16. Domination
Lukas
Les émotions de la journée ont eu raison de la résistance de ma poupée. Moi-même, je commence à ressentir les premiers effets de la fatigue.
Je prends malgré tout le temps de vérifier mes mails, de m’assurer que rien ne viendra entraver le programme des jours à venir. Soudain, un gémissement me parvient du lit.
Carly se calle sur le côté, face à moi. Elle me regarde avec insistance, ses yeux me détaillent des pieds à la tête. Sa bouche s’entrouvre tandis que ses doigts glissent sur le drap, à ma place, jusque sous l’oreiller. Mes muscles se tendent et des picotements chatouillent mon bas ventre. Une profonde inspiration me ramène sur terre.
Les messages ne m’ayant rapporté aucun contretemps, je peux rejoindre ma belle qui s’est maintenant étendue sur le dos, le tissu remonté en-dessous de sa poitrine dont les tétons pointent, sous le froid de la climatisation. À moins que ce ne soit sous l’effet du désir…
Sa respiration est si paisible qu’elle m’apporte ma réponse, c’est bien l’air frais, à l’origine de la réaction au bout de ses seins. Le bras sous son oreiller, je m’appuie sur le coude et dépose un baiser sur son front.
Les yeux fermés, prêt à me laisser emporter dans les limbes de mon esprit, je me laisse guider par sa voix qui me ramène doucement dans la chambre. Elle a compris que le panneau vitré sert à observer les étoiles. J’ouvre le volet à l’aide de la télécommande et nous restons silencieux quelques instants, admiratifs, sous la Voie Lactée.
L’image de ma mère fait soudain irruption devant mes yeux. Elle affiche un sourire encourageant lorsqu’elle arrête sa lecture pour nous regarder, mon père et moi, alors qu’il m’enseigne l’utilisation de son microscope.
Je me confie, à Carly avec un naturel qui me surprend. C’est si facile avec elle ! Elle m’écoute sans m’interrompre, sans doute attentive aux variations de ma voix. Comment casser l’ambiance, mec ? Tu devrais plutôt lui faire part des sentiments qu’elle t’inspire. Les réflexions de John, dans ma tête, me tirent de mes souvenirs.
Pour clore ce moment de confidences, je dépose un rapide baiser sur les lèvres de ma compagne. Qui a déjà oublié les astres, il semblerait, vu ses bras qui se tendent vers mon cou et sa bouche qui s’ouvre. Désireux de prolonger le sentiment de bonheur simple qui s’est installé, je m’écarte et entame son apprentissage des constellations. Je la taquine en l’envoyant à la recherche du dragon et d’Hercule, puis me moque gentiment lorsque, lassée d’explorer en vain, elle abuse d’une moue boudeuse.
— L’Hercule qui partage ton lit va te faire l’amour sous ce ciel étoilé, déclaré-je avant de me poster au-dessus d’elle.
Sans plus attendre, je me frotte contre ce corps qui m’a appelé toute la soirée tandis que ma bouche effleure la sienne et que nos langues taquines finissent par s’enlacer. Les doigts de ma belle glissent dans mes cheveux, puis l’une de ses mains caresse mon épaule, mon dos, avant de descendre jusqu’à ma taille et de s’agripper à ma fesse. Moi, j’enrobe un sein de ma paume, ébauche l’auréole, sous le téton, de cercles imaginaires. La pointe dressée me nargue. Je joue avec, puis, agacé, je la pince, brièvement. Un tout aussi petit cri s’évade de la gorge de ma belle qui joue des hanches, secouée par un frisson. J’abandonne son visage, et pars à l’assaut du captivant relief, ma bouche affamée dévorant son cou, puis le haut de sa poitrine au passage. Ses ongles s’énervent sur mon postérieur et m’arrachent un grognement. Elle me veut déjà ! Putain, cette idée me rend fou ! Je voudrais savourer chaque centimètre de sa peau, sentir son corps onduler pour me sentir plus fort, épier encore ses traits lorsqu’elle se crispe, lorsqu’elle essaie de contenir le volcan que je déclenche dans son ventre. Néanmoins, mon sceptre enflammé et les gémissements de ma partenaire ne nous permettront pas de résister longtemps.
Impatiente, elle me repousse de toutes ses forces, se décale et m’aide à m’allonger sur le dos. Elle inverse les rôles, excitée, et s’étend sur moi.
— Reprenons depuis le début, dit-elle, l’air sérieux avant d’entourer mon visage de ses mains pour m’embrasser avec avidité.
Sans prévenir, elle se redresse et s’assoie sur mon sexe gonflé. Le sien est trempé, son sirop m’enveloppe. Je plie le bras, et mes doigts sous l’oreiller rencontrent le carré d’aluminium.
— Princesse, n’oublie pas… murmuré-je en souriant.
Elle râle et grimace, puis m’arrache l’objet des mains avant de déchirer l’emballage pour s’emparer du K-Way Durex. Elle se montre de plus en plus agile lorsqu’elle le fait glisser sur ma verge affamée. Enfin, ma belle reprend position.
Elle danse sur moi, avec lenteur, sans me quitter des yeux. La rapidité de ses mouvements augmente, autant que leur insistance. J’en veux plus. Je veux me fondre en elle, je la veux. Maintenant. Mais je veux surtout que ça dure, longtemps, je veux même passer la nuit en elle.
À mon tour, je la renverse. Mes coudes de chaque côté de ses épaules, mes doigts autour de son visage, j’entame ma flâneuse progression dans ce corps offert. Elle retient son souffle, moi aussi. Je nous titille en restant à l’entrée. Je sais qu’elle adore ce timide contact et les minis sons qu’elle émet à chaque avancée me donnent l’impression qu’elle découvre ces sensations pour la première fois. Elle se cambre, ses hanches cherchent les miennes et ses jambes essaient tant bien que mal de m’entourer. Hélas, incapable de remuer le bassin selon ses désirs, elle capitule et reprend sa position initiale. Elle parvient tout de même à s’appuyer sur un pied et à se décaler sur le côté. Pour se mettre à genoux. Que se passe-t-il ? Qu’ai-je fait ?
— Assieds-toi, commande-t-elle avec empressement.
Ok, j’obtempère, indécis quant à ses intentions. Je l’interroge du regard et rencontre son air mutin alors que ses yeux s’éloignent lentement de mon sceptre. Ils s’attardent sur mon abdomen, puis sur ma poitrine. Elle admire mon corps, la bouche grande ouverte. Je souris, ravis de provoquer l’envie chez cette femme là, ma femme. Elle regarde maintenant mes lèvres, prend une inspiration plus profonde, comme si elle s’apprêtait à se jeter dessus. Elle caresse ses muqueuses de la langue, les frotte avec ses dents tandis que ses paupières se lèvent et que ses iris s’accrochent aux miens. Sans me quitter des yeux, elle se déplace et vient se coller à moi. Les genoux au plus près de mes hanches, elle me met au supplice quand je sens son bas-ventre lécher ma peau. C’est elle qui décidera du quand et du comment, moi je ne suis plus que l’objet de son désir, celui qui lui procurera le plaisir qu’elle attend. La sensation de nos sexes qui se rencontrent nous surprend et un sursaut d’étonnement nous agite. À croire que nous nous redécouvrons encore. Ses parois soyeuses, chaudes, progressent avec paresse, me rendant fou, enfiévré. Je me retiens de donner un coup de rein. C’en est à la fois merveilleux et presque douloureux.
Le visage à hauteur de ses seins, j’embrasse goulument la vallée qui les sépare, leur galbe et les deux petites boules au sommet. Ma belle s’agite, elle ondule sur moi, monte, redescend. Elle ne s’est toujours pas laissée pénétrer entièrement. Mon désir est de plus en plus insupportablement bon. J’halète. Je râle quand je crois ne plus pouvoir retenir le brasier qui me consume :
— Non, non, Carly, arrête !
Ma belle stoppe tout mouvement, tandis que je grimace, le front calé entre les deux collines, chaque muscle bandé pour retenir le feu d’artifice. Je souffle longuement et commence juste à sentir mon corps se détendre quand sans prévenir, elle absorbe mon sexe en entier. Elle poursuit le balancement de ses hanches en gémissant et ravive ainsi les quelques flammes de plaisir que j’avais réussi à apaiser.
— Attends, imploré-je en retenant son bassin de mes mains.
— Pourquoi ? demande-t-elle en marquant une nouvelle pause, contrariée.
— Parce que je vais jouir, Carly !
Elle se jette sur mes lèvres, m’embrasse à perdre haleine puis relève la tête et plonge un regard ardent dans le mien. Je respire un grand coup et nous fait soudain basculer, de manière à me retrouver au-dessus d’elle.
— Regarde le ciel, Carly, comme cette nuit là, où tu as eu assez confiance en moi pour faire l’amour dans l’eau, sous les étoiles.
Elle lève les yeux, quelques secondes, puis les repose sur moi alors que ses mains appuient sur ma nuque pour m’obliger à me baisser.
— Je ne pouvais déjà plus me passer de toi, avoué-je en embrassant son cou à pleine bouche.
Ce court intervalle a le mérite d’avoir quelque peu fait redescendre la pression et je peux enfin reprendre là où nous en étions. Le rythme de mes va et vient s’intensifie très vite, en parfait accord avec la danse de ma belle dont les ongles griffent mes fesses. L’une de ses mains remonte dans mon dos jusqu’à ce que ses doigts rencontrent mes lèvres et les dessinent avec douceur. L’un d’entre eux s’immisce dans ma bouche, chatouille ma langue qui s’anime aussitôt et s’enroule autour. Celle de ma poupée caresse à nouveau ses muqueuses rouges, tandis que de courts et profonds soupirs s’en échappent. Un frisson la secoue soudain.
— Plus fort, réclame-t-elle d’une voix sourde.
Je me retire délicatement et recule.
— Non ! Lukas ! Qu’est-ce que tu fais ?
Je l’aide à rouler sur le ventre. Mes mains sur ses hanches relèvent son bassin, le positionne à hauteur de mon sceptre. Docile, elle se laisse guider. Elle a tout de même redressé le haut de son corps et se tient à quatre pattes, devant moi, les bras tendus sous elle. Ces fesses devant moi ! Pfft ! De quoi faire se damner un moine bouddhiste !
Je ne résiste pas à la tentation et les embrasse avec avidité avant de m’introduire une nouvelle fois en elle.
Elle gémit, ondule. Je souffle, les étincelles crépitant encore une fois dans mon bas-ventre et gagnant en intensité. Je pourrais m’introduire encore plus profondément, mais j’ai peur de lui faire mal.
— Tu veux plus ? m’assuré-je, une main entre ses omoplates.
— Oui !
La pression de ma paume dans son dos l’oblige à se baisser, à poser son menton sur les draps et à s’offrir davantage à moi. J’ai toujours aimé cette position, cette impression de soumission de la part de ma partenaire et ce sentiment de domination que j’éprouve. Mais je ne me suis jamais demandé ce que pouvaient en penser les femmes. Je suppose que ça leur plaisait, puisqu’elles en redemandaient. Avec Carly, c’est autre chose. Elle me livre son corps, et la confiance qu’elle m’accorde, en prime, me renverse.
Mes muscles se tordent quand je l’entends crier, totalement abandonnée à son plaisir, mes mains sur son ventre maintenant son bassin à mon niveau. Enfin, le volcan éclate, si violent que je peine à la retenir contre moi. Des étincelles picotent chaque pore de ma peau, s’infiltrent dans mes veines et paralysent mes muscles dans un univers ouaté, seulement troublé par le souffle rapide de ma princesse. J’exprime cet instant de pure bonheur aux travers de gémissements à répétition, secoué de puissants soubresauts.
Les battements de mon cœur légèrement calmés, je m’écarte de ma belle avant de m’affaler à ses côtés, tandis qu’elle se retourne et pose sur moi ses yeux brillants.
— Tu as aimé ? lui demandé-je en caressant sa joue.
— Oui ! Je suppose que toi aussi, répond-elle en m’adressant un clin d’œil.
— Tu avais déjà fait l’amour de cette manière ?
— Oui.
— Tu ne veux pas savoir si…, hésité-je.
— Non. Et toi ?
Nos bras se rencontrent, tentent de s’esquiver mais prennent la même direction lorsque je cherche à dégager une mèche rebelle sur son front. Apparemment, j’en ai une aussi. Nous rions doucement, complices.
— Ton mari ?
— Christophe, oui. Il aimait beaucoup.
Elle se tait, sourit à ce souvenir.
— Il était tendre, tellement qu’il me demandait toutes les trente seconde si j’étais satisfaite.
Elle rit doucement, et moi, je l’admire, avec un pincement au cœur. Suis-je assez affectueux, assez prévenant ?
— Il me connaissait par cœur. Et pas seulement pour les moments torrides. Il savait ce qui m’amusait, ce qui provoquait ma colère et à quel degré, à quelles histoires, réalité ou fiction, j’allais pleurer. Il connaissait mon passé, mes rêves. Il était capable de deviner si j’allais m’entendre avec Untel ou Untel. Il n’oubliait jamais mon anniversaire, ni celui de notre rencontre ou de notre mariage. Il se pliait en quatre pour les enfants et moi. Il dépensait beaucoup de temps et d’énergie pour son travail, pour nous.
Le mec parfait, en somme. Il a placé la barre haute !
— Quand tu es venu en Guadeloupe, tu m’as demandé qui il était, me rappelle-t-elle en se soulevant pour déposer un baiser sur mes lèvres et caresser mon visage du bout des doigts, avec une tendresse telle que je pourrais ronronner comme un chat.
J’aurais mieux fait de laisser ma curiosité au placard.
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