Notre histoire commence dans une bâtisse sphérique faite de cristal, appartenant à la famille Pernicieux. Cette bâtisse se situe près de la mer. M. Pernicieux, est un Raniol d'une fine silhouette travaillant dans une boucherie. Ce quadrupède à tête de renard, aime à dépecer ses bêtes, notamment les Basous, ces lynx à pelage de laine, lui ont pris une de ses quatre jambes alors que le Raniol jouait avec l'un d'entre eux. Mme Pernicieux, est une Morkanne tenant difficilement sur ses deux jambes due à sa gloutonnerie. Cette humanoïde sans poils est supposée rester à la maison et éduquer les enfants mais... Elle ne veut pas en entendre parler, que ce soit son horrible Raniol de fille, Parounaïm âgée de quatorze ans ou son gentil et pacifique fils, Tim.

Ces jeunes, ne suscitant pas d'amour ni d'intérêt de leurs parents, se sont forgés de leur côté. Tim est un passionné de lecture et d'aventures alors que sa sœur est une tête brûlée qui ne pense que par la violence. Ses cheveux rouge écarlate, sa tête de renard et ses quatre pattes, renforcent cette idée aux yeux de son frère. Celle-ci est la seule personne qui lui donne de l'importance, mais elle préfère l'humilier et le frapper en lui rappelant sans cesse qu’il n’a pas de poils et qu’il n’est donc pas un mâle. À ces assauts, le Morkan ne répond jamais, il a le cœur noble et pense qu'il lui ferait trop mal.

C'est dans la petite chambre commune aux deux enfants, que Parounaïm dispute son frère.

— Comment as-tu osé prendre mon lave cheveux bouclant et séchant !? s'exclame Parounaïm.

— Il ne restait plus que ça, je n'en ai pas pris beaucoup, je te le jure !

— Menteur !

Il se fait gifler par sa sœur, qui ne daigne même pas regarder son frère qu'elle vient de mettre à terre puis elle sort de la maison. Tim, à son habitude, se lève lentement en se remémorant que cette scène qui lui est banale.

Il prend avec lui le seul livre que ses parents lui autorisent à lire en dehors de l'école, la Bible de leur planète, comportant près de douze milles pages avec des significations parfois cachées.

Le fin Morkan sort de la chambre et traverse le salon passant devant l'escalier en bois séché. Le sol non recouvert d'un quelconque meuble, des vers de la taille d'un cafard y regorge. En voulant sortir, le petit et blond Morkan regarde par la fenêtre soudée dans de l'émeraude et constate son reflet, sale. Le petit dépasse la porte haute de trois mètres de haut et de deux large, le voilà dehors.

Elle doit être sortie pour rejoindre ses amis... Elle me laisse seul, encore... Je vais aller à la Frontière, ça m'apaisera, comme toujours... se dit-il.

Le petit s'éloigne de cette maison de diamant qui l'emprisonne. En marchant sur l'herbe bleue à ses pieds elles forment un chemin. Il regarde autour de lui et admire les arbres verts faisant pousser des feuilles marron. Les Basous courant après les Patous, les bergers jouant avec leur lynx de garde. Il se dit que tout allait bien dans le meilleur des mondes. Au bout d'une heure marche, il arrive à la Frontière et reste ébahit de voir ces deux mers en agitation, séparés d'une épaisse couche de diamant.

Il s'installe dans le coin touriste, l'extrémité haute de la Frontière formant un pont. Une fois monté au sommet, le jeune Morkan entend l'agitation des deux océans qui pourraient à tout moment, entrer en collision.