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Écrit en écoutant notamment : I Hate Models – Nostalgica
Chapitre 25
[...]
J’entends des graviers crisser sous les pas de quelqu’un derrière moi. En me retournant, le visage de Victorin apparaît face à moi. Il paraît déçu de ne pas avoir pu me surprendre !
Finalement, j’ai bien fait de ne pas trop m’approcher de l’autre type : j’aurais eu l’air malin d’aller me coller à lui alors qu’il n’y a pas un chat à deux cents mètres ! Je laisse ces pensées de côté et tends la main à Victorin. Il m'imite avec un regard interrogateur. Peut-être s’attendait-il à autre chose ?
Il est vêtu d’une jolie chemise un poil trop grande pour lui : si ça se trouve, il l’a piquée à son grand frère ou à son père. Mais l’effort me touche, il veut me plaire !
***
Il n’arrête pas de me sourire depuis que nous nous sommes assis, à regarder les larges étendues d'eau et la myriade de petites pointes rocheuses qui émergent des flots.
- Là-bas, c'est l'île de la Colombière, dis-je en désignant une formation autour de laquelle gravite avec aisance une population de sternes. C'est une réserve protégée.
- Oh, d'accord, c'est joli !
En fait, il a l’air tellement heureux qu’il n’essaye même pas se montrer inaccessible : deux fois déjà que je le surprends à détailler mon torse. Il suffira que je me tourne vers ses lèvres quand j’en aurai envie, et il acceptera mon baiser. À la seconde suivante, je me rends compte que moi non plus, je n’ai plus envie d’être séparé de son corps. Je m'approche de lui en prétextant que le caillou sur lequel je suis assis n’est pas confortable. Lui se frotte nerveusement la cuisse, comme s’il avait honte de me plaire. Je lève ma main et la passe dans ses cheveux :
- Oh, ils sont trop doux !
- Euh… merci.
- Est-ce que tu as envie qu’on s’embrasse ?
- Oui ! Mais désolé d’avance si je ne le fais pas bien ; en fait, c’est ma première fois.
- Pareil pour moi, mens-je.
Je veux à la fois le rassurer et surtout mettre de côté ma “première expérience”. Ce sera celle d’aujourd’hui qui récupérera ce titre.
Je ferme les yeux et pars à la rencontre des lèvres de mon garçon. Enfin !! C’est comme un sens supplémentaire qui s’active, qui illumine ma perception. Remarquant les tremblements de Victorin, je me colle à son torse pour lui apporter ma chaleur, sait-on jamais.
Il interrompt soudain notre baiser. À la place, il m'étreint de toutes ses forces et colle sa tête contre le haut de mon torse.
- Merci, dit-il.
- Pourquoi merci ? Tu me plais énormément !
- Je ne pensais pas que ça m’arriverait cet été ! Je suis trop content que ce soit avec toi. T’es trop beau et il n’y a pas plus romantique comme cadre.
- Je pense que je pourrais passer toute la nuit avec toi.
- Ah… bon ?
Après avoir reçu son accord, je me mets à lui caresser le ventre. Il a l’air de drôlement aimer ! Mais à nouveau, il s’écarte brusquement alors que j’étais occupé à ressentir les formes de ses abdominaux.
- Oh, excuse-moi ! dit-il. J’étais stressé à l’idée que tu touches… euh…
Je jette un regard à son pantalon et devine une forme qui n’était pas aussi présente il y a quelques minutes.
- Eh mais c’est une réaction normale, faut pas avoir honte ! C’est pareil pour moi.
[...]
Ils avaient poursuivi ce même schéma les soirées suivantes. Clairement, Victorin n’était pas prêt pour plus ; en outre, il n’aurait pas été facile de trouver l'intimité nécessaire. Finalement, ça lui convenait bien aussi : il avait trouvé dans ces longs baisers sensuels un plaisir tellement plus profond que lors de n’importe lequel de ses plans actuels.
Le vendredi, lors du dernier jour de stage de catamaran, la veille de leur départ à tous les deux, Victorin avait eu l’idée d’une petite “fugue”. Ils avaient filé à travers la baie pour atteindre un morceau de plage caché derrière une falaise. Une fois qu’ils avaient accosté et retiré le haut de leur combinaison, Victorin avait plongé sur lui. Étonnamment, le filet du bateau était plutôt confortable. Cette fois-ci, c’était lui qui avait rougi. Son garçon préféré le couvrait de tout son long et il sentait très clairement ses attributs masculins en contact avec son bas-ventre.
À travers les mots de son écran, Aymeric ressentait à nouveau cette peau douce et imberbe frottant contre lui, l’assurance que son Victorin avait prise en seulement quelques jours. Évidemment, le moniteur du groupe avait moins apprécié leur disparition passagère et ils avaient tous les deux dû retenir leur rire en subissant ses remontrances.
Aymeric savait que s’il continuait à lire, il s'engageait pour plusieurs heures de réminiscences, voire même pour une nuit blanche. Tant pis, il cliqua sur le lien qui l’emmenait à la page suivante.
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