Chapitre 7

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Chapitre 7 : Les ombres des champs

La maison était plongée dans un silence presque surnaturel. Le vent qui faisait bruisser les champs de maïs semblait s’être apaisé, laissant l’air lourd, chargé d’une tension inexplicable. Timmy, seul dans la grande bâtisse depuis le départ de ses amis, se sentait oppressé. Chaque craquement du bois sous ses pieds semblait amplifier le vide autour de lui, chaque ombre projetée par la faible lumière de la lune semblait s’étendre, menaçante.

Assis sur le canapé, il fixait l’écran noir de la télévision. Son cœur battait encore vite après l’épisode qu’il venait de regarder, où l’épouvantail s’était avancé dans un champ désert, suivi d’une silhouette floue. Il n’avait pas eu le courage de regarder jusqu’à la fin cette fois. Il se sentait observé. Et il détestait cette sensation.

Timmy se leva lentement, ses pieds nus glissant sur le plancher froid. Il s’approcha de la fenêtre, écartant légèrement les rideaux. Les champs de maïs s’étendaient devant lui, paisibles sous la lumière de la lune. Pourtant, il ne pouvait s’empêcher de chercher, du regard, quelque chose qui n’aurait pas dû être là : une ombre, un mouvement, un signe.

Il se murmura à lui-même : « Ce n’est rien. C’est juste… une obsession stupide. »

Mais au fond de lui, il savait que ce n’était pas seulement dans sa tête. Il avait vu l’épouvantail, et il savait qu’il ne pouvait plus l’ignorer. L’idée le hantait, s’infiltrait dans chaque pensée.

Soudain, un bruit le fit sursauter. Un froissement. Lent et léger, mais distinct. Il venait de dehors, des champs. Timmy recula instinctivement de la fenêtre, son cœur battant à tout rompre. Il ferma les rideaux d’un geste brusque et resta immobile, écoutant. Mais le bruit ne se répéta pas.

Il secoua la tête, tentant de rationaliser. « Le vent… juste le vent… » Pourtant, il savait qu’il n’y avait presque pas de vent ce soir.

Ne trouvant pas le courage d’aller se coucher, Timmy erra dans la maison, allumant des lumières ici et là pour chasser les ombres. Il s’arrêta dans la cuisine, où un reste de gâteau était encore posé sur le comptoir. Il s’en coupa une part, plus pour occuper ses mains que par véritable faim.

Il s’assit à la table, le silence pesant autour de lui. Mais alors qu’il mordait dans sa part de gâteau, un autre bruit attira son attention. Cette fois, c’était un grincement. Un son prolongé, presque plaintif, qui semblait provenir de l’arrière de la maison.

Timmy sentit sa gorge se nouer. Il posa son gâteau, se levant lentement. Ses pieds nus avancèrent avec précaution sur le carrelage froid. Il attrapa une lampe torche posée sur le comptoir, ses doigts tremblants à mesure qu’il approchait de la porte arrière.

Il ouvrit doucement la porte, le grincement des gonds se mêlant au silence de la nuit. L’air frais le frappa, lui arrachant un frisson. Il balaya le jardin avec la lampe torche, scrutant chaque recoin. Les champs s’étendaient à perte de vue, toujours aussi calmes.

Mais alors qu’il s’apprêtait à refermer la porte, son faisceau de lumière s’arrêta sur quelque chose.

Un épouvantail.

Il n’était pas là avant. Timmy en était sûr. Il connaissait chaque recoin des champs qui entouraient la maison, et cet épouvantail, vêtu de haillons, avec une tête en sac cousu et des bras de bois tordus, n’avait jamais été là.

Timmy resta figé, son souffle court. L’épouvantail était à une vingtaine de mètres, immobile. Mais il semblait… différent. Ses bras étaient légèrement levés, ses haillons flottaient doucement comme s’ils étaient animés par une brise imperceptible.

Il referma la porte brusquement, verrouillant le loquet. Son dos plaqué contre le bois, il tenta de contrôler sa respiration. Il ne savait pas quoi faire, mais il savait une chose : il ne pouvait pas rester là, dans l’obscurité, à attendre que quelque chose arrive.

Timmy monta les escaliers en courant, se réfugiant dans sa chambre. Il alluma toutes les lampes, s’assit sur son lit, et attrapa son téléphone. Il hésita avant de composer le numéro de Clement. Le téléphone sonna plusieurs fois avant qu’une voix endormie ne réponde.

« Timmy ? Qu’est-ce qui se passe ? » murmura Clement, la voix encore lourde de sommeil.

« Clement… il… il y a un épouvantail. Dans les champs. Devant la maison. »

Un silence suivit. Puis Clement répondit, plus alerte : « Timmy… tu es sûr ? Ce n’est pas juste ton imagination ? »

« Non, je l’ai vu ! Il n’était pas là avant. Il… je ne sais pas ce qu’il fait là, mais je sais qu’il était pas là avant. »

Clement soupira. « Écoute, calme-toi. Peut-être que ton père en a mis un pour éloigner les oiseaux ou autre chose. »

« Mon père n’a jamais mis d’épouvantail ici, jamais. Et celui-là… » Timmy s’arrêta, incapable de mettre des mots sur ce qu’il ressentait. « Il est bizarre. »

Clement, à l’autre bout du fil, réfléchit un instant. « Si c’est vraiment ça, alors reste à l’intérieur. Verrouille toutes les portes, et… appelle-moi si ça bouge. D’accord ? »

Timmy acquiesça, même s’il savait que Clement ne pouvait pas le voir. « D’accord. »

Il raccrocha, le téléphone toujours serré dans sa main. La maison semblait encore plus vide maintenant, et le silence, plus lourd. Il s’assit sur le bord de son lit, fixant la fenêtre. Une partie de lui voulait regarder dehors, vérifier si l’épouvantail était toujours là. Mais une autre partie lui criait de ne pas le faire.

Il ne pouvait pas résister. Lentement, il se leva, s’approcha de la fenêtre, et écarta légèrement le rideau. Les champs semblaient paisibles sous la lumière de la lune. Mais l’épouvantail…

Il avait bougé.

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