Chapitre 9 Corvée de Yiglings

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Kohga passa la porte de la garderie en soupirant, ce qui parut agacer Suppa. Ils étaient punis. Encore. Si son acolyte ne semblait pas lui en vouloir, Kohga pouvait sentir qu’il n’appréciait vraiment pas qu’il lui partage ses problèmes. Il soupira à son tour.

- Oh, ça va, hein, on n’a pris que deux jours ! Ç’aurait pu être pire…

- Dois-je te rappeler que c’est toi qui as forcé la porte du réservoir et que nous sommes punis tous les deux ? C’est à cause de toi que je suis puni, si tu n’avais pas insisté pour m’emmener…

- Tu serais venu quand même, parce que je sais que tu adores t’occuper des Yiglings, mmmh ?

Suppa émit un grincement que son ami prit pour un oui. Il aimait Kohga, bien sûr, mais il avait une terrible tendance à se mettre dans des situations pas possibles, ainsi que lui et Aimy. De plus, ses manières n’étaient de loin pas celles attendues d’un chef de Clan.

Une petite Yiga quasi sphérique fonça dans leur direction. Belle. Kohga la connaissait depuis qu’il avait six ans, et même quinze ans plus tard, elle n’avait pas changé.

- Que me vaut l’honneur, demanda-t-elle d’un ton ironique mais plein d’un étrange soulagement, de vous avoir dans la garderie aujourd’hui encore ?

- Mmpf… Forcé la porte du réservoir.

- Combien de jours ? demanda Belle.

- Deux. Juste deux.

Belle ne parut pas étonnée

- N’importe qui d’autre aurait pris une bonne semaine, mais vous… J’imagine qu’ils ne vous punissent pas trop fort, comme de toute façon il ne se passe pas un jour sans que vous fassiez exploser les toilettes et récupériez une autre punition.

Suppa la regarda d’un air étonné.

- On, ou plutôt, il, devrais-je dire, n’a jamais fait exploser les toilettes…

- Mais c’est une bonne idée, conclut Kohga, souriant. Je ferai ça ce soir.

Devant l’air désapprobateur de Belle et Suppa, il pouffa de rire.

- Je plaisante !

Kohga et Suppa étaient des habitués de la corvée de garderie, mais le planning était toujours aussi ennuyeux : la matinée consistait à se promener dans la garderie pour s’assurer que tout se passe bien, que personne n’était moqué et que les Yiglings n’avaient pas amené d’objets dangereux.

Kohga dut confisquer un tranche-vent quasi neuf, une épée Sheikah et un sachet de choux péteurs nauséabonds, tandis que Suppa écopa de plusieurs bleus et griffures en séparant deux Yiglings qui se battaient. Maintenant, Kohga comprenait pourquoi la formation d’officier, que Suppa avait terminé quelques mois plus tôt, incluait un chapitre entier sur les Yiglings.

Le repas de midi n’était pas plus intéressant. Si quelques années plus tôt les repas se prenaient encore directement à la garderie, les Yiglings mangeaient maintenant au réfectoire en compagnie des autres Yigas, ce qui posait de gros problèmes. Un Yigling sans surveillance risquait toujours de manger ou boire ce qui ne lui était pas destiné, de se disputer, de se blesser avec les armes ou même les couverts des adultes, de casser quelque chose… la liste était bien trop longue au goût de Kohga, qui devait redoubler d’attention pour ne pas qu’un début de bêtise lui échappe.

L’après-midi était la copie exacte de la matinée, sauf que Suppa ne trouva rien à confisquer et que Kohga se fit violemment écraser par un Yigling qui venait de tomber d’un mur d’escalade, ce qui lui tira quelques jurons que le petit s’empressa évidemment de répéter. Il ne manquait plus que ça !

Heureusement, la journée finit par se terminer et Kohga put quitter la garderie, ce qui fut loin de lui déplaire. Suppa n’en avait pas l’air mécontent non plus.

Assis à la table d’un restaurant miteux, Kohga et Suppa discutaient. Suppa n’arrivait pas à comprendre un seul mot de ce que son ami disait, et la présence de la charmante Liouda à la table voisine ne l’aidait pas à se concentrer.

- Echtu beux foir un cruc chénial ?

Suppa n’avait absolument rien compris. Devant son air perplexe, Kohga avala la moitié de banane frite qu’il avait dans la bouche et répéta plus distinctement.

- Est-ce que tu veux voir un truc génial ?

Sans lui laisser le temps de répondre, Kohga se leva et joignit les mains. À grand renfort de trifouillages de doigts, il activa sa technique la plus secrète, une création de la grand-mère de son père. Dans un grand « pouf » terriblement enfumé et accompagné de parchemins Yiga indésirables, un deuxième Kohga apparut à côté de l’original.

- Alors ? Génial, non ?

Suppa sembla exaspéré

- Deux Kohgas ?! J’ai déjà assez de problèmes avec un seul ! Non merci…

Kohga passa sa main à travers son double, qui se désintégra en partie en fine poussière avant de se reformer. Cela sembla l’agacer.

- Zut !

Re-mains jointes, re-trifouillage de doigts, et le deuxième Kohga disparut, tirant à son ami un soupir de soulagement.

De loin, Aimy observait les deux garçons. Ils formaient un drôle de duo. Suppa, plutôt grand et athlétique, paraissait sortir d’un de ces magazines qu’elle avait dû lire pendant sa formation d’officier. Kohga était rondouillard et bien plus petit. Enfin, en réalité, ils faisaient la même taille, mais Suppa avait cinq ans de moins que Kohga, alors c’était du pareil au même…

Aimy sourit. Elle aimait bien Kohga, il était amusant et bien plus confiant qu’elle, et il connaissait le Clan Yiga comme personne.

"""Ils font un peu "vieux couple", non ? Ne vous inquiétez pas, Kohga est déjà pris, et Suppa... Il faut qu'il se décoince."""

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