La coquille (fin)
Ce soir-là, quand le camion des pompiers déchire le silence, la voisine cuisine tranquillement devant sa fenêtre. Dès le premier murmure lointain des sirènes, elle pense à Liane, qu'elle a laissé dans un état pitoyable tout à l'heure. Elle pense à la tragédie qu'ils ont du traverser, tous les deux. C'était dans tous les journaux du coin il y a quelques temps, personne ici n'ignore ce qu'il s'est passé. Elle se dit, pleine de remords, qu'elle aurait du rester, malgré la mauvaise volonté de Liane, elle aurait du s'occuper d'elle. Ça n'a pas du être facile pour elle non plus, c'est normal qu'elle finisse par craquer. Le camion s'arrête sur le chemin qu'elle a remonté tout à l'heure pour rentrer chez elle. Le souffle court, elle se précipite dehors. Elle a peur qu'il soit trop tard, et que la pauvre ait attenté à ses jours. Elle voudrait lui demander pardon, pardon d'être partie, elle voudrait la sauver. En s'approchant, elle croit remarquer cependant que c'est la silhouette lourde d'un homme qui tend le tissu du petit brancard blanc que les pompiers portent vers le camion. Et, à l'intérieur de la maison, une voix altérée qui répète inlassablement : "je voulais juste voir si la coquille était vide."
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