Chapitre 14

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Alors que Timmy éteignait son ordinateur, satisfait de ses recherches, un bruit sourd retentit dans la maison. Il sursauta. Quelqu’un venait de frapper à la porte d’entrée. Le cœur battant légèrement plus vite, il resta immobile un instant, se demandant si son esprit lui jouait des tours. Mais le bruit se répéta, plus fort cette fois.

Il se leva à contrecœur, traversant la maison plongée dans le silence. Les vieilles planches du sol grinçaient sous ses pas, amplifiant son malaise. Arrivé devant la porte, il hésita avant de tourner la poignée. Lorsqu’il l’ouvrit, il ne trouva personne.

Son regard balaya les environs, scrutant la route poussiéreuse et les champs de maïs qui s’étendaient à perte de vue. Rien ni personne. Mais en baissant les yeux, il vit un bouquet étrange posé sur le seuil.

C’était un assemblage de tiges de maïs, liées ensemble avec une ficelle grossière. Les feuilles étaient encore vertes et fraîches, comme si elles venaient d’être coupées. Au milieu, une épi de maïs plus grand que les autres semblait dominer la composition, ses grains jaunes luisant faiblement sous la lumière du porche.

Timmy sentit un frisson lui parcourir l’échine. Il se pencha pour ramasser le bouquet, mais ses doigts s’arrêtèrent à mi-chemin. Son regard dériva vers un attrape-rêves suspendu près de la porte. Les fils tressés tournaient doucement, comme si quelqu’un ou quelque chose venait de le frôler.

Il attrapa rapidement le bouquet, le serra contre lui, et referma la porte avec un claquement qui résonna dans toute la maison. L’air froid de l’intérieur sembla lui peser davantage alors qu’il s’adossait à la porte, tentant de calmer sa respiration. Ses pensées tournaient à toute vitesse. Était-ce une plaisanterie ? Une mise en garde ? Ou… quelque chose de plus sinistre ?

Il jeta le bouquet sur la table de la cuisine comme si le simple contact de l’objet était devenu insupportable. Ses mains tremblaient légèrement alors qu’il remontait les escaliers pour se réfugier dans sa chambre. Là, il verrouilla la porte, tirant les rideaux pour bloquer la vue sur les champs.

Son premier réflexe fut de chercher son téléphone. Il n’y avait qu’une personne qui pouvait comprendre son angoisse et lui offrir un semblant de réconfort : Clement. Il tapota rapidement son numéro et attendit, le cœur battant à tout rompre.

Alors que le téléphone sonnait dans l’oreille de Timmy, un bruit lui parvint depuis le rez-de-chaussée. Un murmure, faible mais clair, s’éleva comme si quelqu’un parlait d’une voix grave et monotone. Les mots étaient indistincts, mais le ton semblait presque… chantant.

Timmy se figea, le téléphone toujours à son oreille. Son souffle se coupa. Il tourna lentement la tête vers sa porte verrouillée, les battements de son cœur résonnant dans ses tempes. Le murmure s’arrêta aussi soudainement qu’il avait commencé, plongeant la maison dans un silence total.

La voix de Clement brisa ce silence. « Timmy ? Qu’est-ce qui se passe ? »

Timmy sursauta, la voix familière de son ami ramenant un semblant de normalité. « Clement, il y a… » Il hésita, ne sachant comment formuler ce qu’il venait de vivre. « Il y a eu un bruit. Quelqu’un… ou quelque chose… était dans la maison. »

« Ok, reste calme, » répondit Clement, son ton sérieux. « T’es sûr que c’est pas ton imagination ? Tu veux que j’appelle quelqu’un ? »

« Non ! » répondit Timmy rapidement. « Je… Je vais bien. » Mais il savait qu’il ne croyait pas ses propres mots.

Après avoir raccroché avec Clement, Timmy sentit qu’il ne pouvait pas rester immobile. Il devait vérifier. Il descendit lentement les escaliers, une lampe torche à la main, chaque pas amplifiant son angoisse. La maison était sombre, chaque recoin plongé dans une obscurité inquiétante.

Arrivé dans la cuisine, il trouva le bouquet de maïs exactement là où il l’avait laissé. Mais quelque chose clochait. Les tiges, auparavant bien ordonnées, semblaient avoir été déplacées, presque comme si quelqu’un ou quelque chose les avait touchées. Le ruban qui les tenait ensemble pendait maintenant lâchement, et les grains de maïs sur l’épi central semblaient ternis, comme s’ils avaient pourri en l’espace de quelques minutes.

Il recula d’un pas, son regard fixé sur l’objet. C’est alors qu’il remarqua quelque chose sur la table, juste à côté du bouquet : une petite marque gravée dans le bois. C’était un symbole, grossièrement dessiné, représentant ce qui ressemblait à un cercle entouré de tiges de maïs.

Timmy sentit un frisson glacial parcourir son dos. Ce symbole, il l’avait vu quelque part avant. C’était dans L’Épouvantail, gravé sur le puits que le fermier avait utilisé pour signer son pacte.

De retour dans sa chambre, Timmy se laissa tomber sur son lit, fixant le plafond comme s’il y cherchait des réponses. Ses pensées tournaient en boucle. Ce symbole… Pourquoi est-il là ? Est-ce que quelqu’un essaie de me faire passer un message ? Ou est-ce que je perds complètement la tête ?

Il repensa aux paroles de Clement : « T’es sûr que ce n’est pas ton imagination ? » Mais c’était réel, il en était certain. Il avait vu le bouquet, il avait entendu le murmure. Tout cela ne pouvait pas être une simple coïncidence. Et si tout cela était lié à la série ? Est-ce que quelque chose d’oublié refaisait surface, à travers moi ?

Alors qu’il fermait les yeux, une dernière pensée le traversa : Et si l’épouvantail n’était pas seulement une légende ? Et s’il réclamait quelque chose… à moi ?

Il se précipita dans sa chambre et ferma la porte à double tour. L’angoisse montait, se mêlant à une sensation croissante de paranoïa. Il vérifia chaque recoin de la pièce, comme pour s’assurer qu’il était réellement seul. Enfin, il se laissa tomber sur son lit, le souffle court.

Reprenant son téléphone, il hésita un instant avant d’envoyer un message à Clement :
"Le bouquet… il a changé. Et il y avait un symbole. Je l’ai vu dans la série."

Quelques secondes plus tard, la réponse de Clement arriva :
"Tu es sûr de toi ? Ce n’est pas juste ton imagination ?"

Timmy se mordit la lèvre. Était-ce vraiment son esprit qui lui jouait des tours, ou était-il en train de basculer dans une réalité où fiction et vérité s’entremêlaient dangereusement ?

Pour l’instant, il savait une chose : il ne dormirait pas cette nuit.

Timmy resta assis sur son lit, son dos appuyé contre le mur froid, les jambes repliées sous lui. Il avait verrouillé la porte de sa chambre et fermé les rideaux, comme si ces gestes pouvaient suffire à le protéger de l’inconnu. Pourtant, il sentait encore une tension oppressante dans l’air. Ses pensées s’embrouillaient, oscillant entre la peur et une tentative désespérée de rationalité.

« Ok, reprenons les faits… » pensa-t-il, s’efforçant de mettre de l’ordre dans ce chaos. Quelqu’un – ou quelque chose – avait laissé un bouquet de maïs sur son seuil. Cela aurait pu être une blague, mais alors pourquoi cette atmosphère si étrange ? Pourquoi ce murmure dans la maison ? Et ce symbole gravé, pourquoi lui semblait-il si familier ?

Timmy prit une profonde inspiration. Il savait qu’il devait rester lucide. Laisser la peur prendre le dessus ne ferait qu’amplifier son angoisse. Mais malgré lui, chaque détail ramenait son esprit à la série L’Épouvantail. Les similitudes entre la fiction et sa propre vie devenaient trop nombreuses pour être ignorées.

« Peut-être que je me fais des idées, » murmura-t-il pour lui-même, bien qu’il n’y croyait qu’à moitié. Peut-être que le bouquet avait été laissé par un voisin ou un plaisantin, et que son esprit, influencé par la série et les événements récents, avait brodé autour de cela une histoire plus terrifiante qu’elle ne l’était en réalité.

Il se força à repasser chaque détail dans sa tête. L’attrape-rêves qui tournait, ce murmure au rez-de-chaussée, le symbole gravé… Rien de tout cela ne semblait avoir une explication logique. Mais peut-être qu’il cherchait des connexions là où il n’y en avait pas. Après tout, les champs de maïs, les histoires de fermiers et les légendes étaient des thèmes universels dans les villages comme le sien.

Mais alors pourquoi avait-il l’impression d’être ciblé ? Pourquoi ces événements semblaient-ils graviter autour de lui, comme si l’histoire qu’il voyait dans L’Épouvantail cherchait à le happer dans son récit sombre ?

Ses pensées le ramenèrent inévitablement à la série. Il n’avait pas regardé d’épisode depuis quelques jours, mais il se souvenait clairement du puits, du pacte, et de ce symbole gravé dans la pierre. Ce symbole précis – il l’avait vu sur la table de sa cuisine, à côté du bouquet. Cela ne pouvait pas être une coïncidence.

Timmy se demanda s’il devait retourner voir cet épisode pour comprendre. Peut-être que la série contenait des indices, quelque chose qui pourrait l’aider à démêler la réalité de la fiction. Mais l’idée même de revoir ces images, d’entendre à nouveau la voix sinistre de l’épouvantail, lui glaçait le sang.

Il serra les poings, frustré par son propre esprit. Pourquoi tout semblait-il si confus ? Pourquoi cette série, qu’il avait autrefois adorée, semblait-elle maintenant s’immiscer dans sa vie comme une ombre envahissante ?

Il finit par se lever, faisant les cent pas dans sa chambre pour tenter de canaliser ses pensées. Ses pas résonnaient faiblement sur le vieux plancher, rythmant sa réflexion. Il savait qu’il avait deux options : continuer à ignorer ces événements, espérant que tout cela finirait par passer, ou bien affronter ces mystères, même si cela signifiait plonger dans une vérité qui pourrait être bien plus sombre qu’il ne l’imaginait.

« C’est peut-être rien, mais… si c’est quelque chose ? » murmura-t-il, sa voix à peine audible dans le silence de la pièce.

Il jeta un regard vers son bureau, où son ordinateur était encore allumé. Une partie de lui voulait appeler Clement à nouveau, mais il hésitait. Il ne voulait pas paraître plus fragile qu’il ne se sentait déjà. Pourtant, il savait qu’il aurait besoin de soutien. Peut-être pas maintenant, mais bientôt.

Timmy se força à s’asseoir sur son lit et à respirer profondément. Pour l’instant, il devait se concentrer sur ce qu’il savait. Pas sur les suppositions. Pas sur la peur. Reprendre le contrôle, se répéta-t-il intérieurement.

Mais au fond de lui, une petite voix persistait, murmurant que quelque chose, ou quelqu’un, l’observait encore.

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