Ô Rage !
Ce soir, le tonnerre gronde par-delà la fenêtre, laissant ses éclairs illuminer la pièce.
Recroquevillée dans mon lit, je mesure le temps, comptant les secondes tout en écrivant quelques éparses pensées.
Lors d'une époque tragiquement révolue, il m'accompagnait durant ces longues nuits tonitruantes.
Désormais, esseulée, mon ami disparu, j'erre seule dans les méandres de ma peur absolue.
J'imagine son rire dans un grognement de mauvais temps, je redessine ses yeux dans cette décharge électrique qui fait briller les murs de ma chambre.
Je pense à son sourire contrit, celui qui habillait si joliment son visage lorsqu'un sursaut me secouait, comme si, c'était sa faute si l'orage grondait.
Il était là, près de mon lit, laissant s'élever ses paroles rassurantes pour dissiper le trouble de mes angoisses.
Parfois, il essuyait mes larmes de terreur en murmurant que cela allait passer.
Plus que mon meilleur ami, mon âme sœur.
Je me retrouve seule, sans sa présence apaisante et je tremble à chaque fracas assourdissant.
Il fait à peine nuit, début de soirée et j'ai peur pourtant.
C'est idiot, sûrement.
Loin de l'enfance, femme désormais, mes anxiétés bruyantes reviennent chaque été, lorsque s'étend en vociférant l'orage foudroyant.
Mon ami n'est plus là, mon cœur pleure en y pensant, laissant s'échapper en frémissements, le poids de son absence.
Je pourrais me lever, faire résonner les notes de mon piano, caresser les touches jusqu'à ce que disparaissent à mes oreilles les grondements meurtriers.
Pourtant, comme tétanisée, impossible de bouger.
Dans ma tête, je continue de les compter, ces secondes qui s'égrainent lentement.
Tentant vainement de m'ancrer pour ne pas chuter dans ce cauchemar sonore.
Le tonnerre gronde par-delà la fenêtre, les éclairs illuminent la pièce.
Ô rage ! J'ai peur de l'orage et mon ami n'est plus là.
Annotations