Chapitre 3 : Retour aux sources (1)
Vyrian fit face à l’ISTA, le bâtiment bien que toujours drapé des nanoépurateurs avait perdu son éclat, recouvert par une couche de crasse. Alors qu’il s’approchait de l’entrée de l’institut, il passa à proximité du banc sur lequel avait débuté sa relation avec Clana. Les mauvaises conditions climatiques l’avaient détérioré, si bien que le bois était fissuré en de nombreux endroits. Il s’y arrêta et vit le cœur gravé avec leurs initiales. Le biologiste sourit en se remémorant la scène.
Ils s’étaient retrouvés à la sortie du bâtiment. Comme à son habitude Clana s’était installée sur le dossier du banc et Vyrian l’avait rejoint. Ils avaient commencé à discuter de tout et de rien jusqu’à ce que la jeune femme lui révèle que cela faisait plusieurs mois qu’elle ressentait des sentiments à son égard. Vyrian n’avait pu s’empêcher d’être surpris. Clana était d’un naturel spontané, il l’imaginait mal hésiter à passer à l’acte, elle lui avait semblé si confiante en l’embrassant la première fois. La jeune femme n’avait pas manqué la réaction que ses révélations avaient provoquée.
— Quoi ? C’est si étonnant que ça ?
Vyrian n’avait pu s’empêcher de sourire. Une mèche venait de s’échapper de sa queue-de-cheval et cachait l’un de ses yeux. Il s’en était saisi et lui avait passé derrière l’oreille avant de lui répondre.
— Non, juste que je ne pensais pas que tu avais cogité tant que ça.
Avant qu’il n’ait eu le temps de retirer sa main de son oreille, elle y avait posé la sienne et était brusquement devenue sérieuse.
— C’est juste que…j’aime finir ce que j’entreprends et la situation actuelle n’est pas idéale pour fonder une relation, encore moins une famille.
Alors que Vyrian découvrait une nouvelle facette de la personnalité de Clana. Elle avait levé le bras et le sien avait suivi le mouvement. Il l’avait regardé pivoter et une fois les jambes de l’autre côté du banc, elle avait sauté. Vyrian s’était retourné, intrigué par le comportement de sa compagne. Il l’avait regardé sortir des poches de sa veste, deux tournevis : l’un à bout plat et l’autre à bout cruciforme. Elle avait placé le premier contre le bois du banc et avec le manche du second, elle avait commencé à frapper au fur et à mesure que le tournevis se déplaçait sur le dossier du banc. Intrigué, Vyrian l’avait interrogé.
— Qu’est-ce que tu fais ?
— Je grave nos initiales.
Ce n’était pas la première qu’il la voyait changer de sujet, mais il ne pouvait s’empêcher d’être surpris à chaque fois et avait toujours besoin d’un petit temps d’adaptation. Mais ça faisait parti de son charme, plusieurs idées semblaient fourmiller en permanence dans sa tête, si bien qu’il avait fini par la surnommer : "ma petite tornade".
— Pourquoi faire ? On sait très bien là où tout a commencé.
— Mais si on ne fait pas des trucs idiots maintenant, quand voudras-tu qu’on les fasse ?
Vyrian avait rapidement retrouvé son sérieux en se rappelant les nouvelles alarmantes qu’ils avaient reçues le jour même. Leurs prévisions s’avéraient bien inférieures à l’urgence de la situation. D’un ton qu’il se voulait détendu, il l'avait taquiné.
— Et où est passé ton optimisme ?
Clana avait sourit et s’était rapprochée de lui. Elle avait posé son index sur son torse et l’avait laissé glisser jusqu’à sa ceinture. Arrivée à l’obstacle, elle l’avait contourné et avait faufilé ses doigts le long de son bas-ventre avant de lui répondre.
— Il n’est jamais bien loin.
Vyrian avait rit et l’avait embrassé. Le parc était rapidement devenu leur terrain de jeux. Leur offrant quelques moments d’inconfort, de fou rire et d’amour. A plusieurs reprises, des promeneurs étaient passés non loin d’eux et le visage rougi par l’effort et la gêne, ils attendaient qu’ils poursuivent leur chemin.
Ces situations étaient rapidement devenues une nouvelle source d'amusements. Clana se demandant toujours ce qui aurait pu se passer s'ils avaient été découverts. Ils s’étaient retrouvés tour à tour à imiter les réactions possibles, jusqu'à trouver celle qu'ils estimaient la plus probable. Vyrian avait été charmé par ses yeux pétillants de malice et de désir. Dans ces moments-là, il ne pouvait s’empêcher de la trouver magnifique. Les cheveux emmêlés, un rayon de soleil se reflétant sur sa chevelure flamboyante, quelques gouttes de transpiration perlant sur sa peau. Il avait caressé sa peau soyeuse et avait laissé leurs corps s’unir.
Le souvenir s'évanouit remplacé par la triste réalité qui se tenait sous ses yeux : le parc n'existait plus, seule une terre aride subsistait. Vyrian soupira le coeur lourd, personne ne pourrait lui rendre ces moments, mais il pouvait au moins espérer éviter qu'une telle chose ne se produise sur les trois mondes. Pour cela, il avait besoin de trouver des réponses à ses questions. Déterminé, il se refocalisa sur l’ISTA.
Annotations