque la claqua brutalement, me faisant sursauter. Le coeur battant, je restais plantée là, à regarder la porte fermée. Il devait y avoir eu un courant d'air dû à une fenêtre mal fermée, mais je me sentis soudain comme...prise au piège. La soirée commençait à peine et je devenais déjà paranoïaque. Génial...