Acte 2 - Scène 8

MARIANNE, NEO, JULIETTE

Juliette est assise sur une chaise près d'une plante, elle l'observe puis passe une main au-dessus d'elle. Les feuilles de la plante commencent à se ternir. Neo arrive comme une ombre à côté de Juliette.

NEO - Tu t'amuses à tourmenter les plantes maintenant ?

JULIETTE - Quelque chose me l'interdit ?

NEO - Non, loin de là...Marianne a encore fait des siennes.

JULIETTE cachant son sourire - Ah ? Qu'a-t-elle donc fait cette fois ?

NEO - Elle a sauvé des humains qui étaient destinés à mourir.

JULIETTE - Mais c'est qu'elle a osé essayer de te soustraire des âmes. Je ne l'en croyais pas capable...Qu'as-tu fait ?

NEO - Je suis allé reprendre ce qui m'appartient, pensais-tu que j'allais lui laisser ces humains ? Tout me revient, ce n'est pas la Jeunesse qui va changer ça.

JULIETTE - Tu as raison, ô grande Mort. Tout te revient.

NEO - Je vais devoir être plus dur avec elle, la tourmenter pendant quelques siècles me semble obligatoire.

JULIETTE - Comment veux-tu faire ?

NEO fait un sourire froid - Il suffit juste de la confronter à la véritable douleur.

Un silence s'impose dans la conversation, Marianne vient de rentrer.

MARIANNE explose de colère - C'est ça que tu me prépares Neo, une éternelle souffrance des humains ? Penses-tu réellement que ça va me faire changer d'avis ?

NEO - Oui. Je le pense. Tu n'as jamais vraiment affronté leur mort. Je t'ai toujours vu détourner le regard, tu ne la supportes pas. Si cela te permet de prendre conscience que tu es obligée de m'écouter, alors je ne vais pas hésiter à te faire regarder chaque décès, violent ou non.

Marianne s'avance vers les deux, elle est prête à continuer la dispute quand son visage s'illumine. Elle tourne son regard vers Juliette et elle lui sourit.

MARIANNE - Tu ne lui as rien dit n'est-ce pas ? Avoue-le.

NEO - Me dire quoi ?

JULIETTE - Je n'ai rien à lui dire.

MARIANNE - Quelle mauvaise foi ! Et depuis tout ce temps il te considère comme son bras droit. Je me sentirais trahi à sa place.

NEO se méfiant - De quoi parles-tu ?

MARIANNE - Tu n'as qu'à demander des comptes à ton amie la Vieillesse qui fait des manigances derrière ton dos.

Juliette semble vouloir se lever pour s'en aller mais Neo l'arrête avant.

NEO - Peux-tu m'expliquer ce qu'elle sous-entend ?

JULIETTE - Je t'assure que je n'en ai pas la moindre idée. Tu connais Marianne, elle cherche toujours les conflits comme une enfant.

NEO - Alors pourquoi veux-tu soudainement t'en aller si ses mots ne sont que mensonges ? Réponds-moi.

MARIANNE - Car elle sait que je ne mens pas.

JULIETTE - Neo je t'assure que...

MARIANNE - Elle t'assure que c'est bien elle qui m'a donné les informations de ton carnet.

NEO montrant un visage de rage - Que dis-tu ?

JULIETTE - Foutaises !

MARIANNE pouffant - Serait-ce de la peur sur ton visage Juliette ?

NEO - Suffit. Vos querelles ne m'intéressent pas. Juliette, as-tu réellement lu dans mon carnet sans mon autorisation ?

JULIETTE - Neo je...

NEO - Cela ne sert plus à rien de me mentir misérable.

JULIETTE levant le ton - Vous n'avez jamais imaginé une seule seconde comment je pouvais me sentir. Vous deux, vous êtes appréciés par les humains de différentes manières. Jeunesse, ils ne veulent pas te perdre, ils adorent le temps que tu leur accordes. Et toi Mort, même s'ils te redoutent, ils te souhaitent tous au fond d'eux. Alors que moi personne n'a envie de me connaître, personne ne veut vivre la vieillesse. On me redoute, ils voudraient me fuir, bien plus que Neo. Je suis l'indésirable.

Neo semble vouloir prendre la parole mais Juliette le coupe.

JULIETTE - Laisse-moi finir. Tu voulais que je parle, alors je le fais. Oui j'ai donné à Marianne des informations de ton carnet. Tu te demandes pourquoi j'ai fait ça ? Il n'y a pas que Marianne qui peut ressentir de la jalousie et toi de l'ennui. Je suis prostrée ici, attendant que sais-je. Tout ce que je désire c'est votre destruction. C'est la seule chose qui peut me permettre de ressentir de la joie dans ce monde.

Silence

JULIETTE - Aucun humain ne m'a aimé dans son existence. Jamais.

Silence

JULIETTE - Je suis l'indésirable...