Chapitre 8
Chapitre 8 : Les révélations de la série
Le lendemain matin, Timmy se réveilla dans son fauteuil, le cou raide et la lumière du jour filtrant doucement à travers les rideaux. Son livre policier reposait sur ses genoux, ouvert à une page qu’il n’avait même pas lue. Il se redressa lentement, son esprit encore embrouillé par le sommeil, mais surtout par les fragments d’images de la veille : l’épouvantail, la musique triste, et les cris déchirants d’un enfant.
Il n’avait pas eu le courage de regarder un autre épisode après celui-ci. Pourtant, il savait qu’il devait poursuivre. Chaque épisode semblait révéler un morceau de l’histoire de l’épouvantail, une pièce du puzzle qui, il l’espérait, lui permettrait de comprendre ce qu’il voulait. S’il voulait trouver des réponses, il devait regarder jusqu’au bout.
Timmy se prépara rapidement, grignotant un morceau de pain sans appétit, puis il s’installa à nouveau devant la télévision. Il avait déjà inséré le disque suivant la veille, comme pour se forcer à continuer. Il hésita un instant, son doigt suspendu au-dessus du bouton "lecture", avant de prendre une profonde inspiration et de lancer l’épisode.
Le générique habituel résonna dans la pièce, sombre et oppressant. Mais cette fois, l’épisode s’ouvrit sur un décor plus paisible : une vaste parcelle de terre, baignée par la lumière du soleil, entourée de champs verdoyants. Un homme se tenait au centre, vêtu de vêtements modestes, ses mains pleines de terre. Son visage était marqué par le travail et la fatigue, mais il souriait légèrement, observant ses cultures grandir avec fierté.
Puis une autre silhouette apparut : un homme grand, vêtu de noir, accompagné de plusieurs autres. Sa voix résonna, dure et froide :
« Tu n’as plus le droit à cette parcelle. Elle appartient désormais au groupe. »
L’homme protesta, sa voix tremblante mais déterminée : « C’est ma terre. Je l’ai travaillée toute ma vie. Vous ne pouvez pas me la prendre. »
Mais les hommes en noir restèrent implacables. Ils l’entourèrent, le poussant à quitter son champ. Les jours suivants, la caméra montra l’homme, devenu une ombre de lui-même. Il errait dans le village, son regard vide et son corps amaigri, cherchant désespérément une solution.
Un soir, désespéré, il retourna dans sa parcelle. La caméra montra ses mains, tremblantes mais résolues, plantant de nouvelles graines dans la terre qu’il considérait toujours comme sienne. La musique de fond, lente et triste, amplifiait chaque geste. Mais bientôt, des torches apparurent dans l’obscurité.
Le groupe l’avait trouvé.
La caméra changea d’angle, suivant les hommes en noir qui encerclaient l’homme. Ils le ligotèrent au centre de la parcelle, sa voix se brisant en hurlements désespérés. Les torches furent jetées sur lui. Le feu s’éleva rapidement, illuminant son visage déformé par la douleur. Avant de succomber, il prononça une phrase, sa voix déformée par les flammes :
« Je reviendrai… Je réclamerai ce qui m’appartient. Vous paierez pour vos crimes. »
La scène se termina sur un champ calciné, la musique devenant presque silencieuse. Puis, dans un plan final, la caméra montra un épouvantail dressé au centre, ses haillons noirs flottant au vent.
Appel vidéo : discussions et tensions
Plus tard dans la soirée, Timmy envoya un message dans son groupe de discussion :
"Appel vidéo ce soir ? Besoin de discuter."
Quelques minutes plus tard, les écrans s’allumèrent un à un. Emy apparut en premier, un sourire moqueur déjà sur les lèvres.
« Enfin, tu te manifestes, » lança-t-elle, une tasse de thé à la main. « J’ai cru que t’étais devenu un ermite. »
Horor, allongé sur son lit, bâilla bruyamment. « Ouais, c’est clair. T’étais où, Timmy ? On t’a pas beaucoup entendu aujourd’hui. »
Timmy haussa les épaules, esquissant un sourire nerveux. « Je me suis juste un peu reposé… et j’ai regardé quelques trucs. »
Gracie, qui venait de rejoindre l’appel, leva un sourcil. « Des trucs, hein ? Si c’est encore L’Épouvantail, t’es vraiment maso. Cette série est glauque. »
« Glauque mais captivante, » intervint Clement, son visage sérieux mais son regard curieux. « Je parie que t’as encore regardé un épisode, pas vrai ? »
Timmy détourna légèrement le regard, et cela suffit à confirmer leurs soupçons. Emy éclata de rire. « Mais t’es un cas désespéré, toi ! T’as pas eu assez de frissons hier ? »
Après quelques rires, Clement reprit d’un ton plus sérieux. « Alors, raconte. Qu’est-ce que t’as vu cette fois ? »
Timmy hésita. Les images étaient encore trop fraîches dans son esprit. Mais il savait qu’il devait en parler. « J’ai regardé deux épisodes. Le premier expliquait… comment l’homme est devenu l’épouvantail. Ils l’ont expulsé de sa parcelle, il a essayé de la récupérer, et… ils l’ont brûlé vif. »
Un silence s’installa, même Emy, d’habitude moqueuse, sembla troublée.
« Brûlé ? Sérieusement ? » murmura Gracie. « C’est quoi cette série ? »
Horor lâcha un rire nerveux. « Je te jure, Timmy, tu vas finir par voir cet épouvantail dans ton jardin. »
Timmy ne répondit pas tout de suite. Il continua d’une voix plus basse : « Le deuxième épisode… c’était pire. Ils ont montré son corps brûlé, jeté dans un puits. Et puis, il est allé dans une maison. Il y avait une femme et sa fille. »
Il inspira profondément avant de continuer. « Il a chanté pour elles. Il a demandé à la femme… “La vérité ou la mort ?” Elle a essayé de se défendre, mais il l’a tuée. »
Gracie porta une main à sa bouche, visiblement choquée.
Emy fronça les sourcils. « Et tu regardes ça tout seul ? T’es malade. »
Clement, lui, hocha lentement la tête. « Ça fait sens. Ils construisent une histoire. L’épouvantail ne tue pas au hasard. Il veut quelque chose. »
Timmy acquiesça. « Oui, mais je ne comprends pas tout. Pourquoi il tue certaines personnes et pas d’autres ? Et cette chanson pour la fillette à la fin… c’était presque… gentil. »
Emy éclata d’un rire nerveux. « Gentil ? Timmy, il a massacré sa mère devant elle. Si c’est ça ta définition de la gentillesse… »
Horor ajouta, toujours moqueur : « File-lui ton jardin, et il te laissera tranquille. »
Le groupe continua de discuter pendant près de deux heures. Emy partagea des anecdotes légères pour détendre l’atmosphère, et Horor se mit à imiter des scènes absurdes, déclenchant des rires malgré la tension initiale. Mais chaque fois que Timmy pensait se détendre, les images de la série lui revenaient.
Quand il raccrocha enfin, il était tard. La maison semblait plus vide que jamais. Timmy tenta de se distraire en reprenant son livre policier, mais les mots dansaient sur la page, flous et incompréhensibles. Assis dans son fauteuil, il lut quelques lignes avant que la fatigue ne l’emporte. Ses paupières se fermèrent, et il s’endormit, toujours hanté par les ombres de l’épouvantail.
Annotations