Essai 3
Au fond de l’eau les corps attachés
Ont des pâleurs mortelles et semblent abandonnés
Nénuphars parmi les poissons lune
Les yeux écarquillés, ils attendent patiemment
Leur peau laiteuse picotée de points blancs
Mousse légèrement au fil des courants douçâtres
Qui traversent leurs univers secrets
Dans l’abîme des profondeurs
Longtemps ils ont espéré les mains agiles et secourables
Aimables, discrètes et audacieuses
Seules capables de remonter en surface
Leurs corps déchirés devenus de plomb
Mais les cœurs légers, délivrés de tout soucis
Frémissent sous la chaleur qui les enveloppe
Et ont pour seule lumière
Les algues phosphorescentes devenues familières
Compagnons d’infortune
Les poissons des grands fonds
Accompagnent leurs derniers mouvements
Au rythme alangui par la pression
Dans la nuit du ballet insondable
Emmurées dans la chape indicible
Quelques taches de couleurs oubliées
Restent les uniques signes de leur vie antérieure.
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