Chapitre 18 Projet Z.E.L.D.A

6 minutes de lecture

La grande salle était toujours terriblement pleine, mais pas à ce point. Il fallait croire que l’annonce du jour, quelle qu’elle soit, allait être passionnante. Du moins, cela valait mieux…

Enfin, les lumières se tamisèrent et les projecteurs se braquèrent sur un coin de la salle. Un Yiga rondouillard portant un uniforme richement orné et une collerette blanche et or plus que ridicule apparut avec un « pouf » si gros que cela enfuma la pièce un instant, faisant tousser tous ses occupants. Flottant au-dessus de la pièce, le chef du Clan salua magistralement tous les Yigas.

— Clan Yiga ! Aujourd’hui marque un grand tournant, un événement inoubliable !

Kara soupira lourdement. Comme d’habitude, son père en faisait des caisses…

— Qui parmi vous aura l’immense courage de se porter volontaire pour la mission du jour ?

Une bonne centaine de mains se levèrent.

— Cette mission consistera en l’enlèvement de la princesse Zelda, héritière du trône d’Hyrule.

Toutes les mains se baissèrent d’un coup. Cette mission n’avait rien d’ordinaire et relevait presque du suicide, car la princesse était en permanence entourée de toute une troupe de gardes et de serviteurs, sans compter que personne n’en comprenait l’intérêt. Pourquoi ne pas juste la tuer ? Ça aurait été bien plus facile et moins dangereux.

Le chef du Clan avait ses raisons. Il y a vingt ans de cela, Lana, une sous-fifre comme une autre, était tombée amoureuse d’un jeune homme galant et sérieux, sans savoir qu’il n’était autre que le prince Rhoam Bosphoramus Hyrule, héritier du trône. Lorsqu’elle l’avait su, il était trop tard et ils allaient bientôt se marier. Elle ne lui avait jamais révélé la vérité sur ses origines et il avait toujours cru avoir épousé une Hylienne du village d’Elimith. Contre toute attente, cette nouvelle avait été plutôt bien accueillie, la plupart des Yigas étant ravis d’avoir un représentant parmi la famille royale.

Lana avait en effet réussi à faire sauter la quasi-totalité des projets de la royauté contre le Clan. Kohga avait assisté au mariage, sous le pseudonyme du Comte de Giya, un jeune homme timide et particulièrement maladroit. Malheureusement, la nouvelle reine était morte quelques années plus tard, tuée par un Yiga n’acceptant pas cette union. Tuer un autre Yiga était interdit par le code d’honneur, aussi le traître avait-il été exécuté le soir même. Or de cette union était née Zelda, Princesse d’Hyrule, Joyau du Royaume, Septième Sage, Esprit de la Vierge, Prêtresse Royale d’Hylia, Princesse de la Destinée… La combinaison du Pouvoir du Sceau de la famille royale et des capacités magiques des Yigas pourrait en faire une incroyable alliée, mais aussi une ennemie redoutable.

Le Grand Kohga sembla exaspéré.

— Bon… Alors je vais tirer au sort…

Et c’est comme ça que Kara s’était retrouvée avec sa serpe en main, un lourd sac sur le dos et une forte envie de boucler cette mission minable et dangereuse au plus vite. La lieutenante Liouda donna des directives ainsi que l’heure du pique-nique, et ils se téléportèrent dans les jardins du palais où, comme prévu, une jolie jeune femme blonde aux yeux du même bleu-vert que le lac Hylia discutait avec un jeune homme en armure qui semblait être un chevalier. Kara n’avait jamais vu d’Hyliens ailleurs que dans son livre d’Histoire, et ils ressemblaient à l’image qu’elle s’en était faite. Le teint laiteux, les cheveux blonds, les yeux bleus et un manque d’exercice apparent, le tout souligné par des oreilles anormalement longues et pointues. Kara se demanda si ses oreilles étaient aussi longues avant d’être raccourcies. Le garçon semblait on ne peut plus quelconque, mais il y avait dans le regard de la princesse une lueur scintillante, comme une petite flamme, qu’il lui semblait avoir déjà vue dans les yeux de ses camarades Yigas et qui semblait presque déplacée chez cette innocente princesse au teint diaphane.

Kara se porta volontaire pour frapper la première, et la lieutenante Liouda lui expliqua le plan. Cela semblait simple.

Une servante rondelette s’approcha de la princesse.

— Dame Zelda, vous devriez peut être…

— Que voulez-vous ? demanda la princesse, surprise et agacée par la venue de cette servante inconnue.

— La princesse, mademoiselle. Vous !

Kara joignit les mains pour dissiper l’illusion, ce qui fit disparaître par la même occasion le sourire du jeune chevalier. Pendant que la princesse appelait les gardes en piaillant comme une Yigling, le chevalier se jeta sur elle, son épée en avant.

Dans un gros « pouf », les autres Yigas apparurent, se saisirent de Zelda et de Kara et se re-téléportèrent le plus loin possible. Au cœur de la savane, ils purent enfin souffler.

Leur soulagement fut de courte durée. Les gardes et le jeune homme étaient là aussi et, passé le choc de la téléportation, ils semblaient prêts à en découdre.

— J’en ai peut-être ramené un ou deux par accident… fit une Yiga grande et dégingandée qui répondait au nom d’Izira.

— Moi de même, ajouta l’officier Hélio.

— Pareil, conclut Lisbeth.

Kara acquiesça pour monter que c’était aussi son cas, et la lieutenante Liouda soupira.

— Qui m’a refourgué une bande de bras cassés pareils ?!

Ne semblant pas vouloir de réponse, elle se jeta sur l’un des gardes en hurlant comme une démone, et le combat commença.

Kara lutta du mieux qu’elle pouvait, mais à l’évidence, ils ne faisaient pas le poids. Elle vit ses camarades se téléporter directement au repaire pour échapper à une mort certaine, et assista même au décès d’Hélio, son cœur se serrant à l’idée qu’il ne se relèverait jamais. Kara était seule, seule face au chevalier qui la toisa de ses yeux si bleus qu’elle aurait pu s’y noyer.

Le combat sembla durer des siècles sans que ni l’un ni l’autre ne réussisse à tuer son adversaire. Le chevalier lui infligeait des blessures en espérant la faire reculer, elle essayait de le tuer sans réussir, et cela se répétait à l’infini. Ils étaient tous deux gravement blessés, et Kara voulait juste que cela se finisse.

Elle était si épuisée qu’elle ne trouva même pas la force de crier quand elle sentit l’épée du jeune chevalier lui transpercer le ventre. Tout était fini.

Le jeune chevalier sembla profondément ébranlé, mais repartit en sens inverse avec la princesse Zelda, regardant d’un air dégoûté son épée couverte de sang tandis que Kara pleurait toutes les larmes de son corps. Cela ne pouvait pas se terminer comme ça. Elle voulait revoir le repaire, revoir sa famille, revoir ses amis, même si c’était la dernière fois…

La lieutenante Liouda apparut dans la grande salle avec un « pouf » silencieux et sans fumée. Debout devant elle, le Grand Kohga semblait mort d’inquiétude.

— Kara n’est pas avec vous ? demanda-t-il, mais il connaissait déjà la réponse.

Sans un mot, la lieutenante Liouda les téléporta sur la plaine où la bataille avait eu lieu. Le sol et le sable étaient rougis par le sang, et les corps inanimés de l’officier Hélio, de Kara et des gardes Hyliens gisaient sur le sol.

— Qui… qui a osé ?...

— Une troupe de soldats Hyliens. Et puis il y avait ce jeune homme… Je crois que c’était un chevalier...

Le cœur de Kohga se serra. Sa fille, sa Kara, si belle et si innocente. Non, ce n’était pas possible. Les larmes coulèrent sur ses joues, pas de tristesse, mais de rage. La famille royale lui avait tout pris, à lui et à son Clan. Leur liberté. Leur territoire. Leur honneur. Sa fille.

Se baissant autant qu’il le pouvait, il retira le masque brisé de sa fille pour voir une dernière fois ce visage si innocent et si parfait, ces deux yeux vert rubis pleins de chaleur et ce sourire angélique, et les larmes ruisselèrent sur ses joues. Se relevant brusquement, il joignit les mains et regarda le ciel comme pour que la déesse elle-même soit témoin de sa promesse.

— Je déclare la guerre à la royauté Hylienne, dussé-je y laisser la vie. Je tuerai ce chevalier, et je vengerai Kara !

Liouda avait l’habitude de voir son chef joyeux et insouciant, ou parfois en colère, mais elle ne l’avait jamais vu aussi triste, furieux et désespéré. Elle n’avait jamais vu personne qui soit aussi triste, furieux et désespéré.

""" Alors? Ah ben voilà, maintenant vous me détestez... Bon, tant pis. La nouveauté : maintenant, j'entoure mon commentaire de bas de page avec des guillemets pour le différencier du reste du texte """

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Loumicrobes ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0