Chapitre 2 : Un monde caché 

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Dotée de trois tiroirs, la boîte accueille un petit miroir qui en réalité dissimule un compartiment secret contenant l'objet tant convoité. Aurora cherche le moyen d'accéder à la cachette pendant de longues minutes. Elle appuie dessus, repousse légèrement le miroir, mais il ne s'ouvre pas.Désemparée, elle cherche inlassablement s'il n'y aurait pas une languette ou bien autre chose qui pourrait le débloquer. Après avoir tourné le problème dans tous les sens, essayé de comprendrepourquoi il ne veut pas s'ouvrir, Aurora comprend ce qu'il faut chercher ; un petit trou très discret, sur le côté dans lequel on passe une fine aiguille à tricoter pour repousser l'ergot. Elle attrape vite l'attirail de couture de sa mère, se munit d'une tige et l'insère dans l'orifice. Miracle, le miroir s'ouvre et dévoile une clef.

À peine a-t-elle posé ses mains sur la clef, que l'intrépide jeune fille se rue à l'étage pour découvrir ce qu'il se cache derrière la porte. Fébrile, elle insère la clef dans la serrure et tourne un quart de tour à droite jusqu'à ce qu'un cliquetis se fasse entendre. Elle baisse la poignée lentement, pousse la porte de quelques centimètres, juste assez pour voir par la fente. Elle découvre un vaste grenier drapées d'un halo de poussière où des araignées ont tissaient leurs fils de soies. Elle s'avance avec précaution. Le plancher en bois craque sous ses pas. Au cœur de ce vide émerge une forme, il y'a une chose tapie au fond de la pièce. Elle se rapproche vers le mur et discerne un miroir enluminé.

Malgré la saleté et la moisissure, le miroir reste magnifique. L'objet ancien est doté d'un cadre en or montant jusqu'au plafond. L'inscription, « Regarde bien, un monde caché te sera révélé » est gravée sur le dessus de l'antiquité. Aurora n'en croit pas ses yeux. Le reflet de son visage n'apparaît pas, à la place un paysage hivernal se dessine sur la glace devant le regard ébahi de la jeune fille. C'est si beau qu'elle reste clouée sur place, incapable de parler ou de détourner le regard. Le pendentif, suspendu à son cou brille de mille feux, et la tête d'Aurora est tirée vers le bas. Du givre se forme sur le contour du miroir, tandis qu'un souffle de glace enveloppe Aurora. Tout à coup, une voix s'élève dans les airs.

— Viens avec moi, lui dit une voix semblant provenir du miroir, tu vas découvrir un endroit où tu n'es encore jamais allée.

Hésitante, Aurora se demande si elle doit suivre son envie de savoir ce qui se trouve de l'autre côté ou bien écouter la voix de la raison, sortir de cette pièce et ne plus jamais y remettre les pieds. Mais piquée dans sa curiosité, elle tend la main en direction du miroir, le touche et comme par magie, la voilà emportée dans un tourbillon de flocons de neige. Dans sa chute enchanteresse, elle voyage dans les airs et se retrouve rapidement dans un lointain pays dont le paysage semble tiré d'un conte de fées : tout est blanc, comme un duvet soyeux.

La neige virevolte autour d'elle, tandis que la nature reste silencieuse sous l'épais manteau immaculé. En réfléchissant, Aurora scrute les environs, à la recherche d'une quelconque présence.

— Eh oh ! Il y'a quelqu'un ? Appelle-t-elle.

Personne ne répond. Alors elle recommence en criant cette fois-ci :

— Y'a quelqu'un ?

Mais là encore, aucune réponse.

— Ce n'est pas possible, je vais me réveiller ! Se dit-elle à voix haute.

Pourtant, le froid qu'elle ressent est bien réel. Elle est frigorifiée, ses muscles sont contractés et une indicible panique la saisie de ne pas pouvoir s'abriter. Alors, Aurora décide de s'aventurer dans la forêt de sapin qui se dresse devant elle, pensant qu'elle trouvera peut-être une trace de civilisation. Vêtue seulement d'un teeshirt manche longue et d'un pyjama, la pauvrette grelotte et devient toute cyanoser. Elle a si froid, qu'elle essaie de marcher de plus en plus vite, espérant ainsi se réchauffer. Ses chaussons de laine s'enfoncent profondément dans la poudreuse. Les bras croisés sur sa poitrine, elle a l'impression d'avancer comme une limace, car elle progresse péniblement à travers les branchages enneigés.

Tout à coup, malgré sa vison floutée, elle aperçoit au loin un lac gelé. Après quelques dizaines de mètres, elle parvient non sans difficulté vers l'immense étendue d'eau glacée. Aurora examine les environs en se demandant ce qu'elle peut bien faire ici au milieu de nulle part. Depuis son arrivée dans ce monde étrange, elle tente de garder son calme, mais l'inquiétude et l'angoisse commence peu à peu à la ronger de l'intérieur. Soudain, un crissement de pas venant vers elle se fait entendre.

Elle se retourne et distingue un homme vêtu d'un long manteau de fourrure sortir d'entre les arbres. Il apparait dans la clarté du soleil et semble plutôt grand avec une carrure exceptionnelle. Son visage harmonieux est souligné par une barbe parfaitement taillée. Ses cheveux mi-longs noirs comme le jais et ses yeux gris iceland donnent l'impression qu'il s'agit d'un prince. Se tenant immobile devant elle, celui-ci la contemple tendrement avant de finalement l'enrouler dans un épais manteau, tout en lui murmurant à l'oreille :

— Te voilà enfin ! Je t'attends depuis si longtemps...

Aurora reste figée, ne comprend pas. Cet homme mystérieux semble la connaître. Elle lève les yeux vers l'inconnu et veut lui dire merci, mais les mots se perdent dans sa gorge et elle s'entenddemander :

— Qui êtes-vous ?

— Je suis Theobald, fils du grand chef de la Maison de snow. Nous espérions vivement ton retour, mais moi plus que les autres.

— Je suis désolé, dit-elle en regardant tout autour d'elle, mais je ne sais pas ce que je fais ici.

— Tu es la princesse de Damanran, dit-il en déposant un baiser sur son front, je savais qu'un jour ou l'autre tu finirais par retrouver le chemin de notre monde. Ma joie est immense.

— Euh... moi, une princesse ? Je ne crois pas non. C'est une blague, c'est ça ? répond-elle en haussant les sourcils. Navré, grommelle-t-elle, mais je suis certaine que je me suis endormie et tout ceci n'est qu'un rêve ! C'est ça, oui. J'ai dû m'assoupir devant ma tasse de thé.

Il se passe quelques secondes avant qu'Aurora se rende compte qu'il porte un pendentif identique au sien. Theobald, vois dans ses yeux qu'elle l'a remarqué et son visage se fend d'un large sourire tandis qu'il répond d'une petite voix chantante :

— Ne sois pas navrée, ma chère Aurora. C'est normal que tu te poses toutes ces questions. Mais mon cœur se réjouit, puisqu'enfin tu es revenu. Les exilés attendent tous ton retour !

Le beau jeune homme la prend alors par la taille, la serrant contre lui. Quelqu'un qu'elle n'a jamais vu vient de le prendre dans ses bras, ce qui n'a aucun sens. Elle en est toute retournée et se dépêche de se détacher de l'étreinte. Elle se pince immédiatement sa main en espérant être victime de son imagination, malheureusement la douleur est bien réelle.

— Non, mais... Je ne vous permets pas ! s'écrie-t-elle.

— Je comprends ton étonnement, mais tu sauras tout bien assez tôt. Pour l'heure, nous devons vite rentrer. La nuit ne va pas tarder à tomber. Et mieux vaut ne pas trainer dehors lorsque le soleil s'est couché, dit-il en tendant sa main vers elle.

— Désolée, mais je ne vous connais pas. Qu'est-ce qui me dit que vous n'allez pas me dépouiller ou je ne sais quoi d'autre ?

— Rien... Mais à mon humble avis, je pense que tu n'as aucune envie de rester là, toute seule...

La belle regarde le prince effaré, se demandant quelle option lui reste-t-elle ? Très vite, elle admet qu'il à raison, elle ne veut pas rester seule au milieu d'une contrée sauvage. Et c'est ainsi qu'Aurora décide de le suivre et s'aventure entre les arbres, aux côtés de cet homme mystérieux vers une destination qui lui est totalement étrangère...

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