Chapitre 1 : Un souffle d’anniversaire

La lumière tamisée de la maison de Timmy oscillait doucement, projetant des ombres dansantes sur les murs couverts de vieilles photos de famille et de trophées poussiéreux. L’odeur sucrée du gâteau d’anniversaire, encore posé sur la table de la cuisine, se mêlait à celle, plus discrète, du bois brûlé dans le poêle. Les rires emplissaient la pièce, une bulle de chaleur et de légèreté au cœur de cette soirée d’automne.

Timmy, tout juste seize ans, était assis sur le canapé effondré du salon, entouré de ses cinq meilleurs amis. La fête n’avait rien de spectaculaire : une poignée de ballons suspendus aux poutres apparentes, une guirlande « Bon Anniversaire » mal accrochée et quelques verres de soda éparpillés. Mais pour lui, c’était parfait.

Emy, toujours pleine d’énergie, sautillait autour de la pièce, ses longues boucles dorées rebondissant à chaque mouvement. Elle portait une robe rouge éclatante, trop habillée pour l’occasion, mais elle aimait ça, attirer les regards. Elle s’arrêta soudain devant Timmy et lui lança un regard malicieux.

« Alors, monsieur le grand garçon, tu te sens adulte maintenant ? » demanda-t-elle en riant.

« Si être adulte, c’est avoir le droit de regarder toutes les saisons de L'Épouvantail sans se faire engueuler, alors oui, je suppose, » répondit Timmy avec un sourire en coin, déclenchant un éclat de rire général.

À côté d’elle, Gracie, la plus calme du groupe, sirotait un verre qu’elle avait discrètement rempli d’un fond de liqueur trouvé dans un placard. Ses cheveux noirs lisses tombaient sur son visage, mais elle ne semblait pas dérangée. Elle leva son verre, son regard pétillant malgré sa posture réservée.

« À Timmy ! Et à ses seize ans de survie dans ce village paumé. Sérieusement, qui fête son anniversaire en plein milieu de nulle part ? » plaisanta-t-elle en levant les yeux vers les poutres du plafond.

Horor, qui avait passé une bonne partie de la soirée à jongler entre son téléphone et des snacks, sursauta légèrement en entendant la remarque. Il était du genre à rire nerveusement à tout, et même là, il ne put s’empêcher de grincer des dents.

« Hé, c’est pas si paumé que ça... enfin, si, peut-être un peu. Mais au moins, y’a pas de connexion Internet dans les champs, ça veut dire pas de zombies... ni d’épouvantails ! » dit-il avec une tentative maladroite de faire de l’humour.

Clement, assis un peu à l’écart sur une chaise, regardait Timmy avec une attention silencieuse. Ses cheveux châtains retombaient sur ses yeux, masquant un sourire discret. Fan invétéré de L'Épouvantail, il connaissait tous les épisodes par cœur. Il aurait voulu lui parler de la nouvelle saison qui venait de sortir, mais il se retint, de peur que ses sentiments pour Timmy ne trahissent ses mots.

« Alors, tu comptes la regarder ce soir, cette nouvelle saison ? » finit-il par demander, jouant avec une miette de gâteau sur son assiette pour cacher sa nervosité.

Timmy haussa les épaules, mais ses yeux brillèrent d’une excitation mal contenue. « Peut-être. Mais pas avant que tout le monde soit parti... Et surtout pas avec mon père dans les parages. »

Enfin, il y avait Henry, le plus discret du groupe. Grand, un peu gauche, il se tenait près de la fenêtre, observant la nuit tombante. Il avait toujours préféré la nature à la compagnie bruyante des gens, mais il avait fait un effort pour être là, surtout parce qu’Emy y était. En secret, il admirait sa confiance et sa vivacité.

« Hé, Henry, tout va bien ? » demanda Timmy, remarquant son silence.

Henry se retourna brusquement, un léger sourire sur le visage. « Oui, je regardais juste les étoiles. Elles sont plus belles ici, loin des lumières de la ville. »

Emy, curieuse, s’approcha de lui. « T’as pas tort. Et si on allait faire une balade après ? Une petite aventure nocturne, ça serait sympa, non ? »

Henry sentit son cœur s’emballer, mais il hocha simplement la tête, trop timide pour dire quoi que ce soit de plus.

La soirée continua dans une ambiance douce et joyeuse. Entre les rires d’Emy, les remarques pince-sans-rire de Gracie, les blagues maladroites de Horor, et les regards discrets de Clement et Henry, Timmy se sentit entouré. Pour une fois, il ne pensait pas à la légende de l’épouvantail ni aux rumeurs qui couraient dans les couloirs du lycée.

Mais lorsque l’horloge sonna minuit, et que la maison plongea dans un silence plus profond, un frisson inexplicable parcourut Timmy. Peut-être que ce n’était rien. Ou peut-être que l’histoire de l’épouvantail n’était pas aussi fictive qu’il le pensait.