Debout sur l’estrade de la grande salle, Kohga prêta serment une dernière fois.

- Je promets d’être un bon chef pour le Clan Yiga, de respecter le code d’honneur, d’être toujours brave, de protéger les miens, de ne pas me croire supérieur autrement que par mon titre. Je promets d’être fidèle au Clan, de toujours faire de mon mieux, et même plus encore, et de servir les miens. Je le jure sur Ganon. Je le jure sur Hylia. Sur la Triforce. Je le jure sur les sept Sages. Je le jure sur Din, sur Nayru, sur Farore. Je le jure sur ma propre vie.

Kohga s’agenouilla devant les deux prêtresses qui se tenaient devant lui. Lentement, la vieille Isilda défit les liens qui retenaient son masque.

Kohga se releva, mais les yeux fermés, car la lumière l’éblouissait. Lentement, il ouvrit les yeux et vit les visages fiers et admiratifs des uns et les moues outrées et méprisantes des autres. Alors qu’il s’apprêtait à effectuer le salut traditionnel Yiga pour clore la cérémonie, quelque chose passa à quelques centimètres de son oreille heureusement raccourcie. Il se baissa et ramassa une flèche à empennage rouge.

- À qui dois-je la rendre ?

Un Yiga dans l’assemblée leva la main. Kohga lança la flèche dans sa direction, mais le manqua, comme il l’avait prévu. Le Yiga qui avait lancé la flèche lui tira la langue avec un bruit on ne peut plus impoli, mais Kohga resta impassible.

- Une semaine de garde.

Le malpoli le toisa comme une poule qui aurait trouvé un tranche-vent d’officier, puis lui tira de nouveau la langue.

- Deux semaines de garde.

- Tu crois vraiment que je vais obéir à un Gerudo dans ton genre ?

Le désagréable personnage éclata d’un rire mauvais et Kohga reconnut Pomi, un Yiga qui se moquait de lui depuis sa plus tendre enfance.

- Trois semaines de garde.

- T’es sourd ou débile ? demanda l’impoli, qui semblait très fier de lui. J’obéirais qu’au vrai Grand Kohga !

- Alors voilà la porte !

Kohga désigna la porte, mais Pomi ne bougea pas.

- Trois semaines de garde, pas de festivals, une semaine de Yiglings.

Kohga avait gardé son sourire, mais son ton était sévère et péremptoire.

Semblant se désintéresser complètement de Pomi, il effectua enfin le salut traditionnel Yiga. L’une des prêtresses lui aspergea le visage de jus de bananes lame et il eut toutes les peines du monde à ne pas se lécher consciencieusement les lèvres. Cela aurait été très mal pris. Enfin, il reçut le masque du Grand Kohga, celui qui avait appartenu à son père avant lui et à sa grand-mère avant son père. Il n’avait que vingt-et-un ans, mais à partir de ce soir, il était le vénéré chef du Clan Yiga.

Il était le Grand Kohga.