Celle d'un unique soir
— Lente agonie, murmurent les bribes de son souvenir.
Entre deux râles de plaisir, il a soufflé sur les braises de mon désir, ravivant cette flamme rougeoyante au creux de mes reins.
Ses mains, impétueuses, ont heurté mon âme jusqu'à la défaillance.
Être façonné de plaies béantes a calmé mes tourments le temps d'une nuit ardente.
Dans l'obscurité de mon enfer il a, par quelques soupirs, créé un faisceau lumineux.
Brillance illusoire, celle d'un unique soir.
Il a, entre deux sanglots, bercé mon cœur ébréché.
Démence orgasmique, dans un gémissement fantomatique, l'heur bref d'un espoir vainement attendu.
Pendu, à ses lèvres, je l'étais, donnant baisers empreints d'animosité.
— Douce agonie, susurrent les effluves de son parfum.
Sur les draps, son odeur est restée, caressant mon cœur à demi-pansé.
Senteur charnelle, soufflant son élan bestial sur une peau encore moite.
Je l'ai regardé, entre mes larmes de jouissance, s'évader dans la noirceur d'une nuit d'été.
Était-il seulement, les brumes de mon esprit isolé ?
Compagnon imaginaire, pour une âme en errance solitaire ?
Sulfureuse, sa voix résonne encore à mes oreilles, comme effleurements primaires, acte de détresse ou simple promesse inassouvie.
Les paupières closes, parfois, je les sens encore, ses doigts frôlant le voile de mon désir.
Entre deux râles de souffrance, le paradis nous a accueilli, le temps d'une mélodie extatique.
— Mortelle agonie, minaude l'éclat de ses prunelles disparues.
Brillance illusoire, celle d'un unique soir.
La tête dans les nuages, je pleure encore ses silencieux au revoir.
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