Acte 1 - Scène 3
Acte 1 - Scène 3
NEO, JULIETTE
Neo rentre dans son repère, se déshabille avec nonchalance. Juliette l'attend, assise sur une chaise à bascule près du feu.
JULIETTE - Alors, l'as-tu réprimandée comme il fallait ?
NEO - Bien-sûr que je l'ai fait. Comme si nous pouvions la laisser faire comme bon lui semble. Elle n'est rien sans toi ou moi. Il oublie bien trop facilement notre travail.
JULIETTE - Hum, après tout elle est la Jeunesse. Fougueuse et vivace. Enfin...Jusqu'à mon apparition. Je sais bien qu'elle ne m'apprécie guère mais je ne peux rien y faire si je dois enlever aux humains ce qu'elle leur donne. Tout comme toi, tu les abrèges. On ne peut changer ça.
NEO - J'ai grand mal à lui faire accepter ça. Je ne cesse de lui répéter depuis que je lui ai donné sa mission et pourtant elle s'entête dans ses idéaux de jeunesse éternelle. Les inepties qui sortent de ses lèvres ressemblent bien trop à celles des humains. Elle est cupide, tout comme eux. Ils la désirent et c'est de même pour elle. C'est inacceptable .
JULIETTE continue à tricoter - Laisse-lui une dernière chance pour se rattraper. Tu es celui qu'elle craint le plus. Après tout personne n'aimerait avoir la mort à dos, n'est-ce pas?
NEO - Elle me craint. Seulement sa crainte n'est pas assez grande pour la dissuader de nous voler des âmes. J'ai dû être trop conciliant.
JULIETTE - Je pourrais presque croire que tu te relâches après tant de siècles.
NEO - Il n'y a pas de relâchement. J'ai simplement agi en conséquence des faits.
JULIETTE - Faits ?
NEO - Rien.
Le feu crépite, le vent souffle à fort contre la porte.
JULIETTE - J'aimerais bien voir dans l'avenir de nous autres, les entités. Cela pourrait être divertissant de vous voir chahuter tous les deux.
NEO - En voilà une étrange idée de grand-mère. Ne laisse pas ton vieil esprit te jouer des tours, nous ne pouvons pas avoir de futur. Tu le sais.
JULIETTE baille - Oui oui, je le sais bien, ô grand maître. C'est juste qu'à mon âge on aime aussi rêver. J'ai beau être faîte de rides et de courbatures, mon esprit reste assez vif. Je vais donc rester ici et vous observer opérer avec ce village.
NEO - Cela m'aurait étonné du contraire venant de toi.
JULIETTE - Je n'ai pas besoin d'étonner qui que ce soit, je suis la simple Vieillesse, celle qui aspire la jeunesse du corps des humains pour ensuite les amener jusqu'à toi, Neo. J'ai toujours fait mon devoir et je continuerai à le faire pour l'éternité.
NEO - Bien. Je n'ai plus qu'à espérer que Marianne décide enfin à réfléchir comme toi. Ma patience a des limites.
JULIETTE - Qu'adviendra-t-il de Marianne si elle dépasse une nouvelle fois les bornes ?
NEO détourne le regard qui se perd dans les flammes - Oh...Personne à part moi n'a besoin de le savoir.
Juliette reste silencieuse puis regarde un carnet en particulier. Elle le prend avec ses mains fripées et lit quelques pages. Neo ne fait pas attention à ce qui l'entoure. Un sourire malicieux se dessine sur le visage de la Vieillesse
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