Depuis ma tendre enfance, je suis insignifiant.
En effet, ma présence ne semble gêner personne mais n’est pas non plus remarquée.
Mon physique est commun, mon comportement est discret et le monde s’agite autour de moi sans que j’ai beaucoup d’interaction avec lui.
Mes résultats scolaires moyens n’ont jamais attiré l’attention, je me souviens que mes professeurs indiquaient sur mes bulletins : éleve sérieux, résultats satisfaisants.
Lors des soirées disco appelée boom à mon époque, c’était toujours le même rituel lorsqu’une musique lente appelée slow en anglais se faisait entendre sur le mange-disc du copain organisateur. Les jolies filles passaient devant moi, sans me voir pour se diriger vers mes copains plus attirant. Je restais ainsi prostré sur ma chaise à attendre que finisse la chanson.
à l’école encore, lorsqu’une question était posée par le professeur, je restais en retrait, attendant que les autres répondent persuadé que ma réponse ne serait pas comprise. Que mon avis n'avait aucune valeur, n'intéressait personne.
IL faut dire qu’à la maison, je devais me taire, car mon père était alcoolique. Je ne devais pas répondre à son monologue afin de ne pas créer de dispute qui pourrait avoir des conséquences. Ma mère m'envoyait dans ma chambre, pour éviter les conflits. je devais me cacher, m’isoler pour taire les mots que j’aurai pu prononcer.
Dans ce contexte, pas facile d’avoir une grande estime de soi, et par la suite étant adulte de s’affirmer.
quand il a fallu faire un choix pour mon existence, j’ai continuer à fuir qui j’étais et je me suis retrouvé enfermé dans une carrière de fonctionnaire dans l’univers carcéral.
Cet endroit pas si inquiétant au début, a au fil des années tissé sa toile dans mon esprit. tel un poison noir remplaçant chaque goutte de mon sang.
J’étais peu à peu convaincu que je n’étais bon à rien et que je ne pouvais rien faire d’autre pour gagner mon existence.Il me fallait alors attendre patiemment la retraite puis la mort car avec les conditions de travail dans un stress permanent, il ne faut pas trop compter sur une espérance de vie au delà de 66 ans. statistiques de l’administration pénitentiaire.
Pourtant à l’Aube de mes 48 ans, je suis sorti de cet enfer. Il m’en a fallut du temps afin que ma parole soit écoutée, que mes maux soient pris en compte. Encore une fois, j’étais transparent, les seuls interlocuteurs étaient les personnels du service des ressources humaines. ILs m’ont reçu de nombreuses fois, faisant mine de s’occuper de mon cas, de m’écouter, de prendre en considération mes demandes mais ils ne faisaient que se divertir devant le déplacement d’air que mon agitation dans leurs locaux provoquait.
Avec le soutien de mon psychologue, j’ai pris la décision de ne plus parler mais d’écrire une lettre en recommandée qui a scellée mon départ.
Aujourd’hui, je me sent léger, encore plus insignifiant puisque je n’ai plus de travail.
Je me persuade que je peux changer le monde car même si je suis moyen en tout et que personne ne me remarque. Je sais qu’au fond de moi, j’ai une petite différence qui me rend un peu spécial et qui peut être sera un jour reconnue.
Peut-être par vous qui avez lu ce texte…..