Sur un défi de Sortilège

qui proposait de faire parler un objet du quotidien de notre choix,

comme si on était cet objet.

* (Impro) *

<< Pfff, pfff, pfff suis exaspérée, exaspérééééééé.

Rien à faire pour lui faire passer l' message au bourrin d' ma cuisine, non, rien ! Ce Zhumain débile il est vraiment sourd d' chez sourd, j' vous jure, bouché à l'émeri, ciré des tympans, siphonné d'la cavité intra-auriculaire ! A croire quand-même... V'là mille fois si c' n'est pas plus et au delà jusqu'à c' que mort s'en suive qu'il m' bourre tantôt d' café tantôt de thé. Ouais. Comme si j'n'étais qu'un gouffre à remplir par du n'importe quoi, non mais...

Pourtant c'est écrit sur l'emballage d'origine, bon sang, rien d' sorcier ! Voyooons ! Pensez donc, l'a jeté depuis belle lurette à la corbeille, voui, tête d' linotte ! J'crois même qu'il n' l'a même pas lue une seul' fois. A s'demander pourquoi qu'ils Zécrivent des trucs sur nos Zemballages, les Zautres. Les Zintelligents. Qu'il lise le titre au moins !

Sans Zoublier la notice...

...bon, 'jourd'hui y'a du mieux, s'est moulu du grain et l' délicieux nectar qui s'en exhale après la décoction a su m' faire oublier les méchantes saveurs âpres de l'après thé. Noir ou vert, d'ailleurs, résultat éternel : l'amertume. Okay, okay, bon j'admets, l' café ça peut l'être aussi mais y'a des fragraaances, y'a du fruitééé, parfois : la tempérance bienfaisante du Moka, la douce âcreté du peu torréfié, la rude rondeur ou la ronde rudesse du Robusta, par ci Colombie, par là Ethiopie... et cetera. D' la nuance quoi ! Et bah non, ce s'rait trop beau d'avoir droit qu'à ça, faut aussi qu'il m' flanque du Chintok, du Vietmachin et du made in Japan le mal-goûtu !

...Bon, j'crois qu'j'ai pigée d'où qu'çà lui vient l'malaise en fait. Le type il confond à cauz que j'ai une dégaine de théière, ouèp ! E-x-a-c-t-e-m-e-n-t. M'suis vu dans un miroir pour la preum d'ma vie hier et là, oups, le choc : j'ai l' look pas cool d'un truc à y mettre de l'asiat' dedans, ouais. Les bouuuuuules.

Alors bon, voilà mon plan pour déjouer la magouille du mâlin qui m'a fabriqué, le saligaud :

d'main, promis, à l'heure tapante d'la pause thé, j'me glisse entre ses pupilles d'aveugle et l'titre d'la notice qui est écrit en grosses lettres capitales sur l' papier (qui traîne pour que dalle sur son bureau le bêta) ! Ca f'ra loupe et là, s'ra bien obligé d'y voir cet' fois ! CAFETIERE A PISTON, qu'y a écrit ! Traduction : TU POUSSES MAIS TU METS DU CAFE DEDANS, pataaaaaate ! >>.

Ecrit avec la collaboration antipathique mais bienfaitrice de Mme Bialetti

(et non Catherine Ceylac)

Eek & Co 2023