19. Les réservations
Lukas
— Voici notre chambre. Installe-toi, rafraichis-toi si tu veux, ensuite, nous rejoindrons les autres pour déjeuner, proposé-je en ouvrant dressing et salle de bain, avant de me diriger vers la sortie.
— C’est tout ? Je n’ai même pas droit un petit bisou sur le front pour bonne conduite ?
J’éclate de rire, tant pour l’invitation enfantine que pour la moue déçue qu’affiche ma poupée. Je l’entoure aussitôt de mes bras, dépose un baiser sur son front, un autre sur sa paupière, puis encore un sur son nez, jusqu’à ce qu’agacée, elle pose ses mains autour de mon visage et se jette sur ma bouche.
Elle tire sur mon polo, glisse ses doigts dessous et caresse mon dos, puis mon torse, avant de ramper jusqu’à la ceinture de mon jean, où elle cherche un passage pour s’infiltrer. Je frémis lorsqu’elle chatouille mon ventre, mes hanches... Les premiers picotements dans le bas de mon abdomen apparaissent déjà. Mes paumes parcourent le haut de son corps, entrainent son tee-shirt jusqu’au dessus de sa tête et prennent appui sous ses fesses. Instantanément, ses jambes se hissent et s’enroulent autour de moi. L’un de ses bras passe derrière mon cou tandis qu’elle cherche avec maladresse un moyen de faire sauter le bouton de mon pantalon.
Je recule avec précipitation et ferme la porte d’un coup de pied. Le bruit mat fait réagir ma Carly qui cherche à s’écarter de moi :
— Lukas, les garçons ont dû entendre, ils vont rappliquer.
— Tu préfère que je laisse ouvert ? Embrasse-moi.
Je soulève ses cuisses et les repositionne autour de ma taille tout en couchant ma belle sur le lit, avant de m’étendre au-dessus d’elle et de dessiner ses lèvres du bout de l’index. Je succombe à sa langue rose, affriolante quand ses lèvres se séparent. Nous nous embrassons, avides du contact de l’autre. Nos corps se tortillent, pressés par la promesse des sensations de nos peaux collées, par l’urgence de nous assembler.
Je me redresse, enlève mon polo dans l’urgence tandis que et ma poupée dégrafe enfin mon jean. Je l’abandonne au sol, avec mon boxer pendant qu’elle se débarrasse de son short. Le souffle court, j’ouvre le tiroir de la table de nuit où sont rangés les préservatifs.
Elle me l’arrache des mains, en même temps qu’un son s’échappe de ma bouche, une sorte de bref rire surpris, qui m’étonne moi-même. Elle ne s’y attarde pas, me pousse et s’agenouille pour déchirer l’emballage, sans me quitter des yeux. Son regard provoquant m’excite alors que la délicatesse de ses doigts déclenche un incendie dans mon corps quand ils déroulent lentement le latex sur mon sexe dressé. Ce lent brasier qui me lèche absorbe mon oxygène et m’oblige à aspirer profondément, partagé entre l’envie de faire durer le plaisir et le besoin de le laisser éclater.
Assis au bord du matelas, je l’aide à s’installer contre moi. Elle couronne mon cou de ses bras, tandis que ses lèvres taquinent ma bouche, que nos respirations se mêlent. La pointe de ses seins m’effleure quand elle rampe, de manière calculée, jusqu’à mon sceptre. Elle danse, telle sa langue autour de la mienne, m’humidifie. Mon cœur gonfle de plus en plus, mon sang court le marathon dans mes veines, sous mes tempes. Je rejette la tête en arrière, en manque d’oxygène, quand elle progresse, peu à peu, le long de ma verge. Hypnotisé, incapable de bouger, de crainte de perdre ce doux contact brûlant, je gémis, je frémis. Je voudrais lui dire de descendre encore.
— En fait, non, reste comme ça, c’est trop bon.
— Quoi ? murmure-t-elle, le souffle court.
— Rien. Continue. C’est trop bon, Carly. J’aime ça, je t’…
— Quoi ? répète-t-elle.
Enfin, elle se laisse glisser et m’engloutit en entier. Elle remonte, dévale à nouveau, ressort, revient, dans une chorégraphie rythmée autour de mon membre. Soudain, elle se cambre, prend appuie d’une main derrière elle, l’autre sur mon épaule. Je retiens l’éruption de toutes mes forces, en grimaçant, alors que je meure d’envie de me laisser gagner par le plaisir total. Hélas, elle s’arrête subitement pour changer de position.
— Viens, m’invite-t-elle alors qu’elle se rallonge sur le dos.
Au-dessus d’elle, j’entame à mon tour un lent va-et-vient, puis accélère vite le mouvement quand sa respiration se fait plus forte. J’éprouve de plus en plus de mal à contenir la lave qui me consume et ses mains cramponnées à mes hanches ne m’aident pas.
— Ma chérie…
— Laisse-toi aller !
À la place, j’attends qu’elle s’immobilise, que tous ses muscles se tendent et qu’elle produise ces irrésistibles petits couinements qui font chavirer mon cœur. Et mon corps.
— Carly…
Le volcan éclate, incontrôlable, accentué par l’obligation de retenir mes lamentations de plaisir. Des spasmes me secouent tandis que chaque parcelle de mon corps se relâche.
Ma poupée sursaute encore, alors qu’elle m’observe avec un grand sourire. Je tremble toujours lorsque je bascule sur le côté dans un dernier effort. La paume apaisante de ma belle caresse ma joue tandis que mon cœur reprend peu un peu un rythme régulier.
— Tu n’as pas aimé ? s’inquiète-t-elle.
— Bien sur que si ! Pourquoi cette question ?
— Tu as l’air préoccupé. Tu fronces les sourcils.
— Carly, je sais que tu viens d’arriver, néanmoins, l’idée que tu repartes… je ne peux pas m’empêcher d’y penser.
— Je me force à me concentrer sur autre chose quand les questions sur notre avenir deviennent trop envahissantes. Tu devrais faire pareil et éviter d’assombrir ces quelques jours avec des ruminations.
— Où peut-être serait-il judicieux que nous commencions à en parler, qu’en dis-tu ? suggéré-je en dessinant ses lèvres du bout de l’index.
— Ok, que proposes-tu ?
— Et bien, pour commencer, vous passerez les vacances d’été ici. Ainsi, nous pourrons visiter Disneyworld, Hollywood, tout ce que tu voudras. J’aimerais bien t’emmener aussi à la Nouvelle-Orléans, tu pourrais y apprendre beaucoup de choses utiles…
Stop ! Marche arrière. Tais-toi, mec !
— Pourquoi la Nouvelle-Orléans ? relève ma belle, suspicieuse.
Et merde !
— C’est une très belle ville.
— Oui, comme tant d’autres.
Trouve quelque chose, mec ! Elle va finir par comprendre.
— Elle était française, avant d’être américaine.
— Où veux-tu en venir ?
Les traits de son visage se tendent tandis que son ton devient sec. Aride, même.
— Tu le sauras, quand nous y serons, affirmé-je avant de déposer un baiser rapide sur son nez et de me lever précipitamment. Une petite douche ? Après, nous irons déjeuner.
Hélas, si Carly accepte la main que je lui tends, elle reste songeuse.
— Alors c’est d’accord, vous viendrez en juillet et en août ? demandé-je, rempli d’espoir.
— Je ne peux pas abandonner ma société aussi longtemps, tu le sais. J’ai déjà des réservations que je dois honorer.
— Ouais, surtout celle de Mickey, lancé-je en m’éloignant de la douche où je venais tout juste de rejoindre mon invitée.
Carly
— Alors c’est d’accord, vous viendrez en juillet et en août ? me demande Perfection, le regard chargé d’espoir.
Je ne veux surtout pas lui fendre le cœur. Il sait pourtant que nous n’avons pas les mêmes moyens et que ma petite entreprise ne me permet pas de me faire remplacer. Mes parents acceptent de m’aider, à titre occasionnel, mais ils préféreraient payer ce voyage pour nous voir, et leur patience ne durera qu’un temps.
— Je ne peux pas abandonner ma société aussi longtemps, tu le sais. J’ai déjà des réservations que je dois honorer.
Sa réponse fuse, cinglante :
— Ouais, surtout celle de Mickey.
Ouch ! Je ne l’ai pas vue venir, celle-là !
Renversée, je le regarde s’éloigner à grands pas de la douche où il venait tout juste de me rejoindre.
Pas ça, Lukas, ne fais pas ça. Pas maintenant. Pas ici.
Si, il reproduit le même schéma qu’en France : utiliser n’importe quelle excuse pour se montrer désagréable après avoir pris son pied !
J’en ai le souffle coupé. Un étau presse mon cœur tandis qu’une douleur abdominale m’oblige à me plier et je me recroqueville dans l’angle de la douche.
Il a accepté notre relation, tout se passait bien. Mickaël n’a rien à voir avec nos projets d’avenir. Lukas me suffit, il me convient parfaitement, même si je ne sais toujours pas où nous allons. Il m’apporte l’aventure. Tous les jours sont différents. Tous les jours, je découvre une nouvelle facette de cet homme qui accompagne mes pensées. Celui avec lequel j’ai envie de partager chaque instant. Au quotidien.
Est-ce là son addiction ? Tout détruire pour mieux apprécier de reconquérir ? Si c’est le cas, je n’y survivrai pas.
Et cette histoire de Nouvelle-Orléans ? D’où lui vient cette idée ? Je ne connais pas encore Las Vegas qu’il me parle d’une autre ville. La nouvelle Orléans… Avec son quartier français, son folklore… Les morts-vivants, les sorciers, et les autres. Se pourrait-il qu’il ait lu… ?
Le dernier soir, quand j’ai fait mes adieux à Mickaël, Lukas m’attendait dans ma chambre, penché sur son ordinateur. Les doutes qui m’avaient assaillie à l’époque me submergent à nouveau et une vague de sueur m’envahit tandis qu’un goût amer imprègne ma bouche. Ma tête tourne. Non, je me fais des films, c’est impossible !
Ressaisis-toi, ma vieille !
Le cerveau en ébullition, le cœur en miettes, je me savonne d’une manière automatique, me rince et me sèche avant d’enfiler la première robe qui apparait dans ma valise.
À peu près présentable, je presse les enfants de se préparer à rejoindre le reste du groupe. Sans doute nos amis attendent-ils pour déjeuner. Ou pas. Je le souhaite, en tout cas, pour la diversion qu’ils m’apporteront.
Comment allons-nous quitter cet appartement ? Hormis la porte de la salle de musculation, la seule autre issue est l’ascenseur du couloir. Dont je ne connais pas le code. J’ignore jusqu’à la date de naissance de Lukas !
Réfléchis, ma grande.
Le mieux, c’est de l’appeler pour qu’il vienne nous chercher. Sauf que je n’ai aucune envie de le revoir si vite. Je pourrais téléphoner à Sybille pour qu’elle envoie Angie. La peste doit bien avoir accès à cet étage, non ? D’un autre côté, elle choisirait à coup sûr de nous laisser crever plutôt que de nous apporter son aide et je préfèrerais encore sauter du rooftop que lui apporter une quelconque joie. Mauvaise idée.
Autre option, John. Je demande gentiment à ma copine, avant de supporter ses « je te l’avais bien dit », d’envoyer son… son quoi ? Son mec ? Son homme ? Son chéri ? Bref, d’envoyer John nous sortir de là. Après avoir pesé le pour et le contre, je décide que c’est encore la meilleure alternative.
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