4. Chercher l'erreur
Ce n’est réellement que le lendemain matin que je me réveille, j’ai dormi d’une traite sans même manger le soir-même. Une odeur de pain chaud et de café embaume le petit appartement. C’est tellement agréable ce genre de réveil, cela me fait plonger dans la nostalgie où le matin tu préparais le café et au moment où je sortais de la chambre tu m’accueillais avec un grand sourire. Je passais dans ton dos pour t’embrasser dans le cou amoureusement, tu poussais toujours un gémissement de mécontentement, car cela te faisait toujours frissonner.
— Je vais finir par m’y habituer à avoir un petit déj’ chaque matin, dis-je, encore endormi, en m’étirant.
— Haha ! Tu sais quoi ? Il y a un ballon d’eau chaude encore plein qui fonctionne au gaz ici.
Je me redresse d’un coup, le regarde, et je vois qu’Érick a les cheveux mouillés et qu’il porte des vêtements propres. Je bondis sur mes jambes et cours vers la salle de baisn sans demander mon reste. Je fais sauter tous mes vêtements pour me mettre sous l’eau déjà chaude, très chaude, je lâche alors un gémissement de contentement. L’eau parcourt ma peau, laissant des traces rouges tellement elle est brûlante. C’est tellement agréable, c’est tellement rare de trouver de quoi prendre une douche digne de ce nom.
Une fois propre, je trouve une serviette et m’enroule la taille avec, sortant juste comme ça pour aller dans la chambre voir si je ne peux pas dégoter des fringues propres. En sortant, je sens le regard du blond sur moi, enfin sur mon dos à vrai dire ; je comprends pourquoi il me fixe comme ça. Il n’y a rien de pervers, il regarde juste ma peau, recouverte presque en totalité de tatouages. Il devait sûrement avoir vu mes bras, mais ne devait pas s’attendre à ce que chaque parcelle de ma peau soit recouverte. Après avoir trouvé un jean simple, un T-shirt et… des sous-vêtements propres, je reviens pour enfin prendre mon petit déj’, ravi de cette douche.
— Tu es sacrément tatoué, me fait-il remarquer.
— Ouais ! C’est la seule chose que je pourrai emporter avec moi dans ma tombe, gloussé-je.
— Tu en as combien ?
— Bonne question, j’ai arrêté de compter quand j’ai eu vingt ans… Mon côté rebelle de la jeunesse, je voulais faire criser ma mère sauf que je n’ai pas su m’arrêter après.
Mon compagnon de route se met à glousser, il se met debout et soulève son T-shirt. Il a un tatouage tellement cliché…un dragon en tribal sur le bas du ventre.
— Je voulais le faire refaire, une connerie d’ado, c’était sympa à l’époque, mais c’est tellement ringard maintenant. C’est un des rares trucs que je regrette avoir fait. Les tiens sont carrément plus classes.
— Tu peux relancer la mode du tribal, on sait jamais, peut-être que les zombies vont kiffer, me moqué-je doucement.
Je me mets à ricaner, attrape un petit pain pour croquer dedans, goûte alors le café, et je lâche à nouveau un soupir de contentement.
— J’ai l’impression que tu ne mangeais que des trucs froids et en conserve depuis cinq ans, me demande-t-il.
— Ouais… Je n’ai jamais réussi à faire la cuisine, même avant ce n’était pas moi qui cuisinais. J’étais super bon àcommander des pizzas par contre.
— Ah mon Dieu ! Une pizza quatre fromages avec de la sauce piquante… Attends, réfléchit-il en fronçant des sourcils et se frottant le menton, certains fromages ne se périment pas, tu imagines du comté vieilli cinq ans ? Faut qu’on trouve une fromagerie.
Ses yeux se mettent à pétiller d’un coup, il a un côté mignon comme ça. Je souris, c’est vrai que l’idée de manger un bon fromage est assez alléchante, mais clairement, il y en a où des fromageries ?
— On pourrait déjà chercher en ville dans les supérettes ou les grandes surfaces. Ici on devrait trouver pas mal de trucs. Des fringues notamment… Va falloir que je pense à trouver des pompes, les miennes vont pas tarder à percer, dis-je en montrant mes chaussures.
— Yes ! Moi aussi ! On a qu’à rester ici quelques jours, tu en penses quoi ? Tu as l’air crevé, moi je me suis posé à la plage, mais toi tu ne sembles pas t’arrêter de courir.
— Tu as raison… ça ne me ferait pas de mal. Et franchement, si on peut prendre des douches ici je suis prêt à y rester un moment.
Après le repas, nous descendons en ville, il y a des magasins sympas, et je réussis à dégoter une paire de Doc noire très confortable pour la marche. Il y a un blouson sympa, mais vu la chaleur il ne me servirait à rien. Cette matinée on rit beaucoup, comme si tout était normal, comme deux potes à faire du shopping. C’est tellement agréable de faire comme si rien n’a changé, mais… quand je m’arrête devant une agence immobilière, ton souvenir me revient brutalement. On venait tout juste d’être propriétaires, cela faisait trois mois qu’on était installés… On s’était endettés sur vingt ans. J’aurais pu rester chez nous, mais ton fantôme se reflétait dans chaque pièce, chaque couloir et chaque miroir.
— Hey ! C’est quoi ce magasin, regarde, me lance-t-il, tout excité.
Je relève la tête pour regarder la devanture, sortant de mes pensées rapidement avant de me mettre à déprimer.
— C’est un sex-shop, couillon, lui-balancé-je.
— Hein ? Putain, t’es plus calé que moi dans ce genre de truc.
— Espèce de puceau.
Il me répond avec un beau fuck, alors sans rien dire je rentre dans le magasin. Érick me suit, mais il semble un peu mal à l’aise. J’ai peut-être touché un point sensible.
— Tu es vraiment puceau ou quoi ?
— Quoi ??? Non j’ai… eu plusieurs relations… avec beaucoup de femmes… Enfin voilà, je n’ai juste jamais mis les pieds dans un sex-shop…
— Ouais… tu n’es pas convaincant, gloussé-je en regardant un étalage.
— Nan mais c’est bon !
Il sort alors en claquant la porte, me laissant totalement sur le cul. Le mec m’a limite fait des propositions hier, et en fait c’est un gros puceau, cherchez l’erreur. Je le suis dehors, et viens passer un bras autour de ses épaules.
— Si tu veux je te dégotte une petite poupée gonflable et hop le tour est joué.
— Abruti ! Ça t’amuse ?
— Ouais ! Allez, ne boude pas, je le dirai à personne.
Cette fois il sourit en me repoussant amicalement, ce qui nous fait rire. Après cela, on trouve de quoi faire notre repas et finalement Érick réussit à nous faire une pseudo pizza. Et franchement, je n’ai rien mangé d’aussi bon depuis bien longtemps.
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