Que reste-t-il ?

2 minutes de lecture

Plume trempée dans des larmes de sang, j'écorche mon cœur pour écrire ces maux.
Tapi dans les méandres glacés d'une vie illusoire, j'abîme mon âme pour panser des plaies mal cicatrisées.
Face au mur, que me reste-t-il de plus que les regrets d'une existence passée ?
Le reflet blasé de mon image, dans ce miroir marbré de stries d'usure.
Sourire factice enjolive un visage blême, que reste-t-il lorsque l'émail se fissure ?

J'ai vaincu la faucheuse, lorsque dans un murmure elle m'a conseillée l'irréparable.
Dans un lit d'hôpital, entre les sanglots et les sangles de cuir, j'ai soupiré un râle d'agonie.
J'ai survécu, à quoi bon, finalement ?
Que reste-t-il lorsque l'envie s'évanouit ?
J'ai souri, après un temps incertain, douloureux rictus, narquois minois, j'ai battu la mort et l'oublie.
Mais pour quoi, en soit, dîtes-le moi ?
Que reste-t-il lorsque dans mon esprit, les moments de joies se ploient ?

Endormi face à la Lune, câline, la sphère gardienne de mes rêves.
Astrale, reine de mes passions silencieuses, je sais qu'elle me voit, parfois.
Blancheur apaisante, luminescence éclatante, maîtresse de mes secrets, j'ai quelques fois ri, pour toi.
Dans tes yeux, je m'aperçois, cela arrive lorsque l'espoir renaît dans l'obscurité.
Que reste-t-il d'autre que ta présence bouleversante ?

J'ai ouvert les yeux, un beau matin, sous le ciel ensanglanté d'un levé de soleil.
Mon amie n'étant plus là, j'ai expiré mon désespoir en avalant ma peine.
Que me reste-t-il lorsque mes yeux ne pleurent même plus ?
Les larmes salines, effacées, abandonnées, j'ai perdu la raison dans un élan de déception.
Comment croire en demain quand aujourd'hui est un songe meurtri de blessures mal guéries ?

Je sais : respirer, se lever, marcher, sourire et rire de plaisir.
Je sais : avancer, ne pas se retourner, oublier les moments passés.
Oui, pas après pas, une case après l'autre sur l'échiquier des damnés, laissant derrière moi, mon cavalier condamné.
Oui, lever la tête, laver les sillons de souffrance sur une peau amochée, un cœur à moitié rapiécé.
Que reste-t-il lorsque les souvenirs assassins me prennent à la gorge ?

Suffocante oppression, j'aimerais rassembler les morceaux brisés de cette psychédélique psyché.
Collage approximatif, réparations de fortune dans une brume anxiogène.
Fumée des ténèbres d'un martyr oublié, volutes grisâtres d'un ami envolé.
Que reste-t-il lorsque dans ses iris l'étincelle ne pétille plus ?
Outrance violence, dans mon souvenir il est d'une éblouissante beauté, tout comme l'astre qui me guide lors de ces nuits d'insomnies.
Si belle douleur lorsque je pense à lui, si terrible amour lorsque je le dessine dans mon esprit.

Le marionnettiste a crié, tirant entre ses doigts les cordages élimés.
Que me reste-t-il lorsque mon avancée est millimétrée sur un bout de papier ?
Espoirs vains, c'est bien ma veine, comment respirer avec une encre sanglante au bout d'une plume usée par les années ?
Que reste-il lorsque le bonheur d'écrire est négligé par l'envie d'accuser les agressions d'un illusionniste borné ?

Que reste-t-il de mon âme, dans un corps blessé ?
Que reste-t-il de nos sourires, dans cette troublante réalité ?
Que reste-t-il de nos souvenirs, dans les vestiges d'une existence piétinée ?
Que reste-t-il de nos passions, dans un univers cousu de fil barbelé ?
Que reste-t-il de moi, sans toi ?
Dis-moi, que reste-t-il ?

Que reste-t-il...

Annotations

Vous aimez lire Li nK olN ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0